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Berger Books (12/01/2021)
3.91/5   16 notes
Résumé :
La Zone est un refuge, à l'abri des drones et de toute technologie, où les gens ont adopté un autre mode de vie, plus sauvage et plus libre. Astra est une journaliste qui se bat pour sa passion et son intégrité professionnelle dans un univers où les fake news deviennent la norme. Lorsqu'elle se rend dans la Zone, elle découvre la liaison interdite entre la téméraire et empathique Lola qui s'est éprise de Race, un extraterrestre doué de sensibilité. Alors que les ext... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En prise directe sur l'inconscient collectif
-
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, dont les deux premiers sont initialement parus en 2018, écrits par Ann Nocenti, dessinés, encrés et mis en couleurs par David Aja qui a également réalisé le lettrage. C'est la première fois que les épisodes 3 & 4 sont publiés.

Elle est en train de me quitter. C'était une bonne fille, une bosseuse. On ne peut pas contrôler les filles sauvages et peut-être en attendais-tu trop d'elle. Astra est une journaliste : elle est train de prendre des photographies du mur de séparation entre la zone où elle habite, et la zone B dans laquelle les gens vivent sans technologie de communication. Elle pense au premier commandement du journalisme : il y a toujours deux facettes à chaque histoire. Elle estime qu'une approche plus juste serait de dire une cinquantaine de facettes. Elle voit un monsieur en train de regarder des photographies accrochées au mur : il explique qu'elle ne l'a pas quitté, mais qu'elle est partie pour sortir de ce monde pourri où elle était en train de devenir aveugle à forcer de travailler à regarder des écrans. Une enfant assise sur la bordure de trottoir, avec un masque à gaz sur le visage, indique que son père a fait le mur parce qu'il en avait assez de vivre dans l'ombre des gratte-ciels, dans l'ombre des nantis. Une autre jeune femme indique que son idiot de mari est passé de l'autre côté, comme un abruti parce qu'il n'est pas possible de revenir en arrière.

Astra continue de prendre quelques photographies, puis elle les envoie à son journal Scoop Weekly, et se décide à rentrer car un message diffusé par haut-parleur annonce une neige acide. Dans une chambre d'hôtel à bas prix, un homme avec un masque à gaz intégral regarde une femme nue se lever du lit. Elle a un gros idéogramme tatoué dans le dos et elle rattache son soutien-gorge. Elle se rend aux toilettes en s'appuyant lourdement sur ses deux cannes anglaises. Ils papotent. Lola demande à Race pourquoi il la quitte s'il l'aime : il doit récolter des graines. Il remarque que ses doigts tremblent. Elle s'est rhabillée et installée sur son fauteuil roulant. Elle lui demande s'il veut son numéro de téléphone portable. Il répond qu'il n'a pas de téléphone et qu'ils ne fonctionnent pas là où il va. Elle en déduit qu'il se rend de l'autre côté du mur, et lui souhaite bonne chance avec ça. Astra est arrivé dans les bureaux du journal, et elle se rend dans celui de Gabrielle la rédactrice en cheffe. Cette dernière lui indique que son histoire de famille brisée par le passage de l'autre côté du mur est ennuyeuse. Astra répond que cette histoire Club Death sent l'intox. Pour Gabrielle peu importe : si elle peut annoncer qu'il existe une drogue qui permet de voir sa mort, alors les lecteurs achèteront quoi qu'il en soit. Il suffit parfois de publier une histoire pour que les gens lui apportent de la réalité : une histoire inventée de toute pièce devient un mythe, et le mythe devient réalité. Gabrielle a besoin d'un scoop et vite.

