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EAN : 9781524851828
160 pages
Andrews McMeel Publishing (01/11/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
To celebrate 30 years of Dilbert, this special collection includes new comics, an introduction from the author, and the most popular strips and storylines from the past 10 years.
Thirty years ago, Dilbert burst onto the funny pages with a bleak, sardonic depiction of the modern workplace.

In the time since Dilbert's launch in newspapers in 1989, it has become the most popular strip about office humor in history, a hilarious tonic for bored and ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Cubicles That Make You Envy the Dead (strips du 11/06/2017 au 29/04/18) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, sauf pour conserver sa lucidité au travail. Il regroupe les strips parus du 30 avril 2018 au 24 février 2019. Il s'agit de gags en 3 cases (ceux parus du lundi au samedi), ainsi que des strips en 8 cases (4 rangées de 2 cases) correspondant aux strips du dimanche. Tous les strips sont en couleurs et réalisés par Scott Adams. La partie principale comprend 129 pages, soit 301 gags. le tome s'ouvre avec une introduction d'une page écrite par Scott Adams, évoquant ses dessins techniquement limités (mais ça ne l'a pas empêché de devenir riche), les évolutions des tenues des personnages (Dilbert ne porte plus de cravate), les cubicules et l'omniprésence des téléphones portables. Ce tome se termine avec un best of de 24 pages regroupant 56 des meilleurs strips de Dilbert (semaine & dimanche).

Pointed-haired Boss est à la recherche d'Alice. Dilbert lui indique que tout le monde sait où se trouve Alice (la CIA, Google, Facebook, Apple, et même les hacker russes) et qu'il suffit qu'elle ait téléchargé l'appli de l'entreprise pour la retrouver facilement. Carol vient se plaindre à Catbert que quelqu'un lui a volé son sac à main. Catbert répond qu'il est possible de retrouver qui a fait le coup grâce à caméra vidéo du système de sécurité. Il ajoute que le voleur se trouve dans la troisième stalle des toilettes. Dilbert explique à son chef que les clients ne s'y retrouvent pas dans les titres de commande confus voire contradictoires. le Boss répond qu'il y a un menu d'aide, ce à quoi Dilbert répond qu'il s'appelle Reformatez votre disque dur. Alice demande au boss si quelqu'un a testé la nouvelle interface utilisateur avant de la mettre en service. le boss répond que non, et que les clients signaleront à l'entreprise les défauts, et qu'en plus ils le font gratuitement. Dilbert rencontre une jeune femme à un pot et constate qu'elle avait franchement exagéré dans son profil sur l'appli de rencontres. Elle lui répond que lui a carrément menti. Ils se demandent s'ils peuvent construire quelque chose à partir de ce point commun.

Dilbert rencontre une autre femme à la même soirée et lui demande s'il peut lui poser une question. Elle répond que s'il va lui demander si elle est morte, il n'y aura aucune chance qu'elle se secoue les os avec lui plus tard. Il répond que sa question peut attendre jusqu'à demain. Dogbert vient vendre une police d'assurance à Pointy-haired Boss, pour l'assurer contre les causes de mort humoristiques. Dilbert vient informer son boss que leur base de données clients a été piratée. le boss répond que ce n'est pas grave que l'entreprise va dire qu'elle est désolée et que ça ne se reproduira plus. Dilbert répond que c'est déjà ce qu'ils ont fait les 3 fois précédentes. le boss va trouver une programmatrice pour indiquer que leur base de données clients a été piratée et que ça ne se produira plus. Elle demande quelle partie de la phrase est vraie. Dogbert interroge le responsable de l'entreprise sur la réalité du piratage de la base de données. Suite au piratage, le boss propose une stratégie pour se soustraire à la vindicte des clients. Dilbert répond au chef qu'ils ont déjà essayé le plan qu'il propose et que ça n'a pas marché. le boss lui répond d'arrêter de vivre dans le passé. Dilbert rétorque qu'il faut arrêter de refuser d'apprendre de l'expérience. Les deux se retrouvent surpris d'avoir raison.

47 tomes, 30 ans de publication, un succès jamais démenti : respect. Pourtant cette série a beaucoup de choses contre elle. Pour commencer, Scott Adams ne sait pas dessiner. La majeure partie des strips montre 2 ou 3 personnages en plan taille, devant une table ou un bureau qui masque le bas de leur corps, sans aucun décor derrière. le lecteur hésite entre minimalisme et amateurisme. Au fil de ces 301 gags, outre le sempiternel bureau et la table de réunion, le lecteur peut voir le parallélépipède rectangle du bâtiment de l'entreprise (case reproduite à l'identique dans plusieurs strips), Carol à son bureau avec un écran d'ordinateur, le canapé du salon de Dilbert, un couloir dans l'entreprise, la salle de réunion (dans un strip), et le cubicule de Dilbert. En guise d'accessoires, Adams ne se foule pas trop non plus : quelques stylos, un écran d'ordinateur, des téléphones portables (uniquement sous une forme rectangulaire dénuée de toute caractéristique), des gobelets de café, et une statue le temps d'une unique case. S'il n'a pas lu de strip de Dilbert récemment, le lecteur a la surprise de découvrir que Dilbert ne porte plus sa cravate qui rebique, ni sa chemisette, mais a opté pour un polo, et le boss aussi. D'un point de vue visuel, la narration tient essentiellement à des individus en train de parler, avec des expressions de visage très limitées et une représentation très simplifiée. Ce parti pris graphique a conduit Bill Griffith a déclaré que ce strip est le triomphe de la médiocrité artistique. Mais…

