Mes tableaux à histoires, tome 1

Dans le grenier du vieux manoir, Victoire, l’araignée du soir, sort de son tiroir. C’est une drôle d’acrobate ! Perchée sur ses longues pattes, elle se faufile dans le noir. En catimini, elle se glisse dans le jardin. Sans faire de bruit, elle grimpe au sommet du grand pin.
Et là, sous les étoiles, entre les branches parfumées, elle tisse sa plus belle toile d’araignée.
— Trotte, vole, viens par là ! Qui s’y colle s’y prendra ! fredonne Victoire en attendant sa proie.
C’est un moucheron qui s’y colle !
Tout fragile, à demi-endormi, tombé dans son sommeil entre les fils de l’araignée !
Le voici qui se réveille ! Serré, englué, tremblant de peur !
— Ne me dévore pas ! il pleure.
— Tu t’y es collé, je vais te croquer ! répond Victoire sans pitié.
Alors le moucheron crie de toute sa petite voix, il ameute la population !

Nous sommes au siècle ancien où Siam le Rouge, le plus affreux pirate de tous les temps, écume les mers et pille sauvagement les navires du Levant. Sa vue est plus perçante que celle du faucon.
Il peut repérer une embarcation alors qu’elle n’est encore qu’un point à l’horizon.
Aucun bateau ne résiste à l’attaque de son vaisseau, Le Dragon des mers .

Au début du monde, il y avait deux frères, le Màs’Maous d’en haut et le Ti’Kiqui d’en bas. Le Màs’Maous vivait ans les airs baignés de soleil, tandis que le Ti’Kiqui, sur terre, ne connaissait que les ténèbres. L’univers était séparé en deux, l’ombre et la lumière.
Le Ti’Kiqui d’en bas s’amusait comme un fou avec des jouets qu’il sculptait dans la roche. Il les avait baptisés, « les animaux », « les hommes » et « les plantes ». Il inventait des histoires fabuleuses, et ses figurines semblaient prendre vie entre ses doigts. Sa préférée
possédait deux belles ailes. Il l’avait ciselée dans le marbre et nommée
« oiseau ». Quand il la tenait au-dessus de sa tête, il se sentait heureux. Il en prenait grand soin, la caressait et lui arlait tendrement.
Mais le Màs’Maous, qui était jaloux, vola l’oiseau du Ti’Kiqui !