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Alex Lhermillier (Traducteur)Nelly Lhermillier (Traducteur)
EAN : 9782246773214
528 pages
Grasset (11/05/2011)
4.1/5   281 notes
Résumé :
1770, Saint-Domingue.
Zarité Sedella, dite Tété, a neuf ans lorsqu'elle est vendue comme esclave à Toulouse Valmorain, jeune français tout juste débarqué pour prendre la succession de son père, propriétaire terrien mort de syphilis. Zarité va découvrir la plantation, avec ses champs de canne à sucre et les esclaves courbés sous le soleil de plomb, la violence des maîtres, le refuge du vaudou. Et le désir de liberté. Car entre soldats, courtisanes mulâtres, pi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
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« Les Nègres ont une moindre capacité de souffrance : la preuve, c'est qu'aucun Blanc n'accepterait ce qu'ils supportaient et, de même qu'on retirait leurs chiots aux chiennes et leurs veaux aux vaches, on pouvait séparer les esclaves de leurs enfants ; en peu de temps elles se remettaient de cette perte et ne s'en souvenaient même plus par la suite ».

Voilà la base sur laquelle les Blancs de la fin du 18e siècle vivent et sont heureux. Voilà la base de cette histoire qui retrace de manière romancée la vie abominable des esclaves noirs, principalement à Haïti – appelée Saint-Domingue - .
C'est vous dire ma révolte tout au long de ma lecture. Oui, je savais que l'esclavage avait existé, oui, j'avais appris à l'école que l'esclave était la propriété totale du maître qui pouvait en disposer à sa guise, le fouetter, le mutiler, le violer, le tuer, l'affamer, le séparer de ses enfants. Mais ici, ce n'est plus une « simple » connaissance culturelle, mais une immersion dans la boue de cette civilisation qui se voulait toute-puissante et se disait supérieure.

J'ai suivi pas à pas la famille Valmorain, propriétaire d'une plantation de cannes à sucre, ainsi que Tété, l'esclave « privilégiée » du maître parce qu'il disposait à toute heure de son corps. Tété et sa famille, d'ailleurs, car elle a eu des enfants de ce maître. Et leur « petite » histoire est reliée à la grande, car la révolte menée par Toussaint Louverture est en marche ; Napoléon s'en mêlera, et puis Jefferson, président américain qui rachète la Louisiane.
La Louisiane, me dites-vous ? N'étions-nous pas à Saint-Domingue ? Non, je ne perds pas le nord ! Valmorain et sa famille doivent fuir cette île où la révolution des esclaves éclate dans des bains de sang, et se réfugie à Cuba puis en Louisiane. Tous les protagonistes de cette histoire, maitres et esclaves, Blancs et Noirs, s'y retrouveront d'une manière ou d'une autre.

Petite histoire et Grande Histoire, violence, haine, mais aussi amour. Car s'il n'y avait l'amour, à quoi bon lutter pour vivre ? Tété aime, envers et contre tout. Ses enfants aussi vont connaitre l'amour, mais non sans heurts. Cette société de castes, où les mulâtres libres font peur, où les cocottes quarteronnes font la loi chez les hommes blancs grâce à leur corps de miel, où les Noirs sont traités comme du bétail, où les Blancs se pavanent, Isabel Allende nous la raconte avec naturel, franchise, vérité.

Je suis arrivée au bout de ce pavé complètement sonnée, abasourdie, mais aussi pleine du parfum de ces îles, de la musique de ces créoles, des rites vaudous magiques, de leurs danses en transe.
Bref, pleine de la vie de tous ces gens qui, lorsque celle-ci parviendra à son terme, rejoindront le paradis promis, l'île sous la mer.
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Avec L'île sous la mer, j'ai pu apprécier les qualités de conteuse d'Isabel Allende. Dès les premières pages, le récit de l'esclave Zarité m'a emportée des plantations françaises de Saint-Domingue - la future Haïti indépendante - à La Nouvelle Orléans. Voyage dans l'espace et remontée dans le temps puisque le premier chapitre débute en l'an 1770.

