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Attention il faut être prêt pour lire ce livre. je crois n'avoir jamais rien lu de plus violent. Cette violence est celle des faits, racontés sans filtre par ceux qui les ont vécus.Difficile de continuer à envisager sereinement l'avenir nucléaire après ça.
Le premier texte, témoignage de la jeune compagne d'un liquidateur qui a vu agoniser son compagnon dans d'atroces souffrances, est à la limite du soutenable. L'image des militaires envoyés dans une nature intacte Post Tchenrnobyl belle et luxuriante, chargés d'abattre les chats et chiens qui restaient sur place est aussi hallucinante.
Un livre à faire lire urgemment à ceux qui seraient tentés de croire (encore) que ça n'arrive qu'aux autres (surtout aux pays jugés "non fiables" comme les pays émergents). La piqûre de rappel japonaise rend urgente cette re-lecture.
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Relecture, 17 ans plus tard. Et de nouveau, une claque, une vague d'émotions qui me submerge : compassion, colère, pitié, honte. Tant de vies brisées, à cause d'un accident, dont on comprend à travers ces nombreux témoignages, qu'il aurait pu, qu'il aurait dû, être évité. La corruption des politiques, leur lâcheté, inconscience, que ce soit avant l'accident de Tchernobyl, mais aussi, ce qui me semble encore plus impardonnable, après l'accident, quand la population directement impactée est non seulement désinformée, mais sacrifiée sans plus de remords.
Tous ces gens, à la vie détruite, déplacés comme de simples objets (pour les plus chanceux, car nombreux ont été les villageois abandonnés dans leurs villages contaminés, avec l'assurance qu'ils ne risquaient rien!), ayant perdu des proches, dont les enfants sont condamnés à la maladie, voire la mort, dès leur conception, tous ces gens... tellement fatalistes devant les événements. Peu, finalement, expriment la colère qui n'est pourtant que légitime face à une situation qui n'est pas le fruit d'un simple hasard, volonté divine ou naturelle, mais le fait d'êtres humains, à divers échelons, dont l'incompétence et/ou l'amoralité financière, le goût du pouvoir ont écrasé tout sens des responsabilités tant sociales qu'écologiques.
Merci à Mme Svetlana Alexievitch pour ce courageux travail de témoignages, d'avoir su donner une voix à tous ces "petits" anonymes oubliés par L Histoire.
A lire !
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Après une lecture, certes en diagonale mais tout de même fortement décevante, de "A crier dans les ruines", je suis tombée sur "La supplication". Et le fossé est tel que c'est impossible à comparer. La conclusion serait peut être qu'un tel évènement n'a pas besoin d'être mièvreusement romancé pour frapper l'esprit. Les témoignages bruts de ceux qui l'ont vécu suffisent et sont infiniment plus puissants. Ce dont atteste le récit d'ouverture du livre, sans doute le plus poignant, et dont l'on ressort absolument renversé.
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Ce roman est un coup de poing dans le coeur, un livre qui ne peut laisser personne indifférent.
L'auteur, à travers ses différents témoignages, nous montre qu'en plus d'être une catastrophe écologique, les conséquences humaines et sociales sont dramatiques.
Peu de gens étaient conscients de l'ampleur de la catastrophe à cause du manque d'information mais surtout à cause de l'opacité du gouvernement à ce sujet. Cette situation a détruit tellement de vies.
Les paysans qui ont été chassés de leur terre ne comprenaient pas le danger de ces radiations. Évacués d'urgence, ils ont perdu du jour au lendemain leurs biens. Plusieurs sont retournés vivre là-bas.
Les soldats et autres personnes envoyés sur le terrain pour les travaux de la centrale nucléaire y sont allés par bravoure, par héroïsme ou par ignorance mais tous sans équipement de protection adéquat. le prix qu'ils ont tous payé est terrible car c'est leur vie qui a permis de minimiser les dégâts occasionnés.
Les victimes sont des simples gens comme vous et moi: des familles qui vivaient à côté de la centrale, des soldats, des étudiants réquisitionnés, des exilés des anciens pays de l'URSS, les générations suivantes qui ont des enfants malades ou difformes etc. Il y a beaucoup de douleur dans ces récits, de la souffrance, de l'incompréhension, de la colère mais aussi de l'amour, de l'humanité et du courage.
Le style d'écriture semble parfois flou car l'auteur recueille ici des témoignages bruts avec son lot d'hésitations, de propos décousus et d'interruptions. Mais elle nous restitue avec brio chacun de ces récits de vie sans une fois s'immiscer. C'est beau à lire, cette chorale de plusieurs fois, ces cris déchirants….
Ce livre est un témoignage bouleversant sur les gens qui ont subi cette catastrophe. C'est une lecture exigeante, qui nécessite un coeur bien accroché mais il me semble indispensable. A lire de toute urgence!
Par ailleurs, y a-t-il un livre semblable sur Fukushima ?
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Je dois me rendre à l'évidence, j'ai visiblement un petit penchant pour les oeuvres écrites par des journalistes. J'ai lu La supplication il y a plus de six mois. Et ça me travaille toujours autant.