… mais pour peu que le lecteur dispose de quelques expériences professionnelles dans la vie de bureau, il se rend compte qu'il sourit dès les premiers gags. Dilbert a l'art et la manière de retourner un raisonnement en une phrase, de mettre en lumière l'absurdité d'un comportement avec un contre-exemple qui tue, de pointer du doigt une aberration commerciale, un égocentrisme éhonté, un manque de principe, une absence de compétence et de professionnalisme, un appétit vorace pour le profit indépendamment de la capacité à sortir un produit digne de ce nom, une vision à court terme d'esprits myopes et mesquins. le lecteur peut soupçonner que les dessins minimalistes correspondent à une indigence artistique, et dans le même temps il constate que l'économie de texte correspond à un art de la concision extraordinaire. Il suffit de 4 ou 5 phrases par strip pour que Scott Adams aboutisse à un gag pile entre les deux yeux. Il a choisi une police de caractère un peu espacée, avec une taille de police 12 ou 14, ce qui rend les phylactères très faciles à lire, pour une fluidité maximale, avec des phases courtes.

Scott Adams maîtrise l'art du gag avec autant d'efficacité que d'élégance, et le lecteur sourit à chaque, en dévorant strip après strip, tout en se disant qu'il devrait fractionner sa lecture pour mieux les savourer. Au fur et à mesure, il reconnait de nombreux sujets d'actualité, ainsi que des raisons de mécontentements professionnels qui ont fait la une des journaux. En tant que scénariste, Scott Adams sait piocher dans l'actualité : la généralisation des applis de toute sorte, la généralisation des caméras de surveillance et leur omniprésence, le piratage de bases de données clients, l'absence de clause de performance dans un contrat de service, l'absence de qualification de la main d'oeuvre bon marché, le manque de demandeurs d'emplois compétents dans le domaine des nouvelles technologie de l'information et de la communication, les tests de voiture intelligente, les interrogations sur les intelligences artificielles, etc. Il développe également des thématiques spécifiques à la vie de l'entreprise dont l'activité principale se déroule dans des bureaux : les prises de décision des chefs incompréhensibles car déconnectées des réalités techniques, la mise à disposition d'un employé sur le projet d'un autre, le rituel de l'évaluation annuelle, de la mise à jour de sa fiche de poste, les salariés qui guettent les symptômes d'un plan de licenciement, la stratégie qui consiste à pallier les symptômes à moindre coût et à court terme, plutôt que travailler sur le fond du problème, les consignes Gestes & Postures au bureau, travailler en équipe avec des collègues incompétents, demander à ses collaborateurs de travailler dur sans donner l'exemple, noyer les employés et les clients dans un jargon technique incompréhensible, etc.

Dans le même temps, Scott Adams se montre aussi un fin observateur de la nature humaine, dans ce qu'elle a de plus mesquine et égoïste. le lecteur regarde des individus refuser de collaborer par peur que l'autre n'en tire tous les bénéfices, prendre des décisions basées sur des émotions plutôt que sur la réflexion, imposer des comportements à ses collaborateurs sur la base d'un article sur une pratique à la mode, déléguer ce qui ne peut l'être (demander à un collaborateur d'écrire sa propre évaluation annuelle), répondre en fonction de son intérêt personnel indépendamment de tout fait concret, de toute réalité objective, parler à un interlocuteur comme on parle sur Twitter, mentir effrontément, surinterpréter les expressions de visage, les phrases, dire des choses génériques parce qu'on est totalement incompétent sur son propre sujet professionnel, qualifier un mode de communication de Candeur radicale alors qu'il s'agit juste de dire ce qui passe par la tête en toute impolitesse, s'associer avec les gagnants de l'entreprise en méprisant les perdants, etc. La verve comique de l'auteur rend chacune de ces pratiques mesquines drôles, bien qu'en son for intérieur le lecteur se rende compte que ces petites lâchetés du quotidien sont celles de ses collègues et aussi les siennes. Il sourit aux stratagèmes relationnels déployés : se déclarer offensé par n'importe quel propos un peu critique, mentir effrontément en prétendant ne jamais avoir tenu des propos, user de reformulation tendancieuse, rapprocher deux choses sans rapport pour les comparer, etc. Dans le même temps, il sait qu'il y a déjà été confrontés et qu'il en a sûrement déjà utilisés.

Comme d'habitude, le lecteur sort de ce tome le sourire aux lèvres, avec une prise de recul sur plusieurs pratiques professionnelles, et une critique pénétrante de modes managériales, de l'hypocrisie fondamentale des relations en entreprise consubstantielles du capitalisme. Il sourit encore en se disant qu'il lui reste à lire 56 gags de plus en guise de best of des strips parus entre 2010 et 2017. Scott Adams est un magicien : il réalise des dessins minimalistes par dessein ou par manque de capacité artistique, il cisèle des dialogues déconstruisant des logiques fallacieuses et des comportements mesquins, il fait apparaître la petitesse de l'être humain avec un regard affectueux.
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