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Citations sur À l'oeil (15)

A l'œil - Vitrail

..., une chose me charmait dans cette église, me charmait à ce point que je ne me rappelle pas avoir jamais éprouvé un sentiment aussi intense de charme et de séduction.
C’était un très vieux, très vieux vitrail représentant le martyre de sainte Christine, patronne de la paroisse d’Houlbec. Sainte Christine est là, sur un bûcher ardent qui semble une coulée de rubis en fusion, pendant qu’un cruel païen, vêtu d’un vert exorbitant, attise le feu avec un acharnement coupable. Sur le saphir délicieusement pâle du firmament s’enlève le front radieux de la martyre et de tout son beau visage émane une mansuétude tendre et résignée qui excitait en moi la plus intime émotion.
Tout de suite, je ne sais pourquoi, je m’étais pris pour sainte Christine d’une affection violente et presque maladive, au point d’attendre fiévreusement le dimanche et de rêver une vengeance éclatante contre l’affreux homme vert qui brûlait ma pauvre aimée.
Sous le vitrail, c’était l’orgue.
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Ah ! les chemins de fer sont une belle
invention ! S’ils n’ont point le pittoresque des
diligences de nos pères, quel confortable ne
représentent-ils point ! Et quand ils n’auraient
que le mérite de raccourcir les distances ? Est-ce
vraiment à dédaigner ?
Et dire que ces chemins de fer qui causent
notre plus vive admiration seront peut-être un
jour l’objet des railleries de nos petits-neveux !
Car, tenez-le pour certain, ce serait une folie
téméraire d’assigner des limites au progrès.
La chimère d’hier est la réalité d’aujourd’hui
et la vieillerie de demain.
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Nous étions assis à côté l'un de l'autre, sur un divan.
- A quoi penses-tu ? fit-elle brusquement.
- Je suis en train de calculer la surface approximative de ton joli corps, et, divisant mentalement cette superficie par celle d'un baiser, je calcule combien de fois je pourrais t'embrasser sans t'embrasser à la même place.
- Et ça fait combien ?
- C'est effrayant...Tu ne le croirais pas.
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AVIS AU LECTEUR :

En dehors du plaisir que j'éprouve à embêter les mânes de Schopenhauer, je publie ce volume dans le but exclusif de me procurer quelques ressources.
Je serai donc reconnaissant aux Gens, non seulement d'acheter "A l’œil" mais encore d'en conseiller l'acquisition à leurs amis et connaissances.

L'AUTEUR.
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" Temps probable pour demain: sec avec peut-être de la pluie. Température relativement élevée à moins d'un abaissement thermométrique."

p 32
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" Son parrain, un maniaque pépiniériste de Meaux, avait exigé qu'il s'appelât, comme lui, Polydore. Mais nous, ses amis, considérant à juste titre que ce terme de Polydore était suprêmement ridicule, avions vite affublé le brave garçon du sobriquet de Colydor, beaucoup plus joli, euphonique et suggestif davantage."

p 23
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Quand M. Martin, sa chute accomplie, rencontra l'asphalte, ça fit "plmmf", le bruit mat et sourd de la viande qui s'aplatit, et presque en même temps un autre bruit, "teck", le son de la pipe d'écume qui se brise.

M. Martin avait cassé sa pipe.

Une jeune femme qui passait par là, sortant du théâtre, se trouva toute éclaboussée de mouchetures grises.

