Celui qui s’invente un pays...
Celui qui s’invente un pays
en oublie les frontières.
Il marche au-devant de lui
sachant qu’il ne s’atteindra pas.
Celui qui s’invente un pays
se souvient d’un nom, d’un visage
abandonné à l’horizon.
C’est vers cela qu’il va,
qu’il épuise ses pas et son souffle :
depuis longtemps il a perdu
ses propres traces.
Il reste dans les mots…
Il reste dans les mots
des instants foudroyés,
des blessures ouvertes,
un visage en déroute
avec pour horizon
une vie qui claudique,
des bruits et des rumeurs.
Les mots comme une source
ignorante du fleuve,
les mots qui se déploient
refusant la douleur
ou bafouant la mort.
Les mots jamais de trop
et qui brûlent sans cesse
au plus vif de la nuit.
Et nous, debout,
dans l’attente de quoi ?
avec ces questions sans réponse
et ce goût de myrtille
témoin d’étés engloutis
au fond d’une mémoire
tellement incertaine.
De l’aube...
De l’aube ou de l’aurore on ne
voit pas quelle est la première
mais le jour qui ploie sous la lumière
nous délivre des rêves en blanc,
des espoirs malmenés.
Nous sommes là, présents,
à guetter cet instant
qui nous entraînera
dans ces lieux que l’enfance
n’a jamais désertés.