Juan était l’un de ces hommes beaux et joyeux auxquels aucune femme ne résiste au début ; mais toutes regrettent ensuite qu’une autre ne les ait pas pris, parce qu’ils sont la cause de beaucoup de souffrance.
Comme je l’ai dit, j’ai au moins soixante-dix ans, et pleinement vécus, mais mon âme et mon cœur, encore pris dans les fissures de la jeunesse, se demandent ce qui a bien pu arriver à ce corps.
La cruauté engendre plus de cruauté, en un cycle sans fin.
Pour celui qui a connu l’exaltation de tuer il n’y a ni échappatoire ni absolution, pensait Pedro. Il avait pris goût à la violence, c’était le vice secret de tout soldat, sans lequel il serait impossible de faire la guerre.
Y a-t-il chose plus prétentieuse qu’une autobiographie ?
Morts, presque tous mes amours sont morts, voilà ce qu’il en coûte de vivre aussi longtemps que j’ai vécu.
- Le caractère est une vertu appréciée chez l’homme, mais on le considère comme un défaut chez les personnes de notre sexe. Les femmes qui ont du caractère mettent en danger le déséquilibre du monde, qui favorise les hommes, c’est pourquoi on s’acharne à les brimer et à les détruire.
Chez les indigènes chiliens, ce sont elles qui font le travail ; les hommes, eux, prononcent des discours et exécutent des tâches qui requièrent des muscles, comme la guerre, nager et jouer à la balle.
Je ne trouve pas de faute en moi, sauf celle d’être femme, mais cela paraît être un crime suffisant. On rejette sur nous, les femmes, la culpabilité de la luxure des hommes, mais le péché n’appartient-il pas à celui qui le commet ?
Il me parut précipité de répartir la terre et les propriétés que nous n’avions pas, surtout sans connaître la véritable étendue et la richesse du Chili, mais c’est ainsi que l’on fait toujours : on plante un drapeau, on prend possession avec de l’encre et du papier, puis vient le problème de convertir la lettre en biens, et pour cela il faut dépouiller les indigènes, et en plus les obliger à travailler pour les nouveaux propriétaires.