En fonction de sa culture comics, le lecteur peut être attiré par cette histoire soit pour Ann Nocenti, scénariste d'épisodes inoubliables de Daredevil dessinés par John Romita junior et Al Williamson, de la série Kid Eternity avec Sean Phillips, de la série Ruby Falls avec Flavia Biondi, soit pour David Aja, dessinateur de la série Hawkeye de Matt Fraction, ou encore parce que ce récit est supervisé par Karen Berger. Il peut aussi être attiré par les pages après avoir feuilleter le tome, ou simplement par le texte de la quatrième de couverture, pourtant assez cryptique. de fait, la dynamique de la série est rapidement installée : un futur très proche, une ville séparée en deux avec une zone sans technologie informatique, la présence probable (mais pas certaines) d'extraterrestres, une journaliste qui doit rapporter un scoop, une prostituée en fauteuil roulant, un (peut-être) extraterrestre amoureux, sans oublier les abeilles et les graines. Oui, il y a bien une intrigue : l'enquête d'Astra sur les potentiels extraterrestres. Oui, l'intrigue est menée à son terme avec une résolution en bonne et due forme.

La scénariste sait insuffler une personnalité dans chaque protagoniste, par le biais de petites touches, à la fois leurs réactions, à la fois quelques brèves réflexions dans des cartouches. La narration visuelle s'avère effectivement très séduisante. L'artiste a choisi d'utiliser une seule couleur : un vert de gris. Il s'en sert aussi bien pour ajouter des précisions sur les sources de lumières, renforçant ainsi l'ombrage, que pour faire apparaître des éléments non délimités par un trait encré, ou encore pour créer une zone de contraste accentuant l'effet de profondeur. Aja renforce de petites zones colorées en vert par l'équivalent d'une trame de points, renforçant l'impression d'ombre, dans un degré entre le noir complet, et le simple vert. du coup en première impression, les pages dégagent une ambiance un peu chargée, et un peu pesante, vaguement déprimante. du côté avec la technologie, ce n'est pas la joie. Dans la deuxième page, le lecteur découvre un haut mur avec des barbelés au sommet, un véhicule militaire blindé, la silhouette de deux soldats en train de patrouiller avec casque, gilet pare-balle et arme automatique. Il y a des graffitis sur le mur. Les murs de la chambre d'hôtel donnent l'impression d'un revêtement craquelé et moisi par endroit, avec également quelques tags. Il en va de même pour ceux de la salle de bain. La salle de rédaction de Scoop Weekly est plus propre, mais plongée dans une pénombre laissant supposer que certains éléments ont commencé à être gagnés par l'usure. Il en va de même pour le court passage dans la boîte de nuit, et dans la ruelle à l'arrière. le dessinateur a l'art et la manière pour laisser supposer que ce milieu urbain n'est plus de première jeunesse. Cela devient explicite en passant dans la zone B de l'autre côté du mur avec des bâtiments décrépits, des déchets, des gravats.

L'artiste accentue encore cette sensation de malaise, ou plutôt de mal-être latent avec une maîtrise extraordinaire du niveau de détails, et avec la densité des zones de noir. À la simple lecture, les dessins donnent l'impression générale d'une photographie dont les contours auraient été simplifiés en augmentant les contrastes pour obtenir des traits un peu plus épais, et des surfaces intérieures dépourvues d'aspérité. Mais quand il laisse son regard s'attarder sur une case ou une autre, le lecteur prend conscience que l'artiste a su gommer les détails superficiels, donnant l'impression d'une grande précision, tout en allégeant la représentation, puis en passant en mode impressionniste avec la couleur et les trames. Cela conserve tout le naturel des personnages, tout en empêchant de les regarder avec insistance, comme si on les dévisageait longuement. Les pages combinent une apparence très claire, avec une impossibilité de saisir les menus détails, des cases ouvertes sur les paysages, avec une vision très cadrée dans des pages découpées sur une base de 9 cases de la même dimension, en 3 cases pour chacune des 3 bandes. Cette forme renforce la bizarrerie de certaines cases : une femme uniquement vêtue d'un soutien-gorge allant aux toilettes avec des cannes anglaises, un monsieur tout nu assis sur un fauteuil avec un masque à gaz lui couvrant le visage, un fusil dans la main gauche, pointé à la verticale, des agneaux dans un enclos, des porcs dans un autre, un squelette dans une combinaison d'astronaute dans un module s'étant écrasé sur une planète, etc. Sans oublier le motif géométrique récurrent de l'hexagone régulier.

