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Claire Allan est une autrice que j'apprécie beaucoup et je me suis précipitée sur son dernier roman dès sa sortie, m'attendant à un thriller bien ficelé comme elle sait si bien les écrire.
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Sur tes pas a dépassé mes attentes puisqu'il se base sur un phénomène de société et une catégorie de personnes dont j'ignorais jusqu'ici l'existence : les incels.
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Pour ceux qui ignoreraient ce dont nous parlons, voici un extrait de la page Wikipedia :

"Les discussions dans les forums incel sont caractérisées par le ressentiment, la volonté d'apitoyer, la misogynie, la misanthropie, la promotion de la violence contre les femmes et les hommes épanouis sur le plan sexuel, et le sentiment que le sexe devrait être un dû et que le refuser à certains hommes est injuste.
Le Southern Poverty Law Center a décrit cette sous-culture comme « faisant partie de l'écosystème du suprémacisme masculin en ligne » et affirme que des personnes considérées comme incels ont commis plusieurs tueries de masse en Amérique du Nord et en Europe. Cette communauté a attiré l'attention sur elle après que plusieurs tueries (une douzaine de meurtres dont au moins six meurtres de masse) ont été commises entre 2014 et 2020 par des hommes qui se déclaraient incels et qui étaient marqués par une idéologie d'extrême droite".
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Le roman choral de Claire Allan nous plonge dans cette "communauté" sévissant sur le dark web.
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Un type lambda donc nous ignorons l'identité a l'idée de faire peur aux femmes qui marchent dans la rue la nuit et de poster ses actions, pour lui non violentes puisqu'il ne les touche pas, sur les forums et engranger des "likes".
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Mais sur ces forums sans modération où s'expriment des hommes frustrés, la haine est sous-jacente et exacerbée par les propos des uns et des autres...
Et arrive un moment où des femmes sont kidnappées.
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C'est là que la mère de l'une d'elles, Marian, mal mariée à un homme qui la maltraite psychologiquement, entre en scène.
Elle exprime tout l'amour qu'elle éprouve pour sa fille et sa terreur de ne peut-être pas la revoir.
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Un autre personnage, Nell, la fille de Marian, raconte ce qu'elle traverse, sa souffrance, son désespoir, ses regrets...
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Je ne vous en dirai pas trop, vous devez lire ce livre édifiant, que vous soyez une femme ou un homme.
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Tout en nous plongeant directement au coeur des événements, l'autrice prend néanmoins le temps d'installer son récit.
Les détails sont précis, aussi bien du côté des incels que de celui de leurs victimes, elles-mêmes et leur entourage.
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La plume est fluide et maîtrisée, et au bout d'une cinquantaine de pages, le suspense est à son comble et on est happé par ce roman.
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Il m'a mis les tripes à l'envers, le fait que j'aie gardé à l'esprit que bien qu'étant une fiction concernant l'histoire, toutes ces personnes existent quelque part ayant également joué un grand rôle.
Et ça fait froid dans le dos.
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Après, tout le monde ne vit pas dans sa bulle comme moi et vous êtes peut-être au courant de tout ça, mais informés ou pas, je pense que ce livre est à lire.
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Des frissons et des émotions tout du long, en plus du côté instructif du roman.
Claire Allan est un grand écrivain dont j'attends déjà avec impatience le prochain opus.
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Voici mon retour de lecture sur le thriller psychologique Sur tes pas de Claire Allan.
Marcher seule n'est jamais sans danger..
Nell Sweeney, 22 ans, quitte comme chaque soir l'hôpital où elle est infirmière pour rentrer chez elle.
Mais ce soir-là, l'homme qui depuis quelque temps déjà l'épie et la suit, a décidé d'agir.
Nell se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment.. Et, hélas pour elle, l'homme qui l'enlève par défi la livre à un autre.. dont les véritables desseins apparaissent bientôt.
Nell doit mourir. Et sa mort sera retransmise en directe sur le dark web... Elle sera la première d'une longue série.
Sauf si son ravisseur comprend qu'on l'a manipulé, et qu'il parvient à la sauver..
Sur tes pas est un roman que j'ai lu presque d'une traite car je devais absolument savoir ce qui allait se passer pour Nell. Elle est enlevée, ses proches ne s'en rendent pas compte tout de suite mais au bout de quatre jours.. dans le meilleur des cas. Quatre jours, peut-être moins, mais comment savoir réellement.. du moins au début..
Nell avait un peu changé ses derniers temps, sa colocataire et amie ne l'a reconnaissait pas. Elle avait rencontré un homme sur les sites de rencontre.. mais était t'elle avec lui ? Comment le savoir ?
J'ai beaucoup aimé le fil narratif composé de trois points de vue : celui de Marian, la maman de Nell ; celui de l'homme par qui tout commence : Lui ; ainsi que le point de vue de Nell.
J'ai croisé mes doigts de toutes mes forces, espérant évidemment que cette jeune infirmière de 22 ans s'en sorte.
Par moment, j'avoue, c'est tellement réaliste que je n'avais plus l'impression d'être dans un roman.
L'autrice évoque avec une grande justesse les forums où les "incels" se retrouvent, devisent, insultent, ont des idées.. étranges.. Cela fait réellement froid dans le dos et penser que ça existe me donne envie de vomir !
Elle m'a fait découvrir des pratiques qui m'ont mis mal à l'aise.
J'avoue que Sur tes pas ne fût pas une lecture plaisir mais une lecture angoissante. Toutefois, je suis ravie de l'avoir lu et j'ai vibrer d'angoisse jusqu'aux dernières lignes.
J'ai beaucoup aimé ce roman que je vous recommande si vous appréciez ce genre, et je le note quatre étoiles.
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Ayant apprécié Ne la quitte pas du regard et Qui a tué Rose de l'autrice, j'étais curieuse de me plonger dans son nouveau roman qui vaut bien plus pour son thème de fond, les Incels et le danger que représente cette sous-culture misogyne et toxique, que l'histoire en elle-même. Ainsi, si vous vous attendiez à du suspense et à une tension folle, vous risquez la déception. Mais en le sachant avant de vous lancer, je pense que vous pouvez, comme moi, arriver à laisser de côté vos attentes pour découvrir une histoire effrayante de réalisme…

