Citations sur Avant que tout se brise (22)
Cette fille ô combien raisonnable . Une fille qui savait se protéger . Jamais casse-cou, jamais une acrobatie aérienne sans filet , sans quelqu'un pour la rattraper . Une fille pour qui l'instabilité était le pire ennemi . Qui n'avait jamais connu le divorce, les portes qui claquent ou les points qui frappent . Une fille dont la maison était un sanctuaire paisible , où même le sous-sol était capitonné . Une vie qui devait être protégée des risques qu'elle infligeait à son corps . Elle était l'élément le plus dangereux dans sa vie . Son corps était l'unique danger .
Il avait souri , en lui remplissant un gobelet d'eau , et elle avait senti ...
"De toutes les mères, avait-il ajouté avec un clin d'oeil , vous êtes la plus sympa ."
C'était ça être parent, non ? Comprendre de moins en moins son enfant, peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne soit plus le vôtre mais lui-même. Surtout Devon, qui gardait tant de choses à l'intérieur.
Elle n'avait jamais vraiment réussi à s'y habituer. A le partager avec toutes ces mères ridicules, leurs talons qui cliquetaient et leurs bouches qui caquetaient, leurs confidences intimes sur des chagrins faits maison : mari absent, belles-soeurs abominables.
Tout, dans la vie de Devon, finirait par prendre un aspect mythique au sein de la famille.
"Ça fait bizarre, n'est-ce pas, le jour où vous découvrez que vous n'avez pas la moindre idée de ce qui se passe dans la tête de votre enfant ? Un matin, vous vous réveillez et il y a un inconnu dans votre maison. Il ressemble à votre enfant, mais ce n'est pas votre enfant. C'est autre chose, que vous ne connaissez pas. Et il continue à changer. Il n'arrête pas de changer devant vous."
"Il le faut. Et comme disait mon grand-père : quand on va au cœur des choses, les gens ne changent pas."
Ce n'est pas vrai, pensa Katie. C'est faux. Tout le monde changeait, tout le temps. C'était ça le plus dur.
Une fille dont la maison était un sanctuaire paisible , où même le sous-sol était capitonné . Une vie qui devait être protégée des risques qu'elle infligeait à son corps .
Le vacarme, le bourdonnement, le silence pesant, l’odeur des justaucorps mouillés et de la fosse de réception, la crème hydratante goudronneuse, tout cela était intrinsèquement lié à Devon.
A la fin de cet été-là, elle s'était dit qu'elle l'aimait tellement qu'elle préférerait mourir plutôt que de le perdre. Et elle éprouvait toujours ce sentiment. Car si le sexe peut vous détruire de cent façons, l'amour en possède bien plus encore.