C'est pour la qualité graphique que je pousse ma note à 3,5 : les ambiances d'ocre, les bâtis séculaires, la lumière crue, la mer nerveuse, les esquifs exotiques dont le bois sent la poudre et a le goût du sel, c'est pour pour la nervosité et la justesse du trait, pour l'aquarelle en à-plats schématiques vigoureux (où le bleu de l'eau et du ciel, les jaunes et les ors de la lumière pourraient d'ailleurs être un peu moins rabattus), c'est pour l'ambiance surchauffée qui sourd des images dynamiques et parfois pleine-page, c'est pour tout ça que je suis entré dans le récit.
Un peu pour la douleur du deuil d'un prof, au début.
Un peu aussi pour l'exil volontaire de ce prof désespéré vers une terre pauvre, un ailleurs.
Mais pas trop pour l'aventure à tout prix, celle qu'on cherche pour fuir la douleur d'être mais qui sonne ici un peu faux, j'ai trouvé.
Pas trop non plus pour des personnages assez sommaires et le revirement peu crédible qui transforme un artiste sensible en guerrier.
Il est vrai que Rimbaud, cet éternel insatisfait, ce surdoué hypersensible s'est transformé en trafiquant d'armes en arpentant ce terroir désolé. Qu'il en est mort, ce qui pourrait rendre crédible l'histoire de Fred le prof et de Tom le mercenaire.
Mais de toute façon ce n'est pas ce Rimbaud-là que j'admire. J'admire le poète mais pas le trafiquant d'armes...
Quant à de Montfreid, ce bourlingueur que je ne connais pas, je ne me prononce pas à son sujet.
Quoi qu'il en soit
Joel Alessandra a pondu un carnet de voyage qui tient la route, qui accroche. Pas de doute là-dessus !