Il est possible que le lecteur finisse par se demander si l'assemblage de tous ces éléments hétéroclites a bien un sens. Finalement quel sens donner à la prolifération des abeilles ? Pourquoi des (peut-être) extraterrestres avec insémination de femmes et trépanation ? Et puis cette zone sans technologie de communication informatique ? Dans le même temps, cela provoque un ressenti déstabilisant, avec un peu de fin du monde (mais ce n'est pas sûr) des comportements bizarres, mais adaptés à l'environnement et à l'état de la société, des rapprochements saugrenus (par le biais du leitmotiv des hexagones), provoquant des résonnances avec le monde contemporain, et des artefacts culturels des quatre décennies passées. Ce n'est pas une écriture de type automatique, mais il y a une composante proche de l'onirisme. le lecteur peut être tenté de relever ces éléments presque superflus : la réflexion sur l'éthique du journalisme et les prophéties auto-réalisatrices, la neige acide qui renvoie à la pluie acide, le mur séparant la ville évoquant celui de Berlin avant 09 novembre 1989,la prolifération des abeilles à une époque où on craint leur disparition, l'éventualité de coloniser d'autres planètes mais réservée aux riches, la peur de la technologie informatique, le passage d'avions dans le ciel pouvant épandre toutes sortes de produits chimiques à l'insu de la population, et bien sûr les théories du complot telle que la présence d'extraterrestres sur Terre. Sous cet angle, cette bande dessinée renvoie le lecteur à un mélange d'informations et de rumeurs sensationnelles composant le bruit de fond de sa vie, ou en tout cas de celle de la scénariste. Une mythologie diffuse, invérifiable, dépassant l'individu, échappant à l'expérience directe, mais avec des effets très concrets au quotidien.

En découvrant cette histoire, le lecteur espère bien qu'il s'agit d'une oeuvre d'auteurs : il n'est pas déçu. Ann Nocenti raconte bien une histoire avec une intrigue, mais avant tout elle évoque une forme de mythologie du quotidien mêlant réalisations technologiques rendues possibles par une science inaccessible au commun des mortels, et rumeurs aussi improbables que séduisantes. David Aja parvient à donner corps à ces ressentis avec des dessins combinant extraordinairement une précision palpable, avec une liberté onirique, dans une mise en page rigide qui offre une grande liberté de mouvements, et une des environnements très ouverts.
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, dont les deux premiers sont initialement parus en 2018, écrits par Ann Nocenti, dessinés, encrés et mis en couleurs par David Aja qui a également réalisé le lettrage. C'est la première fois que les épisodes 3 & 4 sont publiés.

Elle est en train de me quitter. C'était une bonne fille, une bosseuse. On ne peut pas contrôler les filles sauvages et peut-être en attendais-tu trop d'elle. Astra est une journaliste : elle est train de prendre des photographies du mur de séparation entre la zone où elle habite, et la zone B dans laquelle les gens vivent sans technologie de communication. Elle pense au premier commandement du journalisme : il y a toujours deux facettes à chaque histoire. Elle estime qu'une approche plus juste serait de dire une cinquantaine de facettes. Elle voit un monsieur en train de regarder des photographies accrochées au mur : il explique qu'elle ne l'a pas quitté, mais qu'elle est partie pour sortir de ce monde pourri où elle était en train de devenir aveugle à forcer de travailler à regarder des écrans. Une enfant assise sur la bordure de trottoir, avec un masque à gaz sur le visage, indique que son père a fait le mur parce qu'il en avait assez de vivre dans l'ombre des gratte-ciels, dans l'ombre des nantis. Une autre jeune femme indique que son idiot de mari est passé de l'autre côté, comme un abruti parce qu'il n'est pas possible de revenir en arrière.

