Grâce à la magie maléfique d'internet, et quasiment du jour au lendemain, je suis devenu un support de conversation pour un petit groupe de personnes que je ne connaissais pas, un gars sur qui avoir une opinion, un objet de détestation ou de délectation, bref un type à juger. (p.18)
Trouver les mots. Les mots justes. Ceux qui rassurent, ceux qui confortent, ceux qui sauvent. Je ne sais pas.
Quand t'es mal, t'as pas envie qu'on te dise que tout va aller mieux.
Mais tu n'as pas envie, non plus, qu'on te dise que ta vie est foutue.
Qu'est-ce que tu peux entendre quand tout s'écroule autour de toi ?
Quels sont les mots qu'il te faut pour relever la tête ?
Pour ne pas lâcher ?
Qu'Est-ce qui peut pousser un mec qui se cache derrière un pseudo à t'identifier ? (p.17)
ça dérange quand tu t’exclus de toi-même du groupe, quand tu vis ta vie sans avoir besoin du regard de tes camarades. A croire que la liberté de choix des uns éclaire la lâcheté ordinaire des autres. (p.24-25)
Au collège, la platitude est la règle de survie numéro un. Éviter de se faire remarquer permet d’être peinard. Coller à la conformité ambiante est un code à suivre pour une scolarité sans accrocs. (p.24)
T'es obligé de composer quand t'es à plusieurs, à réagir d'une façon qui n'est pas la tienne. Comme si t'étais sur une scène de théâtre à présenter la meilleure version de toi-même - pas nécessairement la meilleure d'ailleurs, mais celle qui correspond le plus précisément à ce que les autres réclament de toi, celle grâce à laquelle tu évolueras parmi tes condisciples sans déclencher de vagues. (p.24)
Je m'énerve à saisir les attentes de mon interlocuteur sans parvenir à m'investir dans l'émotion. Comme si c'était sale de se dire. Comme si de me révéler, j'allais me perdre. Plus on me cherche, moins je m'affiche. (p.8)