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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
... J'ai refermé Tout s'éffondre de Chinua Achebe proposé à la lecture par Jérome Charvenet... Ce livre, cette histoire qui m'a prise aux tripes, à peine terminé, j'avais besoin de poser mes premiers mots... Aujourd'hui, quelques jours ont passé et je me rend compte que ce livre continue de m'habiter...

Pourtant sans cette proposition, je ne suis pas sûre que j'aurais pris la peine de découvrir cette histoire. La couverture m'intriguait... Mais pas de quoi me faire sauter le pas avec le 4e de couverture! Or je serai passée à côté d'une oeuvre exceptionnelle!!

J'ai appris depuis qu'elle s'inscrivait dans une trilogie dont les deux titres suivant ne sont plus édités en français.... C'est regrettable quand on sait l'apport multi-dimensionnel que l'auteur nous offre!

C'est un livre et fort probablement une trilogie que j'aurais rendue obligatoire si j'étais devenue prof d'Histoire! L'auteur y abordant les débuts du colonialisme, servi par un style épuré avec un descriptif qu'on croirait rendu par un anthropologue... C'est grâce à cette forme que Chinua Achebe a pu écrire un texte de vie qui m'a tant remuée et dont les dernières pages m'ont donné les larmes aux yeux!

Le fond qui donne la paroles à ceux qui ont subi la colonisation ne cesse au fil de l'histoire de s'intensifier...

Sans crudité et sans enjolivement, mais avec beaucoup d'humanité, on va entrer dans la vie d'Okonkwo. Et quel vie! de celles dont sont issues les légendes... de celles qui marquent de leur empreinte ceux qui l'écoutent, ceux qui la lisent! de celles qui laissent un nom!

Okonkwo, fils d'Unoka le paresseux et l'imprévoyant, a réussi malgré son ancêtre à faire sa place dans l'histoire de son village Umuofia, au Nigeria. Lui l'héritier de ce moins que rien, a réussi à se hisser parmi les hauts dignitaires. A la force de sa volonté, lui qui n'avait rien, est devenu un propriétaire de parcelles de terres où l'ignames qui rythme leurs vies dans sa région, est cultivé; un mari de 3 épouses et père de nombreux enfants.

Son destin, il l'a changé à 18ans en remportant un combat de lutte mémorable! Sa position, il l'a ensuite consolidé par des faits guerriers! Jamais Okonkwo n'aurait imaginé que son destin serait si intimement lié à l'avenir de son peuple! Lui qui pensait son avenir assuré par sa seule volonté, va pourtant connaître sa chute...et en miroir celle de tous les siens...

Avec lui se pose la question de savoir si on peut s'affranchir de sa lignée? Si on peut la rejeter sans que la nouvelle génération ne se construise à son tour en opposition? Une opposition ici née en réaction de la psyché intime d'Okonkwo.

Le prix en effet de son ascension réside dans la perte d'une par de lui-même... L'impossibilité d'être faillible! L'impossibilité d'avoir peur... Ce qui entachera sa relation aux siens par les choix qui en découlent... le rendant aveugle à l'approche "sensible" des siens de leur monde en plein changement!

Chinua Achebe ne fait pas que nous parler du colonialisme comme vous pouvez le lire... Il nous parle aussi de l'humain avec une finesse psychologique où sous couvert de routine, la vie bien plus puissante s'exprime et où chacun à sa part de responsabilité dans ce qui se vit! Où chacun, quand il projette son monde intérieur sur le monde et pense que c'est le monde, devient aveugle à ce qui l'entoure...
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Selon la quatrième de couverture, ce roman “rend hommage à l'Afrique précoloniale” car, dit le proverbe africain, “Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur.” “Chinua Achebe est l'un des premiers lions du continent à prendre la plume.”
Si ce livre a pour but de démontrer que les Africains étaient infiniment plus heureux avant l'arrivée des colonialistes, pour moi, j'en suis désolée, ça passe à côté. Que le colonialisme ait été source de malheur, et jusqu'à aujourd'hui je ne conteste pas, mais cette société Ibo ne m'a pas parue être le paradis sur terre.

