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Citations sur La cité des dieux sauvages (64)

Alex était sûr d'avoir le chien le plus bête de la terre, le seul labrador de quarante kilos à se faire mordre par un cerf. Au cours de ses quatre années de vie, Poncho avait été attaqué par des carcajous, par le chat du voisin, et à présent par un cerf, sans compter toutes les fois où les moufettes l'avaient aspergé de leur liquide infect et où il avait fallu le baigner dans de la sauce tomate pour atténuer l'odeur.
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Il comparait à présent le corps de sa grand-mère – sec, plein de nœuds, à la peau flétrie – aux douces courbes dorées du docteur Omayra Torres, qui portait un discret maillot de bain noir, et à la grâce encore enfantine de Nadia. Il considéra les changements du corps aux différents âges de la vie et pensa que les trois femmes, chacune à sa manière, étaient également belles.
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Le père Valdomero avait même fait un voyage au Vatican pour dénoncer les abus commis contre les indigènes, mais ses supérieurs ecclésiastiques lui avaient rappelé que sa mission était de porter la parole du Christ en Amazonie, pas de s'immiscer dans la politique. L'homme était revenu vaincu, se demandant comment on pouvait prétendre sauver les âmes pour le ciel si on ne commençait pas par sauver les vies sur terre. D'autre part, il n'était pas convaincu de l'opportunité de christianiser les Indiens, qui avaient leur propre forme de spiritualité. Ils avaient vécu des milliers d'années en harmonie avec la nature, comme Adam et Eve au Paradis, quel besoin avait-on de leur inculquer l'idée du péché ? pensait le père Valdomero.
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Elle comprit que le bonheur consistait à atteindre ce qu'on a attendu très longtemps.
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En rentrant chez lui, ce midi, il fut surpris de voir la camionnette de son père, qui à cette heure travaillait toujours à la clinique. Il entra par la porte de la cuisine, jamais fermée à clé, avec l’intention de manger quelque chose, de prendre sa flûte et de repartir en courant à l’école. Il jeta un coup d’œil autour de lui et ne vit que les restes fossilisés de la pizza de la veille. Résigné à avoir faim, il se dirigea vers le frigidaire en quête d’un verre de lait. A cet instant, il entendit pleurer. Au début, il pensa que c’étaient les chatons de Nicole dans le garage, mais aussitôt il se rendit compte que le bruit venait de la chambre de ses parents. Sans avoir l’intention d’épier, de manière presque automatique, il s’approcha et, doucement, poussa la porte entrouverte. Ce qu’il vit le paralysa.

Au centre de la pièce se trouvait sa mère en chemise de nuit, pieds nus, assise sur un tabouret ; le visage dans les mains, elle pleurait. Debout derrière elle, son père tenait un vieux rasoir de barbier qui avait appartenu au grand-père. De longues mèches de cheveux noirs couvraient le sol et les frêles épaules de sa mère, tandis que son crâne tondu brillait comme du marbre dans la lumière pâle qui filtrait de la fenêtre.

Pendant quelques secondes, le garçon demeura figé de stupeur, sans comprendre la scène, sans savoir ce que signifiaient ces cheveux par terre, ce crâne rasé ou ce rasoir dans la main de son père, étincelant à quelques millimètres du cou incliné de sa mère. Lorsqu’il parvint à recouvrer ses esprits, un cri terrible monta de ses pieds et une grande vague de folie le secoua tout entier. Il se lança contre John Cold, le projetant au sol d’une seule poussée. Le rasoir décrivit un arc dans l’air, frôla son front, et la pointe alla se ficher dans le plancher. Sa mère se mit à l’appeler, l’agrippant par ses vêtements pour l’écarter de son père, tandis qu’il donnait des coups à l’aveuglette, sans voir où ils tombaient.

« Ça va, mon fils, calme-toi, ce n’est rien », suppliait Lisa Cold en le retenant de ses faibles forces, tandis que son père se protégeait la tête de ses bras.
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L'Amazone est le plus large et le plus long fleuve de la terre, cinq fois plus grand qu'aucun autre. Seuls les astronautes en route pour la Lune ont pu le voir dans sa totalité depuis cette altitude, lut Alex dans le guide touristique que sa grand-mère lui avait acheté à Rio de Janeiro. Il ne disait ps que cette immense région, dernier paradis sur terre, était systématiquement détruite par la convoitise d'hommes d'affaires et d'aventuriers, comme il l'avait appris à l'école. On construisait une route, une entaille ouverte en pleine forêt, par laquelle arrivaient des foules de colons et sortaient des tonnes de bois et de minéraux.
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La compassion est une invention moderne. Notre civilisation protège les faibles, les pauvres, les malades. Du point de vue de la génétique, c'est une terrible erreur. Voilà pourquoi la race humaine est en pleine dégénérescence.
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C’était là, au centre de son être, qu’étaient concentrés l’énergie vitale et le courage. Elle respira de toute sono âme, laissant l’air pur emplir sa poitrine et parcourir les chemins de son corps, jusqu’au bout de ses doigts et de ses orteils. Trois fois elle répéta la même respiration profonde et, les yeux toujours fermés, visualisa l’aigle, son animal totémique. Elle fit l’expérience d’un pouvoir extraordinaire, toute la force de l’aigle étant contenue dans son sang. Elle sentit que cette force parvenait jusqu’à l’ultime fibre de son corps et de sa conscience. Je suis Aigle, prononça-t-elle à haute voix.
(...)
Cette agilité provenait du lieu le plus caché et le plus mystérieux, un lieu de calme dans son cœur, où logeaient les nobles qualités de son animal totémique. Elle était Aigle, l’oiseau qui vole le plus haut, la reine du ciel, celle qui fait son nid là où seuls arrivent les anges.
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Les nahab sont semblables aux morts, leur âme s’est échappée de leur poitrine. Les Nahab ne savent rien de rien, ils ne peuvent attraper un poisson avec une lance, ni atteindre un singe avec une flèche, ni grimper à un arbre. Ils ne sont pas vêtus d’air et de lumière, comme nous, mais s’habillent de vêtements infects. Ils ne se baignent pas dans les rivières, ignorent les règles de la décence ou de la politesse, ne partagent pas leur maison, leur nourriture, leurs enfants ou leurs femmes. Leurs os sont mous et un petit coup suffit pour briser leur crâne. Ils tuent des animaux et ne les mangent pas, les abandonnant à la pourriture. Où qu’ils passent, ils laissent leurs déchets et leur poison, même dans l’eau. Les nahab sont si fous qu’ils prétendent emporter les pierres du sol, le sable des fleuves et les arbres de la forêt. Quelques-uns aiment la terre. Nous leur disons qu’on ne peut pas emporter la forêt sur le dos comme un tapir mort, mais ils n’écoutent pas. Ils nous parlent de leurs dieux, mais ne veulent pas entendre parler des nôtres. Ils sont insatiables, comme les caïmans.

(N.B. les nahab = les hommes blancs)
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-Tu es crédule pour ton âge, Kate, commenta le garçon sans pouvoir éviter le ton sarcastique en s'apercevant que sa grand-mère croyait à ces histoires.

-Avec l'âge, on acquiert une certaine humilité, Alexander.
Plus je vieillis, plus je me sens ignorante. Seuls les jeunes ont des explications pour tout.
A ton âge on peut être arrogant et il importe peu d'être ridicule - rétorqua sa grand-mère.
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