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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'aime la plume de cette autrice, découverte avec Mal de pierre.
Le livre donne un point de vue que je trouve original sur les migrants: les narratrices anonymes les traitent d'envahisseurs et dans un premier temps ne cherchent qu'à les refluer; eux ne sont pas contents non plus car après tout ce qu'ils ont enduré, ils n'imaginent pas que ce pauvre village moribond soit l'Europe dont ils rêvaient. Un groupe de noirs, hommes, femmes et enfant accompagnés de quelques blancs "humanitaires" débarquent par erreur, semble-t-il, dans un village sarde à l'agonie: plus d'enfants, plus d'école, plus de maire.
Peu à peu, certains s'organisent pour les accueillir et Milena Agus nous fait toute une série de portraits de personnages étonnants qu'ils soient du village ou des migrants ou qu'ils fassent partie des Autres: spectateurs narquois et malveillants.
Une partie des villageois reprend courage et avec les envahisseurs, ils réparent, cultivent...mais après la "saison douce" il faut se séparer: les envahisseurs explosent de joie à l'idée d'être enfin accueillis en Europe, les humanitaires sont mitigés et certains villageois sont nostalgiques.
J'ai beaucoup apprécié ce livre qui me parait loin des clichés et tout en nuance: rien n'est rose mais pas non plus tout-à-fait sombre (j'avais écrit noir, mais ça me gênait)
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Occupés à ranger leurs armoires à l'approche de la nouvelle saison, les habitants d'un petit village sarde non loin de Cagliari, sont surpris par l'arrivée d'une troupe bigarrée. Mais que viennent faire ces migrants et humanitaires dans leur misérable village où la seule maison décente est celle des Dames, Donna Ruth et sa fille Lina ? Bien sûr, ils ont déjà connu des invasions comme celle des aides-soignantes de l'Est qui ont fini par épouser les célibataires. Mais que pourraient bien faire ces Noirs, ces Arabes accompagnés de quelques Blancs dans leur village perdu ?
...
La question douloureuse des migrants est ici traitée de belle manière grâce à la générosité, la couleur de ses personnages.
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Drôle de livre, à la fois fable utopiste, conte moral, roman social. Drôle de livre que j'ai dévoré tant j'ai aimé cette façon d'écrire notre monde avec distance et précision, poésie et réalisme, humanité sans mièvrerie. Et s'il s'agit a priori d'une histoire sur les migrants c'est en fait de tous les oubliés de la terre dont nous parle Milena Agus, ceux qui ne connaissent pas l'abondance, la course aux profits, ceux qui regardent le monde tourner sans pouvoir monter dans le manège
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Une de mes autrices chouchous ! Livre après livre elle construit une oeuvre très intéressante. J'aime son humour et les portraits qu'elle fait, notamment ceux des femmes sardes. Elle a un talent de conteuse.
Un petit village perdu en Sardaigne voit débarquer un groupe de migrants accompagné d'humanitaires. On les installe dans une maison en ruine. On les observe. On les regarde de travers. Très vite il va y avoir deux camps, les villageois qui les côtoient et les aident, et les villageois qui ne veulent pas d'eux. Sorte de huis-clos où tous les deux camps mais aussi les migrants et les humanitaires s'observent et trouvent la situation de l'autre absurde.
Milena Agus ne donne pas de détails sur leur vie d'avant, on sait juste qu'ils veulent aller en Europe et que pour eux la Sardaigne ne ressemble pas à l'Europe.
Un groupe de femmes du village prend « les envahisseurs » en affection. Tous les jours elles viennent les voir, leur apportent des objets et les aident pour rénover la maison, commencer un jardin. Un quotidien, des habitudes se mettent en place. Ce sont elles qui nous raconte l'arrivée des « envahisseurs » et les réactions des uns et des autres. Ils essayent de fêter Noël ensemble alors qu'ils n'ont pas la même religion, culture. Les jeunes ayant désertés le village, les sardes se sentent seuls. Que se passera-t-il le jour où les migrants repartiront ?
Un roman truculent !
Si vous ne connaissez pas ses romans, je vous conseille de commencer par un autre que celui-ci. Lisez d'abord « Mal de pierre ».