Bien que je n'aie pas d'enfant, j'ai tout de suite été saisie par la détresse de Marian, une mère dont le monde s'écroule : sa fille, une infirmière de 22 ans, a disparu et comme toujours dans ce genre de cas, plus les heures défilent, plus les chances de la retrouver saine et sauve s'amenuisent. Dommage que l'autrice n'ait pas su utiliser cette épée de Damoclès pour susciter chez les lecteurs ce sentiment d'urgence qui pousse à tourner les pages avidement. Il faut dire qu'en plus de nous partager l'immense douleur de Marian devant la peur de ne jamais revoir sa fille vivante, elle nous dévoile l'envers peu reluisant de son couple.

Ainsi, Marian est prisonnière d'un mariage sans plus aucun amour ; un mariage dans lequel elle se soumet, année après année, à son infidèle, autoritaire et mesquin de mari. L'autrice s'appesantit trop sur ce point pour moi, rendant les passages du point de vue de Marian parfois redondants et plats. Mais je reconnais que découvrir les mécanismes régissant la vie de ce couple dysfonctionnel permet d'aborder une autre forme de violence…. Marian est, en effet, infantilisée, contrôlée et ridiculisée selon le bon vouloir de son pédant de mari, qui lui fait porter la responsabilité de tous les problèmes, surtout de ceux dont il est responsable.

