Cette propension à reléguer le passé au rang des priorités secondaires la rendait peu rancunière. Elle n’était pas du genre à ruminer ses griefs durant de longues semaines pour les resservir en cubes sur le plateau glacé de la vengeance. Dans le même ordre d’idées, la nostalgie ne faisait pas partie de son tempérament. (p. 8)
Un amour survit de ses souvenirs, celui d’un regard, d’un sourire et d’un premier baiser.
Qu'ils soient d'enfance, de vacances ou d'adolescence, vagues ou précis, agréables ou pénibles, perdus ou même chéris, Zoé n'a jamais considéré ses souvenirs comme un trésor intime qu'elle peut caresser à sa guise d'un regard tendre chaque fois que le présent lui semble fade ou l'avenir sombre.
Les souvenirs, c’est un peu comme les sucreries : un peu, c’est délicieux mais en quantité, l’indigestion menace.
Je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve qu'elle commence à puer, cette histoire.
De toute façon, quoi qu'on fasse, on reproduira toujours le modèle parental... On est comme des bestioles qui se débattent dans la toile du schéma familial, on croit qu'on sera plus fort, plus intelligent, plus subtil... Et puis finalement on réalise qu'on n'a pas fait mieux.
Première couche, première faveur. Je savoure l’arôme
d’une promesse, la saveur d’un trouble, un arrière-goût de
déjà-vu.
Ne pas savoir est un châtiment de tous les instants.
Quelques instants sans nouvelles d'un enfant, c'est un abîme sans fond qui se disloque, plus rien de stable, une sorte de rodéo en suspension, le fracas de l'univers qui se désarticule. Et chaque seconde qui passe, c'est le calvaire qui se prolonge jusqu'au plus profond des tripes, les viscères anéantis par un tourment à chaque instant plus corrosif, sans relâche, sans merci.
C'est quand on se souvient d'hier que l'on s'inquiète pour demain.