Elle s'appelle Nekeli et cette histoire est là pour que vous n'oubliez pas sa voix ni celles des autres enfants devenus soldats.
Cécile Alix nous offre avec “
Guerrière” un roman puissant qui parle d'un sujet difficile, celui des enfants soldats. Avec ses personnages et son histoire elle pose des questions aux lecteurs : que penser de ces enfants, de ce qu'ils vivent et de ce qu'ils font…
Le résumé éditeur parlait d'une vie détruite mais ne donnait aucune indication sur le thème de cette histoire. Avec cette couverture magnifique je m'attendais presque à lire un roman de fantasy. J'ai donc découvert le sujet de “
guerrière” au moment de la lecture. Il est difficile mais je ne regrette pas du tout de l'avoir lu.
Cécile Alix adapte son écriture à son personnage car c'est Nekeli qui raconte ce qui lui est arrivé. Avec “
Guerrière” l'autrice ne voulait pas donner un jugement sur les enfants soldats mais souhaitait soulever des questions. Une lecture coup de poing réhaussée par la plume sensible de
Cécile Alix.
Une
guerrière malgré elle
Le livre m'apprend qu'il y a 300 000 enfants enrôlés de force dans une armée aujourd'hui. 300 000 enfances brisées comme l'a été celle de Nekeli, personnage fictif qui raconte malheureusement une réalité. Perçue très vite comme une
guerrière par ses bourreaux elle ne connaitra pas le sort des autres filles comme son amie Temona. Elle ne sera pas obligée de subir le “coucher-obligé” (pour ne pas dire viol). Elle est avec les garçons et on lui apprend à devenir une
guerrière. Dans la violence les enfants apprennent à s'endurcir et à tirer.
Ce qui la fait tenir c'est sa relation avec Soulaï, son frère jumeau. Et l'espoir de réussir un jour à s'échapper pour rejoindre sa maison et récupérer les symboles de son village. Son père les avait cachés pour les protéger car ils sont importants. S'ils sont détruits c'est la mémoire du lieu et de ses habitants qui disparaissent.
Les enfants-soldats
A travers le récit de Nekeli nous passons du temps auprès des autres enfants enrôlés comme Soulaï, Temona, Noumou, Nyele et les autres. Nous les voyons changer. le jeune Noumou, si jeune et si innocent, obligé de tuer ses propres parents à la machette. L'arme devient la sienne lors des combats. La violence devient son quotidien.
La question des enfants soldats est sensible et délicate. Ils sont victimes d'adultes sanguinaires qui les kidnappent, massacrent leurs proches, les violentent et les obligent à tuer pour ne pas être tué. Mais ensuite ils tuent et sont tellement détruits psychologiquement qu'ils peuvent basculer de l'autre côté. Et que se passe-t-il quand ils deviennent adulte ? Pour l'exemple, un chef de guerre a été arrêté pour avoir enrôlé des enfants et massacré. Or il était un ancien enfant enrôlé lui aussi.
A la fin du roman
Cécile Alix nous raconte son travail d'écriture et le contexte de “
Guerrière”. Je vous laisserai découvrir, c'est très intéressant. Mais vous pouvez déjà en apprendre plus sur le site des éditions Slalom.
Le conseil de la bibliothécaire : “
Guerrière” peut être lu par les adolescents à partir de 13 ans (environ. Tout dépend de la sensibilité de chacun.) L'écriture est accessible mais je précise que le sujet est difficile et que l'autrice n'édulcore pas les scènes même si elle ne décrit pas tout (les viols notamment qui sont suggérés avec ce “coucher-obligé”.) Je vous laisse donc juge. Mais un super roman qui peut être une manière d'évoquer le sujet avec les plus jeunes.
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