Cet homme est abject et d'une mauvaise foi certaine, mais d'autres hommes vont bien plus loin dans les violences faites aux femmes. Il y a d'abord « lui », homme dont nous n'aurons pas tout de suite l'identité, qui décide un jour de suivre une femme dans la rue pour lui faire peur… Quel intérêt ? Aucun si ce n'est lui donner cette illusion de toute-puissance et de pouvoir qui finit par agir sur lui comme une drogue. Partageant « ses exploits » filmés sur un forum spécialisé, il s'abreuve des likes et des commentaires d'encouragement et se réjouit de voir qu'il fait des émules. Mais parce qu'il y a toujours un élève qui dépasse le maître, « lui », va perdre le contrôle de son jeu malsain. Avec épouvante, il découvrira ainsi que certains sont prêts à aller plus loin que lui pour prouver aux femmes que ce sont les hommes qui commandent, et qu'elles ont tout intérêt à respecter leurs règles.

Forte (et probablement dégoûtée) de ses recherches, Claire Allan nous plonge sans ambages dans l'idéologie nauséabonde, toxique et violente des Incels, et dans la psychologie tortueuse de certains de ses membres. On découvre alors des hommes qui glorifient le patriarcat et se victimisent encore et encore, accusant les femmes d'être la source de tous leurs malheurs. Plus on avance dans le roman, plus on réalise que ce qu'ils veulent, ce sont de braves poupées gonflables satisfaisant leurs besoins sexuels qu'elles soient consentantes ou inanimées, des poupées serviables et dominées ne portant que les habits qu'ils estiment acceptables, des poupées qui savent rester à leur place que ce soit à la maison ou au travail où elles n'ont pas à diriger des hommes…

Les propos, d'une extrême violence, sont difficiles à lire, a fortiori quand on est une femme, mais ils reflètent une réalité dont il est nécessaire d'avoir conscience. Avec l'autrice, le lecteur n'a pas d'autre choix que d'y faire face, d'être révolté et de constater avec horreur les conséquences de cette haine tournée vers les femmes. Toutefois, si j'ai trouvé la critique des Incels très juste, j'ai regretté qu'elle prenne le pas sur l'intrigue en elle-même, rendant l'enquête autour de la disparition de Nell peu palpitante. J'espérais un thriller plein de tension, j'ai découvert un texte engagé, certes intéressant, mais qui porte en lui trop de longueurs à mon goût.

En outre, si j'ai apprécié la double temporalité et l'alternance des points de vue entre la mère de Nell et « lui », sorte de prédateur qui se glorifie de sa lâcheté, je n'ai pas été convaincue par l'intervention plus sporadique d'un autre protagoniste. Je n'ai pas trouvé que cela apportait grand-chose à l'intrigue, mais plutôt que cela fermait une porte à l'autrice : celle de la tension haletante et de la peur dans sa plus grande cruauté. Je reconnais toutefois avoir été totalement prise de court par une révélation qui prouve que la haine des femmes sévit partout… Mais également qu'il est possible de changer, du moins, dans une certaine mesure.