Astra continue de prendre quelques photographies, puis elle les envoie à son journal Scoop Weekly, et se décide à rentrer car un message diffusé par haut-parleur annonce une neige acide. Dans une chambre d'hôtel à bas prix, un homme avec un masque à gaz intégral regarde une femme nue se lever du lit. Elle a un gros idéogramme tatoué dans le dos et elle rattache son soutien-gorge. Elle se rend aux toilettes en s'appuyant lourdement sur ses deux cannes anglaises. Ils papotent. Lola demande à Race pourquoi il la quitte s'il l'aime : il doit récolter des graines. Il remarque que ses doigts tremblent. Elle s'est rhabillée et installée sur son fauteuil roulant. Elle lui demande s'il veut son numéro de téléphone portable. Il répond qu'il n'a pas de téléphone et qu'ils ne fonctionnent pas là où il va. Elle en déduit qu'il se rend de l'autre côté du mur, et lui souhaite bonne chance avec ça. Astra est arrivé dans les bureaux du journal, et elle se rend dans celui de Gabrielle la rédactrice en cheffe. Cette dernière lui indique que son histoire de famille brisée par le passage de l'autre côté du mur est ennuyeuse. Astra répond que cette histoire Club Death sent l'intox. Pour Gabrielle peu importe : si elle peut annoncer qu'il existe une drogue qui permet de voir sa mort, alors les lecteurs achèteront quoi qu'il en soit. Il suffit parfois de publier une histoire pour que les gens lui apportent de la réalité : une histoire inventée de toute pièce devient un mythe, et le mythe devient réalité. Gabrielle a besoin d'un scoop et vite.

En fonction de sa culture comics, le lecteur peut être attiré par cette histoire soit pour Ann Nocenti, scénariste d'épisodes inoubliables de Daredevil dessinés par John Romita junior et Al Williamson, de la série Kid Eternity avec Sean Phillips, de la série Ruby Falls avec Flavia Biondi, soit pour David Aja, dessinateur de la série Hawkeye de Matt Fraction, ou encore parce que ce récit est supervisé par Karen Berger. Il peut aussi être attiré par les pages après avoir feuilleter le tome, ou simplement par le texte de la quatrième de couverture, pourtant assez cryptique. de fait, la dynamique de la série est rapidement installée : un futur très proche, une ville séparée en deux avec une zone sans technologie informatique, la présence probable (mais pas certaines) d'extraterrestres, une journaliste qui doit rapporter un scoop, une prostituée en fauteuil roulant, un (peut-être) extraterrestre amoureux, sans oublier les abeilles et les graines. Oui, il y a bien une intrigue : l'enquête d'Astra sur les potentiels extraterrestres. Oui, l'intrigue est menée à son terme avec une résolution en bonne et due forme.

La scénariste sait insuffler une personnalité dans chaque protagoniste, par le biais de petites touches, à la fois leurs réactions, à la fois quelques brèves réflexions dans des cartouches. La narration visuelle s'avère effectivement très séduisante. L'artiste a choisi d'utiliser une seule couleur : un vert de gris. Il s'en sert aussi bien pour ajouter des précisions sur les sources de lumières, renforçant ainsi l'ombrage, que pour faire apparaître des éléments non délimités par un trait encré, ou encore pour créer une zone de contraste accentuant l'effet de profondeur. Aja renforce de petites zones colorées en vert par l'équivalent d'une trame de points, renforçant l'impression d'ombre, dans un degré entre le noir complet, et le simple vert. du coup en première impression, les pages dégagent une ambiance un peu chargée, et un peu pesante, vaguement déprimante. du côté avec la technologie, ce n'est pas la joie. Dans la deuxième page, le lecteur découvre un haut mur avec des barbelés au sommet, un véhicule militaire blindé, la silhouette de deux soldats en train de patrouiller avec casque, gilet pare-balle et arme automatique. Il y a des graffitis sur le mur. Les murs de la chambre d'hôtel donnent l'impression d'un revêtement craquelé et moisi par endroit, avec également quelques tags. Il en va de même pour ceux de la salle de bain. La salle de rédaction de Scoop Weekly est plus propre, mais plongée dans une pénombre laissant supposer que certains éléments ont commencé à être gagnés par l'usure. Il en va de même pour le court passage dans la boîte de nuit, et dans la ruelle à l'arrière. le dessinateur a l'art et la manière pour laisser supposer que ce milieu urbain n'est plus de première jeunesse. Cela devient explicite en passant dans la zone B de l'autre côté du mur avec des bâtiments décrépits, des déchets, des gravats.

