Suresh se fait appeler Grafity, parce que c'est sa raison de vivre, il peint sur les murs de Bombay des fresques psychédéliques et colorée, en toute illégalité, et puis il y a Jay, un peu dealer, il travaille pour Mario ça rapporte plus que de laver les voitures, et puis, il y a Chasma, il est poète, il écrit des mots qu'il laisse errer dans la ville, distribuant ses poèmes à des inconnus, lui, il est amoureux de Mary, jusqu'à ce qu'il rencontre Saïra, elle, elle voudrait faire du cinéma… Quatre destin dans une ville vampirique. Grafity, Chasma, Jay et Saïra voudraient juste pouvoir rêver, être libres.
On déambule dans Mumbay dans des pages aux couleurs saturées, pétantes et acides, le foisonnement du graphisme est en harmonie avec celui de la ville grouillante, bouillonnante, mélangeant les styles, allant du Tag au Comics, du réalisme au cartoonesque, ça flashe, ça explose de couleurs.
C'est un récit social, une description d'un univers, celui de cette ville tentaculaire d'Inde, Mumbay (Bombay), la ville moderne avec beaucoup de pauvreté et de violence, fer de lance de la création culturelle indienne d'aujourd'hui, cinéma, rock, et toutes formes de création artistiques nouvelles. La réalité économique est bien moins reluisante, petits boulots, exploitation, corruption… Ce livre raconte l'audace créative dans un milieu jeune, plein de fougue, mais terriblement dur et sans pitié.
Grafity's wall est un livre beau et effrayant, troublant et poétique, une poésie moderne, proche du rap et irrésistiblement tourné vers le XXIe siècle dans une société bourrée de contradictions avec ses archaïsmes, c'est l'Inde d'aujourd'hui, envoûtante et brûlante, sclérosée et innovante, vivante et mortifère, et c'est un récit troublant et poétique.
J'ai adoré…