En conclusion, d'une plume simple et efficace, Claire Allan nous propose ici une histoire de disparition, couplée avec une critique pertinente d'un mouvement masculiniste terrifiant, faisant des femmes l'ennemi à soumettre et à abattre. Je ne conseillerais pas Sur tes pas aux lecteurs en quête d'un thriller sous tension, mais plutôt aux personnes souhaitant découvrir les aspects les plus sombres de web et s'immerger dans les tréfonds d'une idéologie délétère. Un roman terrifiant de réalisme mais nécessaire pour réaliser que les dangers virtuels d'aujourd'hui risquent d'être les crimes de demain ! Des crimes dont les femmes seront bien sûr les victimes…
Je remercie les éditions de l'Archipel pour m'avoir envoyé Sur tes pas de Claire Allan.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Attention les infos sur la 4ème de couverture sont erronées.
Nell a disparu depuis 4 jours.
Sa mère, Marian donne voix à son angoisse dans l'attente interminable d'une résolution à cette disparition et bien sûr espère retrouver sa fille en vie. Elle livre dans ses délires désespérés, son mal-être d'épouse face à un mari arrogant et indifférent voire même cassant.
« Lui », est un homme frustré notamment dans sa relation avec les femmes qui trouve amusant de se distraire en les effrayant lors de filatures dans la rue. Il se filme et diffuse les images sur un réseau dark, faisant ainsi des émules qui likent ses prestations.
Malheureusement pour Nell cela va donner des idées à l'un de ces hommes qui se sentent castrés par ces êtres inférieurs que sont les femmes qui se sentent pousser des ailes depuis #Metoo.
C'est donc une course contre la montre qui s'engage alors que le ravisseur a annoncé sur le darknet la diffusion de sa « vengeance » en live stream.
Si je n'ai pas vraiment adhéré à l'intrigue qui à mon goût stagne beaucoup, beaucoup trop malgré l'alternance de voix entre Marian, Lui et même Nell sur la fin ce qui, en principe, contribue à donner du rythme, qu'un retournement de situation ne m'a pas du tout convaincue du tout, j'ai découvert grâce à ce roman ce mouvement des « incels » dont j'ignorais tout. Ce sont donc ces célibataires involontaires qui voudraient être en couple mais que manifestement les femmes repoussent… Ils se retrouvent dans l'ombre, bien à l'abri de pseudos pour vomir leur haine des femmes, responsables selon eux de leur émasculation.
Effrayant.
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La colocataire et la mère de Nell signalent la disparition de cette dernière à la police. L'existence stable de cette jeune infirmière avait changé depuis quelque temps. Sous l'influence de ses nouvelles fréquentations, elle avait habitué ses proches à des écarts de conduite avec sa vie devenue dissolue. Alors, entre ses sorties nocturnes répétées et son absentéisme à l'hôpital, personne ne s'était inquiété de son absence depuis plusieurs jours.
En parallèle, sur le dark Web, se développe un forum de discussion dédié aux « incel ». Ainsi se qualifient les hommes célibataires malgré eux, ceux qui n'intéressent pas la gent féminine. Là, un anonyme y poste SA technique d'intimidation pour prendre une revanche sur les femmes trop sûres d'elles-mêmes. Lui, avec ses performances, devient alors un exemple pour ses congénères du site. Galvanisé par sa popularité, il se pique au jeu, mais cela pourrait-il déraper ?
Mon Avis : 

J'attribue mon coup de coeur à cet excellent thriller à la fois psychologique et sociologique. le suspense en crescendo témoigne d'une des dérives d'un fait sociétal comme les réseaux sociaux. Ainsi, un individu quelconque peut devenir quelqu'un, enfin remarqué, voire remarquable, ou mieux, sa notoriété l'érigera en héros  ! Et si ce héros anonyme peut faire des émules, pour produire un activisme notamment sexiste. Aux pires occasions, utilisées sous des prétextes immoraux, ou souvent louches, le dark Web rendu accessible avec un navigateur spécial, permet de surfer de manière confidentielle sur Internet. 

Ainsi, j'ai découvert ce terme « incel ». Alors élevés ou éduqués avec des stéréotypes du machisme, où l'homme était le pilier ou le tuteur indispensable pour la vie d'une femme, ils ne trouvent plus leur place. En effet, l'exercice de pouvoir n'existe plus, leur force est devenue inutile, car de ce fait, ils sont réduits au célibat. Ici, le Net leur offre une échappatoire où la communauté masculine s'épanche à propos de leurs contraintes d'une société du « genre » en évolution. Aujourd'hui à l'heure de « me too », ces hommes vivent dans l'incompréhension des revendications féminines, et surtout ils ne supportent pas leur assurance des femmes si bien assumées sans eux.  

L'intrigue policière sur ces quelque 300 pages très accrocheuses présente du rythme, car la narration des divers personnages s'alterne. Celle d'un anonyme appelé LUI suggère un profil typique souvent présent dans les romans noirs : looser, solitaire et frustré. Par ailleurs, les chapitres sur la captivité de Nell parfaitement dosés suscitent beaucoup d'intérêt pour se rendre compte de ses angoisses. En plus, ils instillent quelques indices en avance sur les enquêteurs. D'ailleurs, s'ajoutent à notre plaisir plusieurs coups de théâtre qui déroutent nos suppositions. Un suspense addictif nous retient et nous bluffe jusqu'à la fin.
Si vous aimez ma chronique, alors inscrivez-vous à ma newsletter pour les prochaines.  
 #SURTESPAS #NetGalleyFrance
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Le début du roman m'a fait penser à un des romans de Clara Macintosh, "Je te vois".
C'est assez addictif. L'autrice alterne entre les points de vue de la mère et celle d'un homme.
Mais assez vite, l'ensemble des choses qui nous sont racontées deviennent redondantes.
On comprend bien la situation qui stagne par le manque d'indices et du coup la tension qui monte, la peur, le stress.
Comme la famille nous sommes dans l'attente d'en savoir plus.