Tchernobyl, un sujet qui pourrait paraître épuisé. Et pourtant, à la lecture de cet essai (toujours interdit en Biélorussie), on s'aperçoit qu'on connaît peu de chose à ce sujet. Toujours les mêmes questions évoquées rapidement sur les bancs de l'école : comment cette explosion a-t-elle pu avoir lieu ? Combien y a-t-il eu de victimes ?

Svetlana Alexievitch nous livre ici une vision encore plus poignante de ce drame en offrant la parole aux «anonymes».

La supplication est un pêle-mêle de témoignages : scientifiques, membres du gouvernement, médecins, rescapés, employés de la centrale, pompiers dépêchés sur place, ouvriers chargés d'effectuer les réparations, etc.

Autant de voix que de destins avortés.

Une lecture instructive sur le régime soviétique et la désinformation, une immersion effrayante qui mérite bien son Prix Nobel de littérature.
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Comme à son habitude, Svetlana Alexievitch fait parler les sans grade, ceux à qui on ne demande jamais leur avis. Ce qui marque le plus c'est l'omniprésence de la guerre dans leur propos. Tous parlent de guerre, comme si la lutte contre les radiations était un nouveau conflit après la seconde guerre mondiale. C'est quelque chose qu'on retrouve dans tous ses livres d'ailleurs, comme si la victoire contre l'Allemagne était le point fondateur le l'URSS. En fait la victoire de 1945 est le seul moment de gloire d'un régime qui n'a connu que des désillusions depuis sa fondation (à part Youri Gagarine).
"Mais nous avons toujours vécu dans l'horreur et nous savons vivre dans l'horreur. C'est notre milieu naturel. Pour cela, notre peuple est sans égal... "

De plus la victoire de 1945 a eu un coût humain absolument monstrueux car les soviétiques ont tout sacrifié pour ça, et on retrouve ce sens du sacrifice lors de l'accident de Tchernobyl.
"J'appartiens à la génération de l'après-guerre et nous avons grandi dans la foi. Mais d'où venait-elle ? du fait que nous étions sortis vainqueurs d'une guerre horrible".
"Nous avions foi en la victoire ! Nous allions vaincre Tchernobyl !"
Donc les liquidateurs sont montés sur le toit du réacteur quasiment sans protection tout en sachant qu'ils risquaient leur vie en le faisant.