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Dans « terres promises », la quête était individuelle, une sorte d'Eldorado que chacun essayait de trouver dans le pré du voisin, dans sa tête, dans ses rêves, dans « une saison douce » c'est une quête d'une autre envergure. Celle qui touche l'Europe.
Les envahisseurs et leurs accompagnateurs. Migrants et humanitaires. Ceux qui au péril de leur vie, bravant la Méditerranée, affrontent la violence, l'humiliation, la faim, la mort qui rôde, les séparations, l'arrachement à une culture pour une autre que l'on nous a espéré supérieure, meilleure…
Arrivés par le train, abandonnés à la gare, ils sont Musulmans, Juifs, blancs, Noirs, Syriens, Mauritaniens, professeurs, marchands, filles esseulées, homos, rigoristes, inflexibles, poètes, jardiniers, Saïd Aman, Abdulrhaman, Robin, Naïma, Asad…
Et salut à toi ô mon frère !
Choc des cultures au départ, bouffée d'oxygène à la fin, dans ce petit village Sarde où tous se connaissent. « Nous n'étions pas la crème, mais quand les migrants débarquèrent, nous les regardâmes avec horreur... humains trempés, froissés et gelés, chaussés de souliers éculés. »

 Dans ce village, les femmes mènent leur barque, préservent leurs hommes trop sanguins, parlent fort, à tort et à travers mais ne résistent pas à un enfant mutique et antipathique, à un ancien dealer repenti à la bouche tordu, à un prince arabe sorti des Milles et une nuit, à sa femme douce et sage, comme si elle les avait déjà vécues ses milles nuits, et leur neveu qu'il fallait sauver d'une société intransigeante et rigoriste.
C'est un nationalisme endormi qui se réveille et qui va peu à peu laisser place à un altruisme contagieux, un tourbillon qui déséquilibre les ménages au demeurant (et au quotidien) peu harmonieux. « Nous avions au moins une bonne raison de vivre : nous rendre utiles à ceux qui avaient eu encore moins de chance que nous. »
Sous la narration de Milena Agus, une joyeuse compagnie hétéroclite s'articule autour de la Ruine, sorte d'arche de Noé, mi- bâtiment, mi- friche abandonnée qui sera le théâtre de rencontres, de chocs de cultures, de réparations et de confidences.
 Je suis depuis longtemps une inconditionnelle de l'écriture de Milena Agus, virtuose de l'ordinaire où se côtoie le sordide, le pathétique, le fantasque et le cocasse. Elle sait préserver l'humain avec tout ce qui le compose, grandeur et médiocrité.
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Excellent livre !
D'abord parce que j'ai tout de suite aimé la narratrice, une vraie paysanne d'un petit hameau de Sardaigne qui nous raconte les réactions de villageois à l'arrivée des "envahisseurs". Sa voix est simple, sincère, sans concession pour personne. Ce qui est fort, c'est que l'auteur réussit à la faire parler d'elle mais sans que jamais elle ne se détache d'un groupe de femmes.

Ensuite, parce que cette manière de traiter le sujet de l'arrivée de migrants dans des trous pommés je ne l'avais encore jamais lu. On est dans le réel, le quotidien. Encore une fois dans le vrai, sans fioriture. Ce n'est pas de la belle humanité, c'est de l'humanité tout court, donc ce n'est pas toujours joli joli.

Et enfin, parce que le thème principal du livre est humaniste. On chemine avec ces villageois(es) et ces migrant(e)s de l'incompréhension vers la compassion, de la guerre vers la paix. le sujet est traité à travers nos peurs, de ce que l'on ne connait pas, des différences de l'autre, et toujours sur le ton simple et sincères de la narratrice. Aucune leçon, mais pleins de questions : de la grande littérature.

Un livre à lire absolument : 166 pages de pur bonheur très utile !
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Des “envahisseurs” vont permettre à un village sarde qui a perdu son âme de la retrouver. Des tranches de vie et des portrait tendres de personnages divers : de villageois, de migrants et des humanitaires qui les accompagnent. J'ai été très émue par ces portraits, l'autrice ne donne pas de leçon de morale mais elle nous laisse percevoir toute l'humanité de ces personnages très attachants, parfois drôles.
