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Empty Zone tome 2 sur 2
EAN : 9781632157195
144 pages
Image Comics (13/09/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Deadly bounty hunters, doomed lovers, and sharp teeth. Corinne and Hank come to Berlin targeting another of Oni's laboratories. They find more than they were bargaining for when they encounter they city's bloody subterranean secret.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Conversations with the dead (épisodes 1 à 5) qu'il est préférable d'avoir lu avant pour comprendre qui est la principale protagoniste et quel est son objectif. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2016, coécris par Darragh Savage & Jason Shawn Alexander, dessinés et encrés par Shawn Alexander, avec une mise en couleurs de Luis NCT (avec l'aide de Mar Silvestre).

Bodie Waterman et Sam Waterman sont mari femme et ils ont décidé de passer des vacances à Berlin, même si Bodie ne parle pas l'allemand. Sa femme souhaite faire la rencontre d'un écrivain dénommé Johan Macht. À Berlin, ils prennent un permis pour circuler dans les zones de classe B, le robot délivrant ces autorisations leur recommande de ne pas circuler dans les zones non patrouillées. Ils vont prendre leur chambre à l'hôtel, et le soir se détendent autour de quelques verres d'alcool. En émergeant péniblement le lendemain matin, Bodie constate que sa femme n'est plus dans le lit, ni dans la chambre.

Quelques jours plus tard, Corinna White et Hank arrivent également pour séjourner à Berlin, sous les noms d'emprunt d'Amanda Brown et Maximilian von Gout. Sur place, ils se rendent dans un bar pour retrouver un contact Woz donné par Johnny 8. Il doit leur fournir un plan. Ils infiltrent ce qu'ils supposent être une base d'Akanimoh Oni, même si ce dernier se trouve actuellement à Iagos au Nigéria. L'infiltration ne se passe pas comme prévue. Ils se retrouvent face à des créatures inattendues. Corinne White continue d'avoir des visions d'ectoplasmes. En essayant de s'échapper, ils croisent le chemin d'un individu encore plus déconcertant : Vik.

Le premier tome de la série avait permis de faire connaissance avec une héroïne (Corinne White) dotée d'un bras cybernétique, d'une vision cynique et désabusée de la vie, et de talents de combattante et de détective. Il avait impressionné le lecteur par une narration visuelle avec une forte personnalité, en particulier du fait de l'utilisation des aplats de noir dans une approche expressionniste. le lecteur commence donc par feuilleter rapidement ce recueil pour vérifier que la composante graphique a conservé toute son audace. Les aplats de noir restent bien présents, mais moins prédominants, moins abrasifs. Il n'y a plus de composition aussi spectaculaire que dans le premier tome. Malgré tout l'oeil du lecteur saisit plusieurs cases hallucinantes : un homme à tête de chèvre (peut-être une oeuvre artistique de chirurgie plastique rendue possible les progrès de la science), une case consacrée à la chute de flocons de neige trop lourds (comme imbibés de pollution atmosphérique) et à demi fondus, un homme nu au corps recouvert d'inscription bénéficiant des caresses attentionnées de 3 femmes nues, une progression dans des canalisations visitables sur un mode comique, un personnage voyant un avion en papier passer sous son nez, un distributeur de boisson avec une tête de cheval, et des boissons sortant de seins, etc.

Par ailleurs la proportion de noir sur chaque page reste élevée, et l'artiste parsème régulièrement ses pages de mouchetures noires renforçant l'ambiance inquiétante et glauque. Tout au long de ce chapitre, Jason Shawn Alexander est amené à représenter des créatures monstrueuses, des êtres humains déformés par des implants technologiques ou par une chirurgie esthétique hors de contrôle. le dessinateur utilise aussi bien une approche de type réaliste (par exemple pour la tête de chèvre) qu'une approche plus conceptuelle (les dentitions impossibles des monstres dans le dernier épisode), ou une invention pure et simple (pour les ectoplasmes des défunts). Dans tous les cas, le lecteur est frappé par le pouvoir de conviction du dessin, par son réalisme, ou au contraire son étrangeté monstrueuse et impossible. L'artiste représente des individus adultes et normaux, côtoyant un bestiaire monstrueux, soit parce que totalement étranger à l'humanité, soit parce que déformé de manière impossible par rapport à la morphologie humaine.