L'histoire en minuscule se mêle à celle en majuscule, ses personnages assistant ou participant aux bouleversements de l'époque. Isabel Allende reconstitue parfaitement le contexte historique, sans pour autant transformer son roman en un essai magistral sur la période. Elle parvient à mêler les deux avec une grande fluidité. Elle permet ainsi au lecteur d'apprendre une foule de choses tout en suivant Zarité, Valmorain, Gambo et tous les autres. J'ai de cette façon découvert les grandes révoltes qui soulèvement pendant des années Saint-Domingue jusqu'à ce que la partie française devienne indépendante et prenne le nom de Haïti, nom originel de l'île avant que les Espagnols n'arrivent et déciment totalement les Arawaks, tribu indienne autochtone.

Toutes les parties concernant le vaudou et ses rites m'ont également passionnée. On est loin ici de l'utilisation horrifique qu'on fait trop souvent de cette religion. Si je me réfère à un site que j'ai consulté en parallèle, le roman d'Isabel Allende est l'un de ceux qui expliquent et mettent en scène ce culte avec le plus de précision et de sérieux. Je ne dirais pas que loas et rites n'ont plus de secrets après cette lecture - ce n'est pas plus un essai ethnologique qu'historique - mais ça donne un aperçu général.

Autre point sur lequel on apprend beaucoup, il s'agit de l'esclavage. le récit se déroule principalement dans des plantations de canne à sucre. le travail est si dur et le traitement des esclaves si déplorable que les maîtres sont au regret de devoir renouveler leur "cheptel" régulièrement. Des bateaux spécialisés dans la traite négrière accordent sans cesse pour apporter de nouvelles forces de travail. L'auteur dresse un portrait très complet de ce système aberrant. On voit les souffrances endurées, l'humiliation d'être considéré comme une marchandise, de se retrouver sous la férule d'un maître qui peut disposer comme il l'entend de sa propriété. Nombre se scènes sont atroces et m'ont fait bondir de colère face aux théories mises en avant pour justifier l'asservissement des peuples africains, les arguments passant du naturalisme à la Bible.
En ce sens, ce livre m'a fait penser aux divers ouvrages d'Alex Haley, notamment Racines ou Queen. Et bien d'autres. A chaque fois je me sens consternée et affligée devant l'horreur de ce système.

Isabel Allende signe avec L'île sous la mer un roman marquant et fort, à la fois dramatique et plein de vie. Les personnages sont nombreux et tous travaillés en profondeur. On est loin d'un manichéisme primaire "méchants Blancs / gentils Noirs". Les individus mis en scène reflètent, je pense, le panel de nuances de toute société. L'auteur réussit à nous attacher à eux et j'ai refermé les pages sur Zarité, Violette, Tante Rose, le docteur Parmentier et bien d'autres, avec regret. Ses personnages sont majoritairement féminins et font pour la plupart preuve d'une force extraordinaire dans une société où le sang et la couleur de la peau suivent une hiérarchie stricte entre Grands Blancs, Petits Blancs, quarterons, Noirs, affranchis, etc.

En conclusion, ce livre m'a émue, m'a révoltée, m'a instruite et m'a apporté un formidable moment de lecture. J'en ressors sonnée mais aussi ravie. J'ai hâte de lire d'autres textes de cette conteuse hors pair.
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Il y a quelques années, on avait droit chaque été à une grande saga télévisée romanesque. Certaines étaient de qualité, d'autres moins. J'avais bien aimé "Terre Indigo" avec Francis Huster qui se passait à Cuba.
"L'île sous la mer", c'est un peu ma saga de cet été. Même si j'ai avalé ce pavé en quelques jours !


