Illusions fatales

Elle aurait pu aimer cet homme, si la vie avait été plus clémente. Mais l'obstacle était trop grand. Elle ne serait plus jamais capable d'aimer un autre homme; parce que l'amour, pour elle, c'était l'honnêteté, et cette histoire, elle ne pourrait plus jamais la raconter à personne.

J’avais tellement eu envie de le voir, de le toucher, de sentir son corps contre le mien. Peut-être que ça pouvait encore marcher. Alors j’ai enlevé le drap et j’ai finalement vu mon mari entièrement nu pour la première fois. Comment pouvait-il être aussi excité ? Moi je voulais l’embrasser, lécher son corps, puis le prendre dans ma bouche et je voulais qu’il me réponde – mais pas comme ça.

S’habiller, comme se déshabiller, ce n’est pas vraiment un péché mortel. Mais c’était si froid et prémédité. Enfin, ça aurait pu être pire – il aurait pu vouloir que je mette du latex noir, ça, ç’aurait été inquiétant.

Elle avait bien eu des rêves. Des rêves d’une vie luxueuse ; d’une vie de mannequin célèbre ; d’une vie remplie de rires et d’amour. Chacun de ses rêves avait été détruit.

 Ils prennent les filles les plus quelconques et les refont de la tête aux pieds. Ils transforment de vilains petits canards en cygnes. On leur refait le nez, le menton, on enlève les poches sous les yeux, liposuccion, implants mammaires, toutes sortes de facettes dentaires, on leur enlève quasiment la peau pour la faire repousser, épilation au laser, implants capillaires si nécessaire, et quand ils ont créé un être humain complètement différent de ce qu’il était au départ, on le confie à la coiffeuse et à la maquilleuse. C’est remarquable, sauf que ces femmes finissent par toutes se ressembler.

On dit que, lorsque quelque chose de mal nous est arrivé, on se sent bien au réveil jusqu’à ce qu’on se rappelle. Pour moi c’est exactement le contraire. Je me suis réveillée avec la douleur, mais ça m’a pris du temps pour me souvenir de ce qui l’avait causée.
Et voilà, deux jours de mariage et j’avais déjà appris que mon mari m’avait épousée parce que je lui rappelais quelqu’un d’autre, que nous ferions chambre à part et que le sexe avec lui – du moins pour le moment – n’avait rien à voir avec ce que j’avais imaginé.

Je t’ai épousée parce que tu ressembles à quelqu’un qui m’était très cher. En fait, la personne la plus merveilleuse que j’ai connue. Elle avait de magnifiques cheveux roux, et, jusqu’à toi, je n’avais jamais rencontré personne qui lui ressemblait. Nous étions tout, l’un pour l’autre, et toi tu lui ressemblais tellement – ta force, ton corps, tes cheveux, en particulier. 

Mon corps le décevait. Je sais que je ne suis pas parfaite, peut-être un peu plus épaisse que ce qui est à la mode, mais je ne suis pas si mal ! Et lui, il avait l’air absolument dégoûté. Je n’y comprenais rien. Ce qu’il a dit ensuite m’a frappée comme une tonne de briques.
« Tu m’as trompé, et je le répète, tu me déçois profondément. »
Il s’est retourné vers la fenêtre comme s’il n’y avait plus rien à dire.
En y repensant, je sais qu’il aurait été naturel que je sois en colère – mais ça ne marche pas comme ça quand quelqu’un que vous aimez vous fait ressentir que vous avez fait une erreur. On se sent désespéré. Du moins c’est comme ça que je me suis sentie.

Avant les gens ne couchaient jamais ensemble avant le mariage. Et j’ai entendu dire que les mariages les plus heureux sont ceux où les deux conjoints s’épousent vierges.

« Nous nous embrassons – passionnément. Nous nous étreignons et nous nous touchons. C’est merveilleux. Nous allons nous marier dans deux mois. J’aimerais continuer ainsi jusqu’à ce jour. Prendre le temps de nous connaître. De nous comprendre. De faire croître l’intensité de notre désir. Imagine la force que cela va donner à notre couple. »