Dans ce drame on retrouve toutes les tares du système soviétique : l'incompétence des dirigeants et leur mépris de la vie humaine, l'absence d'initiative des cadres locaux (à cause de la peur qui les paralyse), l'obsolescence du matériel, la corruption (tout est négociable si on a suffisamment de vodka), le goût du secret qui interdit de reconnaitre la catastrophe et ses conséquences, et le mensonge. On affiche à la télévision des appareils qui affichent une radioactivité acceptable, mais les mesures sont prises loin de la centrale ou alors les appareils ne fonctionnent pas. Les scientifiques doivent se taire devant les politiques.
Un journaliste anglais dira “Vous comprenez pourquoi personne ne vous croit ? Parce que vous vous mentez à vous-mêmes.”

Au final on a une situation ubuesque : d'un côté des habitants alertés qui veulent rester chez eux, de l'autre ceux qui ont peur mais que le discours officiel rassure, donc ils finissent par rester. Il y a des volontaires pour éteindre la centrale au péril de leur vie, pour la patrie, d'autres qui s'y rendent pour le salaire très élevé, et enfin des soldats réquisitionnés à qui on ne demande pas leur avis. Aucun n'est équipé pour la tâche qu'il a à accomplir.
L'économie planifiée continue d'exiger des pommes de terre et de la viande à la région contaminée, et on a même des réfugiés qui viennent à Tchernobyl parce qu'il n'y a plus personne et pas besoin de papiers en règle pour s'installer !

Ce livre est rempli de phrases très fortes, et on aurait envie d'en extraire des dizaines de citations. Tchernobyl est plus qu'un accident nucléaire car comme le dit l'auteure, "Ce n'est pas le réacteur qui a explosé, mais tout l'ancien système de valeurs"
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Tchernobyl, environ 10 ans après la catastrophe
On entend enfin la voix des populations qui ont subi cette catastrophe nucléaire.
Un recueil composé de fragments de discussions, de témoignages de ces populations. Des personnes ayant vécu Tchernobyl, des femmes, des soldats, des scientifiques… Un large panel de personnes de différents horizons, ce qui nous permet de découvrir la catastrophe de Tchernobyl sous différents points de vue et surtout d'un point de vue humain.
Un essai sur les suites, les conséquences de Tchernobyl, sur les sentiments humains, sur le comment vivre après cela…
Une lecture intéressante mais pas facile à lire, dans le sens où l'on apprend ce que les populations, les soldats ont vécu. J'ai apprécié le fait qu'il y est dans ce livre le témoignage de beaucoup de personnes différentes, de culture, de niveau d'études différentes. Cela permet d'avoir différents ressentis, des inquiétudes variées… et donc de pouvoir les comparer, les confronter.
Un très bel hommage que l'auteure fait pour ces personnes, elle a permis de libérer la parole sur la véritable catastrophe que Tchernobyl a été pour les gens.
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Avant tout un ouvrage à portée historique. Ou, comment le gouvernement et le KGB ont étouffé et minimisé la catastrophe de Tchernobyl, méprisé le peuple biélorusse et les professionnels dépêchés sur place pour « colmater la brèche ».
Svetlana Alexievitch recueille le témoignage des survivants de cette catastrophe : liquidateurs, enseignants, soldats, enfants, journalistes, mères, membres du Parti communiste, habitants, photographes, ingénieurs nucléaires, ... .
Un éclairage bien documenté qui met en lumière la gestion désastreuse de cet événement.
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J'ai découvert l'oeuvre de Svetlana Aleksievitch par la lecture de son ouvrage sur Tchernobyl, il y a déjà un certain temps. Ouvrage bouleversant, livre choc, qui déverse en vous, par la vérité des témoignages recueillis, une onde de terreur et de tristesse.
A l'occasion de confinement j'ai vu la mini-série sur HBO, très bien réalisée, tout à fait complémentaire au livre.
Oeuvres de mémoire, pour ne pas oublier.
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La première fois que j'ai entendu parler de Tchernobyl, j'étais enfant, et je me rappelle que j'étais terrifiée à l'idée que la même chose puisse potentiellement arriver en France (je savais qu'il y avait des centrales nucléaires en France, et à l'époque, c'était suffisant pour me faire peur).