Cette fresque historique nous emmène à Saint-Domingue à la fin du 18ème siècle, au cœur des plantations de canne à sucre. On y découvre la belle Zarité, dite Tété, vendue comme esclave à Toulouse Valmorain, un jeune propriétaire français.
Au-delà d'un magnifique portrait de femme, Isabel Allende nous entraîne dans une bouleversante histoire où s'entremêlent domination et violence des Blancs esclavagistes, exotisme et charme des mulâtresses, tendresse et amitié des enfants élevés ensemble qu'ils soient fils de maître ou fils d'esclave, recours au vaudou, passion amoureuse...autant d'éléments exaltants et passionnants qui auront pour décor l'ïle de Saint Domingue, Cuba et enfin la Louisiane.


Mais, ce roman, c'est avant tout un hymne à la liberté.
Liberté dont le souffle imprègne chaque page et guide pas à pas l'héroïne et tous ceux qui avec elle n'ont qu'un désir : s'affranchir du joug des Blancs au péril même de leur vie.
Il n'y avait que deux solutions qui s'offraient pour ces hommes privés de liberté : mourir et rejoindre leurs ancêtres à l'"Île sous la mer" ou s'enfuir.


C'est un roman qui prend aux tripes. Parce qu'on vit avec une émotion intense chaque moment dramatique ou heureux de la vie de Tété mais aussi parce qu' Isabel Allende s'est attachée à retracer, avec documentation sérieuse à l'appui, une réalité historique qui ne peut laisser indifférent : le fonctionnement des plantations, la traite des Noirs, leur exploitation qui menait le plus souvent à leur mort, les croyances spirituelles, notamment le vaudou, qui les aidaient à tenir.
L'Histoire de Saint-Domingue qui deviendra la première république noire indépendante; appelée désormais Haïti y est relatée avec brio. Sans en faire un personnage de premier plan, Isabel Allende immisce dans cette fresque bouleversante l'histoire de cet homme incroyable que fut Toussaint Louverture. Cela me donne envie d'en savoir plus et de me plonger dans une biographie plus approfondie de ce Spartacus noir.
On suit également de loin l'évolution des événements politiques et mouvementés qui eurent lieu en France en cette période fort bouleversée ainsi que l'avenir de la Louisiane.


