La première fois que j'ai entendu parler de Tchernobyl, j'étais enfant, et je me rappelle que j'étais terrifiée à l'idée que la même chose puisse potentiellement arriver en France (je savais qu'il y avait des centrales nucléaires en France, et à l'époque, c'était suffisant pour me faire peur).
J'ai toujours été curieuse à propos de Tchernobyl, comme la plupart des gens je suppose. Cela semble impossible d'être indifférent à ce qui est, du moins à mes yeux, l'une des plus grandes catastrophes ayant jamais eu lieu.
C'est pourquoi, lorsque la mini série Chernobyl est sortie, je n'ai pas attendu très longtemps avant de la regarder. Je l'ai trouvé passionnante, et elle m'a donné envie d'en apprendre encore davantage, c'est pourquoi j'ai cherché s'il existait des livres sur le sujet, et c'est ainsi que j'ai découvert La Supplication de
Svetlana Alexievitch.
Si la série retranscrit les conséquences plus ou moins directes de la catastrophe, et se concentre davantage sur les aspects "techniques", elle s'inspire tout de même de certains témoignages de ce livre.
Ce dernier recueille quant à lui des témoignages de diverses personnes en 1996, dix ans après les événements.
C'est une lecture passionnante, mais difficile. Elle vous retournera l'estomac, vous serrera le coeur, vous donnera parfois envie de pleurer, vous révoltera, et ne vous laissera clairement pas indifférent.
Svetlana Alexievitch livre un travail absolument remarquable, une vision d'ensemble des terribles conséquences qu'a eu cette catastrophe sans précédent, et qu'elle continue à avoir, des années après s'être produite.
On découvre toutes sortes de témoignages, de personnes ayant été en première ligne pour tenter de maîtriser l'incendie, d'habitants des villages ayant été évacués en catastrophe, de gens ayant fait le choix de venir vivre à Tchernobyl malgré le danger, de médecin, de liquidateurs, de femmes de liquidateurs, de journalistes, d'enfants... Un panel de personnes riche et varié qui permet d'avoir un grand nombre de points de vues différents, et une vision "d'ensemble" de la catastrophe.
On découvre cette histoire d'une toute autre manière, à travers les souvenirs des gens l'ayant vécu, de près ou de loin, et de l'impact que cela a eu sur leur vies, sur leur santé...
On découvre également à quel point il était difficile pour les gens de réussir à croire que le danger était réel. En effet, les oiseaux chantaient dans les arbres, les légumes poussaient mieux que jamais, étaient d'apparence normale et ne donnaient pas mal au ventre, alors pourquoi avoir peur ? Où était la radiation ? Comment/ pourquoi avoir peur d'une chose qu'on ne voit pas, ne sent pas, qu'on ne peut pas toucher, et dont les conséquences sur la santé ne surviennent que des années plus tard ? Même quand des scientifiques ou des gens bien informés le leur expliquait, ils refusaient d'y croire, préférant faire confiance au gouvernement qui leur assurait qu'ils ne courraient aucun danger à rester sur place ou consommer les légumes de leur potager.
Ce qui m'a le plus frappée, outre les conséquences terribles qu'à eu l'accident, c'est l'incompréhension des gens, leur incapacité à comprendre cet événement sans précédent qui a pour beaucoup transformé leur vie irrémédiablement, qu'ils soient paysans ou intellectuels. Même des années après, lorsqu'il témoignent pour
Svetlana Alexievitch, beaucoup disent ne toujours pas comprendre ce qu'il s'est passé.
Au delà d'un livre sur Tchernobyl, c'est également une plongée dans la culture Soviétique, sur le fonctionnement de leur société, l'importance du communisme, leur vision de l'Homme... Moi qui n'y connaissait pas grand chose, j'ai beaucoup appris grâce à cette lecture.
Et au delà d'un livre sur les conséquences de la catastrophe, c'est un livre sur l'amour inconditionnel, le sens du devoir, de l'abnégation, sur l'amour de sa patrie et de sa terre, et bien d'autres choses encore !
En résumé, c'est une lecture vraiment intéressante et enrichissante, que je vous conseille si souhaitez en apprendre davantage concernant Tchernobyl.