A travers l'histoire d'un homme qui veut s'élever à tout prix dans son clan et qui est dévoré par la crainte de paraître faible comme il estimait que son père l'était, l'organisation de la société Ibo nous est racontée. C'est clairement une communauté d'hommes, glorifiant le guerrier mais pour cela il est nécessaire que d'autres soient soumis voire méprisés ou pire.
Tout d'abord les femmes. Elles travaillent évidemment mais ne prennent pas part aux décisions sauf l'oracle. Il existe des exclus, vivant à part, méprisés, sorte d'intouchables, à peine mentionnés sauf lorsque les Blancs découvrent leur existence. Il est fait aussi mention d'esclaves. C'est aussi une civilisation basée sur le sacrifice humain. C'est ainsi qu'un jeune garçon donné en compensation (avec une jeune fille qui remplace l'épouse tuée par une autre tribu et évidemment sans qu'on lui demande son avis) est mis à mort. Il a été élevé trois ans au sein de la famille du personnage principal Okonkwo et est apprécié de tous mais soudain parce que l'oracle le décide, il est emmené en forêt et tué y compris par celui qu'il appelait désormais père et qui l'aimait. Ce geste tourmentera beaucoup le fils aîné d'Okonkwo qui était devenu son ami et le poussera plus tard dans les bras des missionnaires. Comme une mère dont les jumeaux ont été abandonnés en forêt comme le veut la tradition ainsi que le sont certains malades.
Ceux qui ont la chance d'être hommes et d'être importants vivent effectivement une vie assez agréable, codifiée certes, en fonction des saisons, avec de nombreux liens sociaux. Les femmes également ont beaucoup de relations entre elles.

La plupart des organisations sociales, peut-être toutes, ont des hiérarchies qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion, la nôtre ne fait pas mieux mais la différence est que ce n'est pas une loi qui décide que telles personnes seront mises à part.

Que voulait prouver cet écrivain, pour moi ce n'est pas très clair. Peut-être simplement que les sociétés africaines étaient complexes, ce qui est évident aujourd'hui mais ne l'était sans doute pas au moment de sa première parution en 1958.

C'est ma première lecture pour une année où j'aimerais renouer avec la littérature africaine que j'avais laissée tomber depuis pas mal de temps. Il serait sans doute intéressant que je reste sur la littérature nigérienne afin de voir l'évolution de son histoire.

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Une fable désenchantée sur la destruction de la culture africaine par les colons et la perte de repères qui s'en est suivie.
À la manière d'un conte, Chinua Achebe nous fait réfléchir sur l'histoire africaine.
Le récit nous embarque au plus profond de la culture Ibo, ethnie du Nigeria, et nous entraîne au rythme des traditions de ce peuple.
Le récit est nostalgique mais malgré tout sans complaisance sur certains aspects de la société africaine.
Je me souviendrai longtemps de ce livre qui pour moi est un grand roman, et je remercie vivement mon libraire de me l'avoir conseillé.
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Dans un village fictif du Nigéria, Nwoye est marqué par la mort tragique de son"frère" Ikemefuna. Un meutre perpétré son père Okonkwo pour préserver la paix avec un clan voisin. Mais déjà, des désaccords se font entendre dans l'entourage de celui-ci qui, est prêt à tout pour entretenir son image de noble et d'homme fort. Ceci en totale contradiction avec son propre père dont il tient à s'en éloigner.
Dès lors, c'est un enchaînement de situations qui conduira Okonkwo jusqu'à sa chute certaine. En effet, le village et son clan devront bientôt composer de gré ou de force avec le colon britannique. Il est arrivé avec son organisation, ses lois et ses croyances. Un des premiers à y trouver justement sa place sera Nwoye, lui aussi en rupture avec père Okonkwo…

Une chronique familiale qui se confond aisément avec la grande histoire coloniale. le choc fut brutal et les autochtones déjà sujets à des doutes internes ne tinrent pas longtemps face au nouvel occupant.
Chinua Achebe nous livre une oeuvre d'une grande complexité et d'une grande générosité. Il nous éclaire sur les parcours de vie des principaux personnages, les structures précoloniales et l'impact des normes britanniques sur le devenir de ce clan.