Voilà, vous l'avez compris. Cette lecture riche en rebondissements et en détails historiques m'a vraiment ravie !
Je n'avais jamais lu de roman d'Isabel Allende jusqu'à présent. Il est fort possible que je m'attache à lire d'autres ouvrages de cette auteur chilienne.
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C'est un roman qui met les Caraïbes à l'honneur, tant à Saint-Domingue (qui va devenir Haïti) qu'à Cuba puis à la Nouvelle-Orléans (à l'exception de brèves incursions à Boston ou à Paris) au fil des déplacements de Toulouse Valmorain, devenu planteur et esclavagiste à la mort de son père. Mais l''île du titre, sous la mer, n'a rien à voir avec les Caraïbes, c'est, pour les esclaves, l'endroit où ils pensent aller retrouver leurs ancêtres à leur mort. Il s'agit d'un roman historique qui a un petit air de saga ou tout au moins de fresque historique, et pourtant l'histoire est concentrée sur une quarantaine d'année, de 1770 à 1810. C'est l'histoire de Zarité, petite esclave de 9 ans au début de l'histoire. L'intrigue est très romanesque, le personnage de Zarité, dite Tété, est attachant, d'autant que l'auteur lui confie la narration de certains chapitres à la première personne. Les autres personnages sont moins fouillés, certains sont même caricaturaux (le gérant de la première plantation), mais avec tous ces personnages que rencontre Tété, Isabelle Allende a réussi à faire le tour de bien des facettes de l'esclavage tant côté esclaves que côtés maîtres, c'est très documenté, les contradictions de certains blancs sont bien montrées, j'ai appris beaucoup de chose sur l'histoire d'Haïti (conflits entre planteurs blancs et petits blancs et mulâtres, rôle de la Révolution française et rapport de la colonie avec la France métropolitaine), sur le vaudou aussi; les différences sociétales et culturelles entre Saint-Domingue, Cuba et la Nouvelle-Orléans sont bien montrées. On apprend beaucoup de choses et pourtant jamais on n'a l'impression de lire un manuel d'histoire, cela se lit tout seul car c'est toujours bien intégré à l'intrigue et à ce beau portrait de femme.
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Enfin ! Enfin un grand livre qui m'a captivée, émue, tenue en haleine ! Enfin un roman historique comme on les aime : un roman dans lequel la grande Histoire s'incarne dans des personnages tellement attachants. C'est le dixième roman que je lis d'Isabel Allende, et j'aime toujours autant son écriture et son inspiration. Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour en lire un autre ?
(La faute aux challenges peut-être…?)
On quitte ici l'Amérique du Sud pour retracer, au 18ème siècle et au début du 19ème, la révolution qui fit naître la première République noire au monde, Haïti.
Le lieu principal est une immense plantation de canne à sucre, appartenant à la famille Valmorain. L'action débute avec l'arrivée de l'héritier, élevé dans la France des Lumières mais dont la veulerie s'accommode parfaitement de l'économie esclavagiste : il lui suffit, pour garder les mains propres, de charger un cruel sous-fifre des coups de fouet et autres tortures destinées à maintenir les esclaves dans la terreur.
Et "L'île sous la mer" pour les esclaves, dans la religion vaudoue, c'est à la fois la mort, la nostalgie de l'Afrique perdue mais aussi la liberté qu'ils et elles ne connaissent pas dans cette vie.
Parmi ces esclaves, Zarité dite Tété, dans sa quête de liberté, incarne le courage, la générosité et la résilience. C'est l'histoire de sa lente et difficile émancipation qui nous est contée ici : Zarité est la gouvernante de Valmorain, son esclave sexuelle et la mère de ses enfants. Son amoureux, l'esclave Gambo, la quitte pour devenir un marron, vivre libre en montagne dans la clandestinité, et organiser la révolte aux côtés des figures historiques de la révolution haïtienne.
Et l'on traverse ainsi ces années agitées, la Révolution française et la période napoléonienne, vues depuis les colonies.
On rencontre aussi une foule de personnages pleins d'humanité, Rose la guérisseuse, Parmentier le médecin qui prend des leçons auprès d'elle, Violette l'intelligente "cocotte"…
Difficile de s'arracher à la lecture de ce roman captivant, qui vous laisse émue mais aussi plus instruite sur les épisodes tragiques qui constituent l'histoire d'Haïti.
Excellente traduction d'Alex et Nelly Lhermillier.
Challenge Globe-Trotter (Chili)
LC thématique de septembre 2022 : "État des lieux"
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critiques presse (4)
LePoint
03 août 2011
L'écrivain chilienne ensorcelle avec "L'île sous la mer", qui raconte l'horreur de la servilité, les viols, les humiliations à Haïti, sur fond de croyances vaudoues. [..] Une plongée dans les origines d'Haïti, première république noire indépendante. Un roman fort, dense et envoûtant.