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Dans un coin reculé de Sardaigne, un village perdu, à peine un hameau, se meurt doucement au milieu des broussailles, ses maisons mal réparées à l'aide de pansements de ciment et de plaques d'alu, ses enfants l'ayant déserté depuis longtemps pour des horizons moins ingrats. Un jour d'orage, pourtant, une vague humaine, majoritairement noire, le submerge, des migrants, trempés sous l'averse, encadrés par une poignée d' «humanitaires » blancs. Comment ces « envahisseurs » sont-ils arrivés là, que viennent-ils y faire ? Les habitants effarés et hostiles, face à cette intrusion étrangère brutale dans leur morne quotidien, découvrent que la troupe d'exilés, rescapée du voyage maritime à travers la Méditerranée, est assignée à résidence dans une vieille bâtisse désaffectée à l'écart du village, qu'ils appellent eux-mêmes la Ruine à cause de son état de délabrement. Ils y installent, tant bien que mal, « l'ennemi », lui fournissant non sans réticence nourriture et confort minimum. Peu à peu, cependant, un groupe de femmes, poussées davantage par la curiosité que par l'empathie, se rapproche des migrants, ouvrant la voie, en dépit du mépris et de la mauvaise humeur affichés par les «Autres», leurs voisins, leurs maris et leurs belles-mères, à un apprivoisement réciproque… On connait, depuis Mal de pierres (Liana Levi, 2007), tout le talent de conteuse de Milena Agus, et on le retrouve dans ce nouveau récit au plus haut. L'auteure donne une vraie épaisseur à ses protagonistes, qu'il s'agisse du petit Mahmoud, un enfant migrant renfermé et sournois en apparence, en fait traumatisé par la mort de ses proches au cours du voyage, du beau Saïd Amal, intellectuel syrien et habile cuisinier, musulman devenu athée par désespoir, de Tessy, la nigériane au ventre rond, enceinte de l'enfant d'un viol, du Professeur, de l'Ingénieur, de Lorena ou de Tantine, les « humanitaires » aux histoires compliquées, de Lina, la fille riche du village, brusquement libérée du joug maternel par cette rencontre avec les étrangers, d'un chien même, pauvre cabot estropié et borgne devenant Sir Gilles de Norfolk, par la grâce d'un anoblissement en remerciement de son empathie pour les plus fragiles. Au-delà de cette galerie de personnages hauts en couleur, des dialogues imprégnés de gai savoir et d'allègre insolence, de la force et de la fierté qu'affichent, comme dans tous les récits de Milena Agus, ses héroïnes féminines, on s'enchante de la manière dont elle montre comment un événement social - ici l'arrivée des migrants comme, dans Prends garde (Liana Levi, 2015), une jacquerie – peut transformer profondément les destins individuels. Et on se laisse convaincre peu à peu que les vrais sauveteurs ici sont moins les villageois que les migrants, métamorphosant, par ce qu'ils apportent du grand large et de leurs cultures, l'aride climat sarde en « saison douce »… Merci pour ce printemps de mots, Milena !
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Dans Une saison douce, la vie d'un petit village sarde est perturbée par l'arrivée d'un groupe de migrants en transit vers l'Europe continentale. La majorité de la population marque sa désapprobation mais un petit groupe de femmes, dont la narratrice, portées par un goût immodéré pour le commérage saisissent l'occasion de déjouer l'ennui. C'est donc en dehors de toute conscience humanitaire qu'elles apportent leur aide aux réfugiés. Eux-mêmes ne sont pas pétris de bons sentiments : de passage, ils attendent que la porte du paradis occidental s'ouvre à eux, renvoyant aux insulaires l'image de leur pauvreté et leur isolement, en somme l'antichambre de la civilisation moderne.