Puis, brusquement on nous livre une info .
La lectrice que je suis est déstabilisée.
On rentre dans un côté plus malsain.
En fait, c'est un groupe d'hommes qui sentent leur virilité remise en cause par des femmes qui seraient, d'après eux, trop aguichantes, trop sûr d'elles...
Ces femmes sont surtout au mauvais endroit, au mauvais moment.

Dernier rebondissement au 3/4 qui ne m'a pas plu.
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Des pétales égrenés : la jeune femme a une chance sur deux de vivre. « Elle vit. Elle meurt. » (p. 11) Hélas, elle n'a pas respecté les règles. Elle ne rentrera pas chez elle, ce soir. Elle est maintenant sa prisonnière.

Lundi 1er novembre, Marian apprend que sa fille a disparu depuis quatre jours. Au début, la colocataire de celle-ci ne s'est pas inquiétée, car depuis deux mois, Nell a de nouveaux amis, avec qui, elle sort beaucoup. Cela fait quatre jours que la jeune infirmière de vingt-deux ans ne s'est pas manifestée : l'angoisse de sa mère atteint un paroxysme.

Pendant la première partie, deux voix s'alternent : celle de la maman et celle d'un personnage appelé « Lui ». La première confie ses peurs, ses doutes sur l'investissement de la police au sujet de la disparition de sa fille, les avancées de l'enquête, sa douleur, etc. le récit du second démarre deux mois plus tôt. Il confie ses frustrations au sujet des femmes, il décrit ses activités sur un site du Darkweb, sur lequel sont regroupés des hommes qui, comme lui, éprouvent une haine contre les femmes. Il raconte de quelle manière il est devenu célèbre au sein de cette communauté effrayante. Son hashtag est devenu viral, depuis qu'il a publié sa première vidéo dans laquelle il « s'amuse » à faire peur aux femmes. Il s'offusque que les hommes soient perçus comme des prédateurs. Très vite, un de ses adeptes veut dépasser le maître. « Lui » comprend qu'il a créé un mouvement encore plus maléfique qu'il ne le souhaitait.

Avant le prologue, l'auteur a inséré un extrait authentique d'un forum pour incels. Ce terme, que je ne connaissais, pas se traduit par « célibataire involontaire » en français. Il désigne des hommes, animés par la haine des femmes. Ils accusent « très fermement le féminisme d'avoir vidé la masculinité de sa substance. » (p. 405) Misogynes, ils estiment que les femmes sont responsables de tous leurs maux et qu'elles les humilient en se refusant en eux. Ce mouvement prend beaucoup d'ampleur. Des tueries de masse sont perpétrées au nom de cette idéologie.

A travers le personnage de « Lui », l'auteure nous emmène dans les profondeurs du darkweb. Elle explore la psychologie des hommes qui postent leurs « exploits » et expriment leur rage. J'ai été glacée par leurs discours, par leurs actes et leurs justifications. Mes recherches sur le sujet ont confirmé cette frayeur que Claire Allan a fait naître en moi. Sur tes pas dévoile un fait de société qui se développe à vitesse exponentielle.

Dans la deuxième partie, de nouveaux personnages apparaissent et des identités sont dévoilées. La révélation de celle de « Lui » est un véritable choc. Je ne l'avais absolument pas envisagée. Nous découvrons, également, le destin de Nell, à partir de son enlèvement. La tension est très forte. Marian, quant à elle, relate la progression des investigations, les découvertes surprenantes, sa perception des évènements, sa souffrance et ses inquiétudes. Son désarroi m'a émue.

