Les aventures de Lucky Luke d'après Morris, tome 1 : La Belle Province

Je ne suis pas une grande fan de Lucky Luke, que je préférais regarder en dessin animé du temps de ma jeunesse. Mais sur l'insistance de mon loulou de 6 ans, j'ai dû m'y mettre, et j'avoue avoir pas mal apprécié cet opus. Les références au Québec (hot-dog, Céline Dion, double-sens du nom du cheval "Province" ) m'ont fait sourire, ainsi que pas mal de répliques. le scénario lui-même n'était pas inattendu, mais le fait de déplacer notre célèbre cow-boy de son Texas natal vers le Québec était une bonne idée, originale et sympathique (même si il s'est avéré assez fatigant de lire avec un pseudo accent québécois les 3/4 du livre... ;) )
N'étant pas spécialiste de cette bande dessinée, je ne saurais dire s'il s'agit là d'un grand crû ou non, mais pour ma part, ce fût (pour rester dans la thématique du vin;) ) une lecture ni enivrante, ni soûlante ! A la vôtre !

Quelle agréable surprise que cet album de Lucky Luke signé Achdé et Gerra ! Il s'inscrit dans la pure tradition de l'oeuvre de Morris. Loin d'être juste « un épisode de plus », son histoire dépaysante et riche en détails comiques le place même parmi les meilleurs albums de la série. « La Belle Province » est le surnom du Québec mais aussi le nom de la jument dont Jolly Jumper est tombé amoureux. C'est à cause d'elle que notre cow-boy (vacher ou bouvier de ce côté-ci de la frontière) se retrouve au Québec, loin du Far West américain. L'Histoire vue par les auteurs de ce petit bout de France en terre anglophone, ses singularités linguistiques et culturelles (la langue de Molière quelque peu modifiée) m'ont beaucoup fait rire. Dans la lignée des Morris/Goscinny, on y trouve de sympathiques caricatures (Céline Dion en chanteuse de cabaret accompagnée de son René au piano, un certain Bernard Henry Levystrauss mélange du philosophe BHL et de Levi Strauss l'inventeur du blue-jeans). Au détour d'une case, on croise également Guy Lux en animateur de rodéo (évidemment), le chanteur Robert Charlebois (couleur locale oblige) ainsi qu'un lointain cousin Québécois de José Bové tout aussi attaché à sa terre. Même Rantanplan a sa part de gloire. En effet, un aubergiste, le voyant enroulé entre deux couvertures comme une saucisse, crée le célèbre hot-dog (chien-chaud) ! Comme de coutume, les auteurs ont aussi intégré au récit un personnage historique en la personne de Louis-Adélard Sénécal, promoteur du chemin de fer au Québec. Cependant, l'histoire du « méchant banquier et sa bande qui veulent faire main basse sur la vallée » est plus classique. Mais il fallait bien une trame pour lier le tout. Je n'ai pas lu d'autres albums post-Morris. Avec celui-ci, la relève est (très bien) assurée.

Une aventure que j'ai trouvé plutôt agréable. le côté canadien de l'intrigue fait qu'on perd un peu le charme du Far West mais le scénario reste cependant amusant avec quelques jeux de mots et références qui m'ont beaucoup plu. Les couleurs sont vives, les dessins bien ficelés. On sent que ce n'est plus Morris qui est derrière mais l'ensemble reste cohérent et efficace, ça s'intègre bien à l'univers de Lucky Luke.