Chacun pourra reconnaitre dans ce texte le comportement universel face à la peur du changement et la torpeur morose de l'entre-soi. Au fil des chapitres, Milena Agus nous incite à une remise en question sur ce que l'on sait de soi et des autres (celui qu'on déchiffre le moins bien est peut-être non pas l'étranger mais le voisin que l'on côtoie depuis toujours...) et nous invite au courage, celui de vivre l'instant présent et d'aller vers la découverte de l'autre, malgré des lendemains incertains. Vivre, c'est accepter le risque de perdre.
De Milena Agus j'aime les contrastes témoignant d'une subtilité infinie: ses récits plutôt courts sont d'une densité impressionnante, alors même que leur lecture laisse un sentiment de poésie et de grâce. Cela provient certainement de son talent à parler de choses sérieuses avec délicatesse : quand l'ironie affleure, c'est toujours avec beaucoup d'élégance, les personnages ne sont jamais caricaturaux mais ils portent en eux un grain de folie qui les met toujours un peu à l'écart de la société.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Les jeunes ont fui le village, il n'y a plus d'enfants, plus de bébés. Les maisons sont bricolées par la poignée d'habitants qui est restée ici. Même le Maire est parti dans une autre bourgade. Une ancienne et grande bâtisse, « La Ruine » est vide, elle a été offerte en don, mais personne ne s'en préoccupe. La vie est monotone, sans enthousiasme, sans dynamisme, sans vibrato. Même le train ne s'arrête plus, il passe en sifflant, vite, comme s'il ne voulait rien voir… de toute façon, il n'y a rien à voir…
Et puis, un jour, ils sont arrivés. Eux, les envahisseurs, car c'est ainsi qu'ils ont été nommés.
« Nous, on n'en veut pas chez nous. » ont pensé les villageois. Mais ils n'ont pas eu le choix, les migrants et les humanitaires qui les accompagnaient se sont installés à la Ruine. Des noirs, des blancs, des étrangers….c'est l'affolement, la peur. Ils ressemblent à ceux qu'on peut voir à la télévision mais tant que c'est derrière un écran…. Comment s'en débarrasser ?
Un choeur de femmes s'exprime dans ce roman. Ce sont elles qui les premières ont fait un pas vers les autres. Pourtant, elles le disent, elles le soulignent, elles se sont senties envahis. le soupçon et la méfiance sont arrivés et les habitants du village se sont divisés. Que faire, que dire, comment agir face à cette invasion ? Les obliger à s'en aller, les accueillir ? Les réactions sont diverses et variées mais le « nous » tient bon, puis tient tête avant de se réinventer pour ouvrir les yeux, le coeur, les bras, donner et partager en pleine conscience.
Ce « nous » qui se penche sur les autres, accepte de les aider.
« Les voir porter nos affaires nous fit une drôle d'impression, parce qu'elles les rendaient un peu comme nous et nous, un peu comme eux. »
Ce n'est pas sans difficulté, les maris, les belles-mères n'aiment pas que les épouses s'émancipent, choisissent une autre attitude que la leur, d'autres conjointes ne sont pas d'accord avec ce soutien pour ceux qui n'ont rien à faire là. Finalement, pour ces mères qui ne voient plus beaucoup leurs enfants, les migrants « cette bouillabaisse de races et de religions, ressemblait bel et bien à une famille, aussi rafistolée fût-elle. » Ces femmes, qui, au départ, ont eu un sentiment de rejet envers les « Autres », se sont sentis plus vivantes en se rendant utiles pour eux.
Avec son écriture magnifique, fine comme une dentelle (merci à Marianne Faurobert), Milena Agus tisse l'histoire de ces personnes qui, sans point commun, sans envie de se voir ni d'être ensemble, ont su aller plus loin que le premier contact superficiel pour vivre une saison douce, en presque harmonie. Par l'intermédiaire du choeur de femmes, l'auteur exprime comment elles sont sorties de leur vie un peu étriquée pour ouvrir leur horizon, comment l'arrivée de ces migrants a bouleversé leur quotidien, leurs relations entre elles et dans leurs familles, comment elles se sont nourries de petits projets (les jardins partagés par exemple), de la vie tout simplement. Cette histoire émouvante est contée de manière délicate par un écrivain au sommet de son art qui sublime les mots pour nous offrir un texte superbe comme un poème.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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