Sur tes pas est un thriller glaçant et addictif, aux chapitres courts et aux rebondissements palpitants et effrayants. J'ai adoré.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Marian apprend que sa fille Nell a disparu depuis quelques jours, sa colocataire vient de donner l'alerte. Pourquoi pas avant ? Les deux jeunes femmes sont infirmières et leurs horaires les empêchent parfois de se croiser. de plus, cela faisait quelques semaines que ces deux amies d'enfance étaient moins proches suite au changement de comportement de Nell. A partir de ce moment-là, le lecteur va suivre l'histoire à travers deux points de vue dont le lien ne sera découvert que plus tard. Celui de Marian, mère désespérée mais bien plus forte qu'elle l'imagine et celui d'un homme avec lequel, nous faisons la connaissance des « Incels », ces célibataires involontaires pour qui tous les maux de la Terre sont à cause des femmes. Ils se sentent agressés par le féminisme, humiliés par ces femmes qui osent dire non. A vomir !

« Sur tes pas » choque, dérange. Ce n'est pas un simple thriller psychologique sur une jeune femme enlevée par un détraqué. C'est tout un phénomène de société qui prend de l'ampleur et qui n'a aucun sens. Heureusement, l'autrice a fait de Nell une femme qui ne lâche rien et pas dans le sens qui résiste à tout. Car j'aime les héroïnes, les femmes fortes mais j'aime surtout quand elles sont vraies, humaines, ce qu'est Nell. On souffre avec elle et on espère jusqu'à la dernière page.

C'est un roman qui pose question et nous montre une part de la noirceur humaine, celle cachée dans les bas-fonds d'internet, dans les rues, les maisons. Quand comprendront-ils que le féminisme est l'affaire de tous ? Que le féminisme n'est qu'une envie d'égalité ? Peut-être que ces hommes là ne la veulent simplement pas, l'égalité.

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~ J'ai reçu gratuitement ce service de presse numérique de la part des éditions de l'Archipel via NetGalley en échange d'un avis honnête ~
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Femmes seules dans la nuit
Je commence par remercier chaleureusement NetGalley et l'Archipel pour m'avoir adressé ce thriller implacable.
L'action se déroule en Irlande du Nord, à Derry (j'aime bien lire un bouquin qui décrit un lieu que je connais). Dès les premières lignes, l'auteure donne le ton en citant un extrait authentique d'un forum pour « incels », datant de février 2018. Je l'avoue, je n'avais jamais ni entendu ni vu ce terme. Incels, des hommes qui subissent leur célibat et qui imaginent que les femmes seules sont… des proies ! Il leur semble normal de pouvoir s'amuser un peu avec elles. Rien de bien méchant, hein, juste choisir une fille qui rentre seule chez elle, à la nuit tombée, la suivre ostensiblement, s'en approcher… lui « foutre la trouille » quoi ! C'est précisément l'idée d'un de ces hommes (« Lui », le secret de son identité étant bien gardé jusqu'à la toute dernière partie du roman). Il en a assez d'être transparent pour la gente féminine (sa colocataire qui l'aguiche –selon lui- mais finit dans le lit d'un autre ; sa cheffe qui le tyranise, le mouvement #Me too qui le dévirilise… Alors il se connecte sur un forum du Dark Web où il s'épanche auprès de ses pairs. Pourquoi les incels ne prendraient ils pas le pouvoir ? Jour après jour, ses posts ont un succès grandissant : il faut dire qu'il s'est un peu enhardi et que désormais, il filme ses « exploits » faisant ainsi de nombreux émules. Au risque que l'un de ses admirateurs ne fasse de la surenchère et décide d'aller un peu plus loin… Après tout, ce n'est qu'un jeu !
Si le point de départ de ce thriller est assez banal (une jeune femme disparait) la manière dont l'auteure (Claire Allan est journaliste) traite et développe l'intrigue l'est beaucoup moins, et c'est très réussi. Nous suivons trois personnages principaux : Marian, la mère de Nell, la jeune infirmière disparue brutalement, Lui, et Nell elle-même. Autour d'eux gravitent d'autres personnages, pas si secondaires finalement. Et en toile de fonds, plusieurs thèmes « périphériques » comme les relations mère-fille, les dérives et l'impact des réseaux sociaux, la famille, la place des femmes au sein de celle-ci (l'évolution du personnage de Marian est très intéressante à suivre) et au sein de la société.
Un très bon polar, très crédible et qui fait peur car, comme l'explique l'auteure en postface, on n'est pas dans la fiction.
#SURTESPAS #NetGalleyFrance
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Un thriller psychologique à visée sociologique !
Une mise en garde sur les dérives du mouvement sectaire des "Incels", un mouvement misogyne d'hommes frustrés d'être "célibataires involontaires"...