Comme elle se disposait à essuyer sa robe avec son mouchoir, un passant obligeant lui dit :
- C'est de la cervelle, madame, ça ne tache pas. Laissez-la sécher et demain avec un bon coup de brosse, il n'y paraîtra plus.
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La logique mène à tout à condition d'en sortir, dit un sage.
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Ils habitaient tous les deux, elle et son père, une sorte de petite masure, juchée tout en haut de la falaise. L’aspect de cette demeure n’éveillait aucune idée d’opulence, mais pourtant on devinait que ceux qui habitaient là n’étaient pas les premiers venus.
Nous sûmes bientôt par les gens du pays l’histoire approximative de ces deux personnes.
Le père, un gros vieux débraillé, à longs favoris mal entretenus, ancien médecin de marine, mangeait là sa maigre retraite en compagnie de sa fille, une fille qu’il avait eue quelque part dans les parages des pays chauds, au hasard de ses amours créoles.
Il faisait un peu de clientèle, pas beaucoup, car les paysans se défiaient d’un docteur qui restait dans une petite maison couverte de tuiles et tout enclématitée, comme une cabane de douanier.
Pour une fille naturelle, la fille était surnaturellement jolie, belle, et même très gentille.
Aussi, au premier bain qu’elle prit, quand on la vit sortir de l’eau, la splendeur de son torse, moulée dans la flanelle ruisselante ; quand, la gorge renversée, elle dénoua la forêt noire de ses cheveux mouillés qui dégringolèrent jusque très bas, ce ne fut qu’un cri parmi les plagiaires[1].
— Mâtin !… La belle fille !…
Quelques-uns murmurèrent seulement : Mâtin !
D’autres enfin ne dirent rien, mais ils n’en pincèrent pas moins pour la belle fille.
Et ce spectacle se renouvela chaque jour à l’heure du bain.
Toutes les dames trouvaient que cette jeune fille n’avait pas l’air de grand’chose de propre ; mais tous les hommes, sauf moi, en étaient tombés amoureux comme des brutes.
Un matin, mon ami Jack Footer, poète anglais, vigoureux et flegmatique, vint me trouver dans ma chambre et me dit, en ce français dont il a seul le secret :
— Cette fille, mon cher garçon, m’excite à un degré que nul verbe humain ne saurait exprimer… J’ai conçu l’ardent désir de la posséder à brève échéance… Que m’avisez-vous d’agir.
— Ne vous gênez donc pas !
— C’est bien ce que je pensais. Merci.
Et, le lendemain, je rencontrai Footer, radieux.
— Puis-je faire fond sur votre discrétion ! dit-il.
— Auprès de moi, feu Sépulchre était un intarissable babillard.
— Eh bien ! Carmen, car c’est Carmen qui est son nom chrétien, Carmen s’est abandonnée à mes plus formelles caresses.
— Ah !… Comme ça ?
— Oui, mon cher garçon, comme ça ! Elle n’a mis qu’une condition. Drôle de fille ! Au moment suprême, elle m’a demandé : « Êtes-vous pour encore longtemps sur ce littoral ? — Jusque fin octobre, ai-je répondu. — Eh bien ! promettez-moi, si vous tombez malade ici, de vous faire soigner par mon père ; c’est un très bon médecin. » J’ai promis ce qu’elle a voulu. Drôle de fille !
La semaine suivante, je me trouvais à la buvette de la plage quand advint Footer.
— Un verre de pale ale, Footer ?
— Merci, pas de pale ale… Ce tavernier du diable aura changé de fournisseur, car son pale ale de maintenant ressemble à l’urine de phacochère plutôt qu’à une honnête cervoise quelconque.
En disant ces mots, Footer avait rougi imperceptiblement.
Je pensai : « Toi, mon vieux !… » mais je gardai ma réflexion pour moi.
— Et Carmen ? fis-je tout bas.
— Carmen est une jolie fille qui aime beaucoup son père.
Quelques amis, des peintres, entrèrent à ce moment et je n’insistai pas, mais fatalement la conversation tomba sur la damnante Carmen.
Footer en parla avec un enthousiasme débordant, et, comme un jeune homme évoquait à cette occasion le souvenir de la Femme de feu de Belot, Footer l’interrompit brutalement.
— Taisez-vous, avec votre Belot, la Femme de feu de ce littérateur n’est, auprès de Carmen, qu’un pâle iceberg.
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Pauvre diable !
Je le vois encore arrivant le matin, hâve, blême, enveloppé dans sa maigre et luisante redingote de professeur infortuné.
Comme il était très doux et très triste, ses élèves — dont moi — le jugeaient extrêmement ridicule et ne manquaient pas une occasion de le rendre malheureux, en bons petits bourgeois que nous étions déjà, cruels et lâches.
Mâtin ! qu’il faisait froid cette année-là !
Et, malgré la pluie, le vent, la neige, notre professeur arrivait simplement vêtu de sa maigre et luisante redingote dont il relevait le col.
Pourtant, au retour des vacances du jour de l’an, le pauvre diable entra le matin à la classe enveloppé dans un pardessus…
Non, mes amis, un pardessus !…
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