Dans les 4 premiers épisodes, Sam & Bodie Waterman, puis Corinne White & Hank évoluent dans une version de Berlin relevant de l'anticipation. le dessinateur peut donc user de la licence artistique pour établir des éléments graphiques créant une ambiance particulière à cet endroit. Cette ville semble être perpétuellement dans la pénombre, sous un ciel de neige. le lecteur peut y voir un phénomène climatique. Sa sensibilité peut aussi lui faire imaginer les conséquences d'un dérèglement climatique accompagnant des progrès technologiques utilisés à des fins diverses. Les images montrent les prothèses technologiques (un véritable progrès pour les individus qui en bénéficient), mais aussi les velléités d'un transhumanisme à la fois aventureux et puéril. C'est idiot de se faire rajouter une paire de petits bras, mais ça fait sens de vouloir se transformer pour devenir autre chose, un individu nouveau. Visuellement, l'auteur mène aussi le lecteur par le bout du nez, parce qu'il lui fait passer des vessies pour des lanternes. le lecteur ne sait pas trop à quoi il a affaire : est-ce un être humain transformé par le bistouri, ou est-ce un véritable monstre ? La narration visuelle s'écarte un peu de l'esbroufe du premier tome, mais elle n'en devient pas conventionnelle pour autant, et elle fait passer des informations sous une forme habile et discrète.

Dès la couverture, le lecteur constate que le metteur en couleurs est le même que celui du premier tome : Luis NCT. Il utilise une palette restreinte pour chaque séquence, avec une teinte cafardeuse majoritaire, déclinée en un nombre de nuances limité. le lecteur a l'impression que c'est l'artiste lui-même qui a réalisé la mise en couleurs tellement elle est en phase avec les images, pour exhausser l'ambiance inquiétante de chaque scène. Donc toute la narration graphique est au service de l'histoire. Sur la couverture, le lecteur constate également que Jason Shawn Alexander s'est adjoint les services d'un coscénariste pour étoffer son récit. Il constate également qu'il est totalement perdu dans le premier épisode. En effet les auteurs parlent de 2 nouveaux personnages, dans une situation sans aucun rapport avec le tome précédent. Il faut attendre le deuxième épisode pour voir réapparaître Corinne Winter et Hank et être rassuré sur le fait qu'il s'agit bien de la suite.

Il s'agit donc toujours bien d'un récit d'anticipation dans un futur un peu éloigné, et même de science-fiction au vu des progrès significatifs de la chirurgie. Il s'agit toujours d'un futur dystopique sur les bords. Il n'y a pas eu de catastrophe écologique à proprement parler, mais visiblement le climat n'est pas au beau fixe. Il n'y a pas eu de catastrophe sociale, mais les conditions de vie ne se sont pas améliorées avec les progrès de la science. le récit a donc un goût de cyberpunk, avec une touche horrifique. Corinne Winter est un peu moins dure et cynique que dans le premier tome. Elle s'est rapprochée du profil du héros type, courageuse, avec une force physique significative. Elle n'est pas vraiment plus maligne que les autres, juste plus entêtée. Hank tient bien son rôle de donneur de réplique au personnage principal, là encore sans grande personnalité. Vik s'avère plus mutique, mais tout aussi dans l'action et la témérité. Finalement c'est le couple des Waterman qui a encore le plus de personnalité.

L'intérêt du récit s'est donc encore plus déplacé sur l'intrigue. le premier épisode établit le mauvais tour joué par Sam Waterman à son mari, ainsi que la nature des créatures qui rôdent dans Berlin. Corinne Winter continue de percevoir des ectoplasmes, ce qui fournit un ressort dans l'intrigue, mais sans grande conséquence sur la psyché de l'héroïne, et sans réelle dimension spirituelle. Finalement le récit repose sur une enquête, une infiltration et une fuite. Sous l'habillage SF, il s'agit d'un polar avec une dose de surnaturel et des personnages crédibles, à la conduite adulte et décillée.

Ce deuxième tome poursuit dans la veine du premier avec des dessins moins exubérants et moins tape-à-l'oeil, mais qui n'ont rien perdu de leur puissance d'évocation et de leur étrangeté. Ils établissent avec conviction un univers de science-fiction urbain, mâtiné de surnaturel, que les protagonistes doivent explorer à leurs risques et périls. le lecteur plonge dans ces environnements poisseux et dangereux, s'immergeant au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue. Cette dernière est à la fois une étape de la lutte de Corinne Winter & Hank contre les entreprises d'Akanimoh Oni, et à la fois une histoire complète mêlant thriller et enquête. le lecteur est séduit par la dimension graphique de la narration et happé par l'intrigue bien ficelée. Il aurait souhaité que les personnages soient moins stéréotypés et que l'intrigue générale (les ectoplasmes et leur exploitation par Oni) ne soit pas limitée à un simple lien en filigrane, avec le premier tome.
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