Après "Ne la quitte pas du regard" et "Qui a tué Rose ?", "Sur tes pas" est le troisième roman à suspense de l'autrice irlandaise Claire Allan qui a aussi été journaliste au "Derry Journal" avant de se consacrer entièrement à l'écriture. Je remercie les @editionsdelarchipel et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir cet autrice que je ne connaissais pas encore.

Je conseille de prendre connaissance de la "Note de l'autrice" à la fin du roman avant de commencer sa lecture pour en savoir un peu plus sur la popularité grandissante de ce mouvement "Incels" qui fait froid dans le dos !

Nell Sweeney, infirmière de 22 ans, quitte l'hôpital pour rentrer chez elle à pieds comme chaque soir. Depuis quelque temps, elle se sent épiée et suivie. Mais, ce soir-là, l'homme ne se contente pas de la suivre, tel un prédateur, il décide de passer à l'étape supérieure : il l'enlève et la séquestre. le capitaine Eve King et le major Marc Black mènent l'enquête, jusqu'à ce qu'un corps calciné soit retrouvé...

La structure narrative de ce roman choral alterne entre trois points de vue différents : celui de Marian, la mère de Nell ; celui de l'agresseur anonyme appelé "Lui" dans le roman et, enfin, celui de Nell, la victime. Cette structure complexe bien maitrisée, permet de préserver le suspense sur l'identité du prédateur de manière efficace en brouillant les pistes jusqu'au dénouement.

L'intrigue est prenante et l'écriture addictive, malgré quelques longueurs au début. L'atmosphère pesante de ce huis-clos devient de plus en plus anxiogène au fil des pages. La psychologie des personnages est vraiment bien détaillée, ce qui permet au lecteur de se mettre à la place de la victime, de la mère de la victime, mais aussi de son kidnappeur qui va se retrouver pris à son propre piège.

Les chapitres courts permettent de donner du rythme au récit, même si j'ai trouvé que le point de vue de Nell arrive un peu tardivement : je trouve qu'il aurait pu être un peu plus développé au détriment de celui de sa mère. Il y a certains passages concernant sa vie de couple que j'ai trouvé un peu répétitifs, même s' ils permettent de mieux comprendre la domination patriarcale dont elle est, elle-aussi, victime.

Ce que j'ai préféré, c'est le moment du twist plot où l'on découvre l'identité réelle du personnage anonyme appelé "Lui", qui est l'instigateur du jeu pervers #JaiLePouvoir sur le Dark Web. C'est lui qui donne la première étincelle à ce mouvement déviant des "Incels" car il va devenir incontrôlable à cause d'un psychopathe. Il se sent responsable, à juste titre. La violence verbale sur certains forums finit par entrainer la violence physique, de manière irrémédiable.

Cette fiction est inspirée de faits réels, comme le précise la postface de l'autrice. Cela la rend donc plus crédible grâce aux nombreux détails qui donnent plus de poids à ce récit effroyable. le fait que l'autrice soit aussi journaliste apporte une plus-value à l'histoire de Nell qui est, malheureusement, tout à fait vraisemblable. La République de Gilead de Margaret Atwod n'est pas considérée comme une dystopie sur le Dark Web !
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