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Le monde des nigérians à commencé à s'effondrer à l'arrivée des missionnaires blancs. C'est le monde d'avant et ce moment de bascule que Chinua Achebe nous raconte dans son roman.

C'est à travers le parcours de Okwonkwo, jeune homme ambitieux, qui veut à tout prix réussir mieux que son père dont il a honte, que le lecteur vivra la vie au quotidien d'un village ibo. Grâce à une narration simple sans être simpliste, émaillée de proverbes, dictons et autres sentences du cru, l'auteur déroule tous les aspects de la vie des villageois. Les tâches de chaque jour, la culture, la justice, la religion, l'éducation des enfants, les relations matrimoniales,.... tout sera passé en revue décrivant ainsi un tableau particulièrement clair de cette période pré-coloniale.

L'homme blanc, son Dieu, sa culture britannique et sa certitude de supériorité arriveront un peu après la moitié du roman. Chinua Achebe, toujours dans un style rappelant fortement la tradition orale, parvient à mettre le doigt sur toutes ces petites choses qui vont commencer à effriter l'équilibre dans lequel vivent ces villageois, finissant par provoquer l'effondrement d'une civilisation. Jusqu'à une conclusion particulièrement amère.

Cette lecture était vraiment intéressante et poignante. Fluide, ce roman se lit finalement très vite et nous fait passer par tout un tas d'émotions qui se succèdent et s'interchangent de page en page. Une vraie immersion dans la culture nigériane et sa littérature, une petite pépite dans son genre.


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Un petit bijou mené par une écriture poétique et belle, au sens premier du terme.

Si leçon il y avait à tirer d'un tel ouvrage, grand en seraient les conséquences : métaphore d'une société ultra-consommatrice, perte des valeurs sociales, retour aux origines, altruisme, omniprésence des gros pays, vision élitisme et sclérosée du monde, perte des valeurs...

Et pourquoi pas un retour au simple, au beau...

Bref je serait grandiloquent sur un livre qui restera longtemps dans mon palmarès!
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impressionnante immersion. Sonné. Subjugué. Je renvois à l'avis de Nastasia-B qui résume parfaitement l'état dans lequel on est après une telle lecture...
Ceci n'est plus de la littérature. C'est de la vie en fusion. C'est le passé fossile, c'est la pierre gravé. C'est une cathédrale africaine. le notre dame du Nigeria. Voir d'un continent..
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« L'espoir est le pilier du monde ». ... Proverbe zoulou. Mais qu'il soit d'ici où de là-bas la phrase résonne en chacun d'entre nous. Si l'espoir est le pilier du monde alors que se passe t il donc lorsqu'il se retire ? Chinua Achebe, auteur nigérian, nous l'explique : Tout s'effondre. Ou plus exactement le monde s'effondre. Pour les neuf villages ibo, du Nigeria, le monde avait à l'origine son équilibre. Rapport sociaux, familiaux, conjugaux économiques, spiritualité, éducation,filiation, tout était régi par des ordres ancestraux, afin d'établir un équilibre permettant à l'ensemble de la société de vivre, et de survivre et tout cela en accord avec la terre sur laquelle elle venait au monde et avec le ciel sous lequel chacun rejoindrait un jour le monde des anciens.
Un monde complexe et très codifié, un monde hiérarchisé, où l'imaginaire entretenait une parole qui permettait à l'esprit d'échapper à la cruauté du sort qui ne manquait pas de se manifester.
Le monde des neuf villages existait, avec toute l'innocence de ce qu'il vivait, avec le courage qu'il avait su exercer,, avec l'intelligence qu'il avait su développer.
Les lois parfois changeaient, se transformaient, selon la force des saisons, selon les alliances. Les croyances protégeaient, honoraient, consolaient, parfois rejetaient, parfois sacrifiaient. Mais toujours avec raison.
Il fallait parfois savoir tuer un homme pour sauver tout un peuple, ou se résoudre à l'exil pour expier son crime, savoir accueillir sur la terre mère, craindre les esprits pour se protéger de la nuit, prendre soin des semences de celui dont on savait l'absence, porter le silence dans la foret maudite, tenir sa parole comme on tient une lance. Toujours tenter de maintenir l'équilibre et veiller à la stabilité de chaque clé de voûte d'une société soumise à bien des dangers, tout cela afin que chaque groupe puisse trouver une place où vivre, demeurer, nourrir sa mémoire, poursuivre une grande histoire.
Mais un jour un autre monde pénétra dans les neuf villages. Une autre pensée, d'autres lois, qui n'avaient pas leur usage, qui n'avaient pas de raison, qui n'avait aucun sens pour le peuple ibo.
Car si certaines de leur lois pouvaient paraître cruelles, elles n'avaient jamais atteint la barbarie que ce nouveau monde allait déverser sur eux. Comme un jeu de quilles tout ce qui composait l'équilibre de leur société fut renversé.
Le temps des neufs villages prenait fin. Une statuette Ikenga se retrouva abandonnée.
« Masque maison. Masque visage. Pierrot des fleuves. » comme le récitait Jean Negroni dans le film d'Alain Resnais et Chris Marker, .. « Un jour les statues meurent aussi ».
Des fleuves comme des larmes, des villages en armes, mais dans l'esprit ,pour toujours, présent, une flamme .