L'artiste accentue encore cette sensation de malaise, ou plutôt de mal-être latent avec une maîtrise extraordinaire du niveau de détails, et avec la densité des zones de noir. À la simple lecture, les dessins donnent l'impression générale d'une photographie dont les contours auraient été simplifiés en augmentant les contrastes pour obtenir des traits un peu plus épais, et des surfaces intérieures dépourvues d'aspérité. Mais quand il laisse son regard s'attarder sur une case ou une autre, le lecteur prend conscience que l'artiste a su gommer les détails superficiels, donnant l'impression d'une grande précision, tout en allégeant la représentation, puis en passant en mode impressionniste avec la couleur et les trames. Cela conserve tout le naturel des personnages, tout en empêchant de les regarder avec insistance, comme si on les dévisageait longuement. Les pages combinent une apparence très claire, avec une impossibilité de saisir les menus détails, des cases ouvertes sur les paysages, avec une vision très cadrée dans des pages découpées sur une base de 9 cases de la même dimension, en 3 cases pour chacune des 3 bandes. Cette forme renforce la bizarrerie de certaines cases : une femme uniquement vêtue d'un soutien-gorge allant aux toilettes avec des cannes anglaises, un monsieur tout nu assis sur un fauteuil avec un masque à gaz lui couvrant le visage, un fusil dans la main gauche, pointé à la verticale, des agneaux dans un enclos, des porcs dans un autre, un squelette dans une combinaison d'astronaute dans un module s'étant écrasé sur une planète, etc. Sans oublier le motif géométrique récurrent de l'hexagone régulier.

Il est possible que le lecteur finisse par se demander si l'assemblage de tous ces éléments hétéroclites a bien un sens. Finalement quel sens donner à la prolifération des abeilles ? Pourquoi des (peut-être) extraterrestres avec insémination de femmes et trépanation ? Et puis cette zone sans technologie de communication informatique ? Dans le même temps, cela provoque un ressenti déstabilisant, avec un peu de fin du monde (mais ce n'est pas sûr) des comportements bizarres, mais adaptés à l'environnement et à l'état de la société, des rapprochements saugrenus (par le biais du leitmotiv des hexagones), provoquant des résonnances avec le monde contemporain, et des artefacts culturels des quatre décennies passées. Ce n'est pas une écriture de type automatique, mais il y a une composante proche de l'onirisme. le lecteur peut être tenté de relever ces éléments presque superflus : la réflexion sur l'éthique du journalisme et les prophéties auto-réalisatrices, la neige acide qui renvoie à la pluie acide, le mur séparant la ville évoquant celui de Berlin avant 09 novembre 1989,la prolifération des abeilles à une époque où on craint leur disparition, l'éventualité de coloniser d'autres planètes mais réservée aux riches, la peur de la technologie informatique, le passage d'avions dans le ciel pouvant épandre toutes sortes de produits chimiques à l'insu de la population, et bien sûr les théories du complot telle que la présence d'extraterrestres sur Terre. Sous cet angle, cette bande dessinée renvoie le lecteur à un mélange d'informations et de rumeurs sensationnelles composant le bruit de fond de sa vie, ou en tout cas de celle de la scénariste. Une mythologie diffuse, invérifiable, dépassant l'individu, échappant à l'expérience directe, mais avec des effets très concrets au quotidien.

En découvrant cette histoire, le lecteur espère bien qu'il s'agit d'une oeuvre d'auteurs : il n'est pas déçu. Ann Nocenti raconte bien une histoire avec une intrigue, mais avant tout elle évoque une forme de mythologie du quotidien mêlant réalisations technologiques rendues possibles par une science inaccessible au commun des mortels, et rumeurs aussi improbables que séduisantes. David Aja parvient à donner corps à ces ressentis avec des dessins combinant extraordinairement une précision palpable, avec une liberté onirique, dans une mise en page rigide qui offre une grande liberté de mouvements, et une des environnements très ouverts.
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Je ne suis pas un très grand fan de Ann Nocenti. Je n'ai pas trop aimé son Daredevil (alors que c'est mon super héros préféré), je n'ai pas trop aimé ses passages sur les X-Men (alors que c'est mon équipe préférée) et pourtant... Ce récit m'intriguait. Je ne sais pas, sa couverture, son résumé, son dessinateur... Quelque chose me donnait envie de donner sa chance au titre, tout en sachant que je mettrais les pieds dans un récit d'auteur.