J'ai toujours été curieuse à propos de Tchernobyl, comme la plupart des gens je suppose. Cela semble impossible d'être indifférent à ce qui est, du moins à mes yeux, l'une des plus grandes catastrophes ayant jamais eu lieu.

C'est pourquoi, lorsque la mini série Chernobyl est sortie, je n'ai pas attendu très longtemps avant de la regarder. Je l'ai trouvé passionnante, et elle m'a donné envie d'en apprendre encore davantage, c'est pourquoi j'ai cherché s'il existait des livres sur le sujet, et c'est ainsi que j'ai découvert La Supplication de Svetlana Alexievitch.

Si la série retranscrit les conséquences plus ou moins directes de la catastrophe, et se concentre davantage sur les aspects "techniques", elle s'inspire tout de même de certains témoignages de ce livre.

Ce dernier recueille quant à lui des témoignages de diverses personnes en 1996, dix ans après les événements.

C'est une lecture passionnante, mais difficile. Elle vous retournera l'estomac, vous serrera le coeur, vous donnera parfois envie de pleurer, vous révoltera, et ne vous laissera clairement pas indifférent.

Svetlana Alexievitch livre un travail absolument remarquable, une vision d'ensemble des terribles conséquences qu'a eu cette catastrophe sans précédent, et qu'elle continue à avoir, des années après s'être produite.

On découvre toutes sortes de témoignages, de personnes ayant été en première ligne pour tenter de maîtriser l'incendie, d'habitants des villages ayant été évacués en catastrophe, de gens ayant fait le choix de venir vivre à Tchernobyl malgré le danger, de médecin, de liquidateurs, de femmes de liquidateurs, de journalistes, d'enfants... Un panel de personnes riche et varié qui permet d'avoir un grand nombre de points de vues différents, et une vision "d'ensemble" de la catastrophe.

On découvre cette histoire d'une toute autre manière, à travers les souvenirs des gens l'ayant vécu, de près ou de loin, et de l'impact que cela a eu sur leur vies, sur leur santé...

On découvre également à quel point il était difficile pour les gens de réussir à croire que le danger était réel. En effet, les oiseaux chantaient dans les arbres, les légumes poussaient mieux que jamais, étaient d'apparence normale et ne donnaient pas mal au ventre, alors pourquoi avoir peur ? Où était la radiation ? Comment/ pourquoi avoir peur d'une chose qu'on ne voit pas, ne sent pas, qu'on ne peut pas toucher, et dont les conséquences sur la santé ne surviennent que des années plus tard ? Même quand des scientifiques ou des gens bien informés le leur expliquait, ils refusaient d'y croire, préférant faire confiance au gouvernement qui leur assurait qu'ils ne courraient aucun danger à rester sur place ou consommer les légumes de leur potager.

Ce qui m'a le plus frappée, outre les conséquences terribles qu'à eu l'accident, c'est l'incompréhension des gens, leur incapacité à comprendre cet événement sans précédent qui a pour beaucoup transformé leur vie irrémédiablement, qu'ils soient paysans ou intellectuels. Même des années après, lorsqu'il témoignent pour Svetlana Alexievitch, beaucoup disent ne toujours pas comprendre ce qu'il s'est passé.

Au delà d'un livre sur Tchernobyl, c'est également une plongée dans la culture Soviétique, sur le fonctionnement de leur société, l'importance du communisme, leur vision de l'Homme... Moi qui n'y connaissait pas grand chose, j'ai beaucoup appris grâce à cette lecture.

Et au delà d'un livre sur les conséquences de la catastrophe, c'est un livre sur l'amour inconditionnel, le sens du devoir, de l'abnégation, sur l'amour de sa patrie et de sa terre, et bien d'autres choses encore !

En résumé, c'est une lecture vraiment intéressante et enrichissante, que je vous conseille si souhaitez en apprendre davantage concernant Tchernobyl.
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