Astrid Shriqui Garain.
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Livre publié en 1958. Nous assistons à l'arrivée des Blancs et à la colonisation du Nigéria par les Britanniques, ce qui va entraîner le bouleversement des modes vies : culturel, religieux, des rites ancestraux....
Très beau livre, surtout très intéressant.
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Le titre correspond tout a fait au sujet de ce roman. Son auteur n'a que vingt-huit ans quand il est publié en 1958.
L'histoire se déroule au sein d'un clan, au Nigéria, dans les années cinquante. le clan est composé de villages qui appliquent tous les mêmes règles de vie, depuis des millénaires semble-t-il, où les ancêtres et les dieux ont une place importante. le personnage central est un jeune homme très ambitieux, il veut être riche et puissant. Ayant beaucoup souffert de la réputation de son père, il ne veut en rien ressembler à celui-ci.
Nous assistons à son ascension sociale, occasion de découvrir la société et les coutumes du clan. Par exemple, les gens ne discutent pas les décisions prises par les anciens. Il existe une hiérarchie entre les anciens qui repose sur les mérites de chacun. Tout se déroule sans heurts même si à nos yeux, les règles peuvent s'avérer cruelles. Par exemple, les jumeaux sont abandonnés à leur naissance dans la forêt parce qu'ils portent malheur.
Certains sont moins bien lotis que d'autres, mais l'exemple du héros laisse à penser qu'il est possible d'évoluer.
Dans une seconde partie, l'homme et sa nombreuse famille – il a trois femmes – doivent s'exiler. Aucune discussion n'a eu lieu, c'est l'application de la règle. Grâce à l'entraide familiale et amicale, leur exil de sept années est surmonté.
La troisième partie est celle du retour au village, la reconstruction du domaine et … l'arrivée des blancs.
À vous de découvrir comment les évènements se déroulent. le parti pris des colons anglais de savoir ce qu'il faut, ce qui est, ce qui doit être, est glaçant. Cette assurance démesurée du savoir emporte tout sur son passage telle une vague immense et destructrice.
Ce livre est plus qu'un roman magnifiquement écrit, c'est un document anthropologique sur les conséquences du colonialisme en Afrique. C'est édifiant et instructif.
L'effondrement se déroule en quelques mois, cette vague submerge toutes les croyances, les piliers millénaires sur lesquels la société fonctionnait. Glaçant.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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