Dans une capitale pas réellement décrite, plusieurs personnages s'agitent. Il y a un inquisiteur qui fait torturer des innocents alors que lui-même a connu 2 ans de torture dans les geôles d'un pays ennemi. Il y a un jeune noble qui s'entraîne pour un tournoi d'escrime censé lui apporter puissance et gloire. Il y a un barbare à la réputation sanglante qui se retrouve perdu dans la civilisation. Il y a une esclave en fuite qui a juré de tuer tous les membres du peuple qui l'a exploitée. Il y a un puissant magicien au pouvoir incommensurable qui sait ce qui va se passer. Il y a un roi sénile sur un trône convoité par ses fils. Il y a des mangeurs de chair humaine.
L'intrigue ? Oh, visiblement, des magiciens puissants utilisent ce monde comme un plateau de Risk. Et la majorité des personnages que l'on suit dans notre lecture vont former, au bout de 624 pages d'introduction, un groupe d'aventuriers avec une mission qui doit plus ou moins sauver le monde. Enfin, je l'imagine, car on en apprend très peu sur le métaplot dans ce volume séminal. On perd un temps fou avec l'entraînement d'escrime et le tournoi, sans que ça apporte grand chose au récit. On se met soudain à suivre les tribulations d'une troupe de barbares dans le nord. On comprend que le royaume est menacé au nord et au sud et que c'est sans doute un coup des magiciens qui s'affrontent depuis des lustres pour savoir qui a la plus grosse.
Honnêtement, la série se serait concentrée sur le personnage de l'inquisiteur torturé, j'aurais été conquis. C'est un personnage intéressant, un ancien héros qui est devenu un arracheur de dents. Mais non, l'auteur alterne les points de vue et passe par les autres personnages, qui ne sont pas aussi intéressants. On se disperse. Et l'intrigue avec les magiciens qui se font la guerre est chiantissime. L'univers serait décrit avec talent, je ne dis pas, mais ce n'est pas franchement une réussite du point de vue de l'écriture. La capitale est vide, le reste du pays n'a aucune âme.
Alors, oui, il y a de l'humour par moment. du cynisme, même. Ça reste léger. Et les motivations des personnages, parlons-en : le barbare suit gentiment le magicien comme un petit chien, sans se poser de questions. Les autres sont présents dans le groupe parce que le magicien sait que ce sont eux. Il ne dit jamais le mot prophétie, mais c'est pareil. Ta gueule, c'est magique.
Avec deux fois moins de pages, j'aurais sans doute été indulgent avec certaines faiblesses de ce premier volume, mais les deux autres bouquins de la série sont aussi épais, aussi je sais à l'avance que je n'aurai pas la patience de passer à travers autant de verbiage pour une histoire qui ne me passionne pas plus que ça.
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