Me voila donc lancé dans cette lecture, et un récit d'auteur, c'est en effet ce dans quoi nous sommes. Si le pitch pourrait également être celui d'un récit plus blockbuster, la narration ici s'éloigne énormément de cela.
Et si pendant une bonne moitié du récit j'étais perdu et je me demandais ce que j'étais en train de lire, par la suite on comprend mieux. Est-ce que ça va faire qu'on apprécie mieux le récit ? Ca, ça dépendra de chacun... Je le répète, on est dans quelque chose de spécial et ça ne conviendra clairement pas à tout le monde.
Pour ma part, sans trouvé ça génial, j'ai passé un bon moment de lecture dont je ressors quelques bonnes idées, comme par exemple la critique sur le journalisme et la recherche permanente du scoop, quitte à briser des vies.
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Écrit par deux maîtres des Comics américains ( Daredevil, Spiderman, Hawkeye… ), ce conte dystopique extrapole les conséquences du massacre bien réel de notre planète. le style graphique monochrome est bien réalisé, attrayant. Je n'ai pas attribué la note maximale car quelques détails restent inexpliqués. Un “Semences 2” ou “Éclosion” serait bienvenu.
Quoi qu'il en soit, cette BD mérite d'être lue, prêtée, offerte, notamment à ceux qui se soucient peu du désastre écologique en suspens.
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Semences est graphiquement irréprochable.
L'histoire est passionnante à suivre vu les thèmes très actuelles utilisés par les auteurs pour conté leur histoire. le récit est dense. du coup vu la dernier chapitre proposé j'avais un sentiment de trop peu.
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critiques presse (5)
LesComics
21 juin 2022
Comme à son habitude, le trait de Aja est d’une élégance rare, fait d’un coup de crayon léger, fin et d’une souplesse rare. Il y a ses compositions aussi, faisant toujours référence aux alvéoles des ruches d’abeilles.
Lire la critique sur le site : LesComics
BoDoi
09 juin 2022
L’apparente froideur de ce récit est renforcée par le graphisme en bichromie noir/vert-de-gris de David Aja. Trames, motifs récurrents et visuels fascinants portent le malaise au désespoir crépusculaire. Dérangeant et cryptique, Semences fait partie de ces œuvres qui ne font pas le travail à la place du lecteur et qui continuent de suinter des heures après leur lecture.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
09 juin 2022
Si cet univers crépusculaire possède une belle identité graphique, le propos se perd un peu en route, les nombreux personnages et les dialogues touffus freinant l’intrigue. L’ambition d’Ann Nocenti apparaît élevée et ses citations inter-chapitres incitent à une réflexion profonde. Mais l’ensemble finit par manquer de liant, dominé par une série de tableaux urbains qui dominent le fond de l’histoire.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
08 février 2022
De son côté, David Aja livre des planches très contrastées absolument sublimes. [...] On est complètement subjugué par ce traitement graphique sans pareil ! C'est du très beau travail !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Sceneario
29 mars 2021
Peut-être que le lecteur sera un brin déstabilisé, qu'il préfèrera attendre une hypothétique traduction, en attendant je ne saurais assez vous conseiller de découvrir cet excellent album qui nous permet de retrouver le duo Ann Nocenti et David Aja !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Inondations, incendies, tremblements de terre, la planète est malade. Son front est brulant, elle transpire. La Terre a un virus.
- Et comment s'appelle ce virus, Susan ?
- L'humanité.
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Ils savent que la planète est en train de crever, et ils veulent nous laisser sur la touche, comme des losers. Les enfoirés.
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Quand ils m'ont pris mon téléphone, ils m'ont littéralement amputée d'une main. [...] Je le sens toujours qui m'attire. Comme si j'avais un fil à la patte. Comme si j'étais son chien.
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