Lire la critique sur le site : LePoint
LesEchos
01 août 2011
Le beau récit de l'émancipation d'une esclave noir. Le dernier opus d'Isabel Allende est autant un roman d'aventures qu'une ode militante à la liberté. La grande saga de l'été.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
09 juillet 2011
C'est un beau livre. Touffu, passionnant, sensible. Un lourd pavé qu'on traînera sûrement à la plage, avide de savoir ce qui va se passer, quelles horreurs - effrayantes - et quelles tendresses - délicieuses - on va découvrir au fil de ces pages serrées.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
14 juin 2011
L'enfer, sous les eaux. Le paradis, sous les eaux aussi. Isabel Allende a conjugué les deux, par amour de l'histoire et des histoires.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
"Ces superstitions ne méritent pas l'attention d'un scientifique comme vous, docteur, ironisa Valmorain.
_ J'ai vu des guérisons prodigieuses, mon ami, tout comme j'ai vu des gens mourir sans aucune cause, pour la seule raison qu'ils se croyaient victimes de magie noire.
_ Les Africains sont très influençables.
_ Tout comme les Blancs. Votre épouse, sans aller plus loin...
_ Docteur, il y a une différence fondamentale entre un Africain et mon épouse, aussi dérangée soit-elle ! Vous ne croyez tout de même pas que les nègres sont comme nous, n'est-ce pas ? l'interrompit Valmorain.
_ Du point de vue biologique, il est évident qu'ils le sont.
_ On voit bien que vous n'avez pas souvent affaire à eux. Les nègres ont une constitution qui les destine aux travaux pénibles, ils ressentent moins la douleur et la fatigue, leur cerveau est limité, ils n'ont aucun discernement, ils sont violents, désordonnés, paresseux, ils manquent d'ambition et de sentiments nobles.
_ On pourrait dire la même chose d'un Blanc abruti par l'esclavage, monsieur.
_ Quel argument absurde ! dit l'autre avec un sourire dédaigneux. Les nègres ont besoin d'une main ferme. Et notez que je parle de fermeté, pas de brutalité.
_ Sur ce point, il n'y a pas de moyen terme. Dès lors qu'on accepte la notion d'esclavage, le traitement revient au même, lui rétorqua le médecin.
_ Je ne suis pas d'accord. L'esclavage est un mal nécessaire, c'est la seule manière de mener une plantation, mais on peut le faire de façon humanitaire.
_ Il ne peut être humanitaire de posséder et d'exploiter une autre personne, répliqua Parmentier.
_ Vous n'avez jamais eu d'esclave, docteur ?
_ Non, et je n'en aurai jamais.
_ Je vous en félicite. Vous avez la chance de ne pas être un planteur, dit Valmorain. Je n'aime pas l'esclavage, je vous l'assure, et j'aime encore moins vivre ici, mais il faut bien que quelqu'un dirige les colonies pour que vous puissiez sucrer votre café et fumer un cigare. En France, on profite de nos produits, mais personne ne veut savoir comment on les obtient. Je préfère l'honnêteté des Anglais et des Américains, qui acceptent l'esclavage avec pragmatisme, conclut Valmorain.
_ En Angleterre et aussi aux Etats-Unis, certains remettent sérieusement en question l'esclavage et refusent de consommer les produits des îles, en particulier le sucre, lui rappela Parmentier.
_ Ils sont en nombre insignifiant, docteur. Je viens de lire dans une revue scientifique que les nègres appartiennent à une autre espèce que la nôtre.
_ Comment l'auteur explique-t-il que deux espèces différentes aient des enfants ? lui demanda le médecin.
_ En croisant un poulain et une ânesse on obtient un mule, qui n'est ni l'un ni l'autre. Du mélange des Blancs et des Noirs naissent les mulâtres, dit Valmorain.
_ Les mules ne peuvent se reproduire, monsieur, les mulâtres oui. Dites-moi, si vous aviez un enfant avec une esclave, serait-il humain ? Aurait-il une âme immortelle ?"
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Parmentier n'essaya pas de le distraire, il se contenta de lui offrir de l'opium, le seul calmant disponible, ou une potion foudroyante pour mettre fin à ce supplice en quelques minutes; c'était une option qu'il ne devait pas proposer en tant que médecin, mais il avait été témoin de tant de souffrances dans cette île que le serment de préserver la vie à tout prix avait perdu son sens; dans certains cas, il était plus éthique d'aider à mourir.
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Ils voyaient les Américains comme des barbares couverts de peaux de buffle qui prenaient leur repas les bottes posées sur la table, totalement dépourvus de décence, de mesure et d'honneur. Et ne parlons même pas d'élégance! Les seules choses qui les intéressaient: parier, boire, se tirer dessus ou se frapper à coups de poing; ils étaient d'un désordre diabolique et, par-dessus le marché, protestants. En plus, ils ne parlaient pas le français. Eh bien ils allaient devoir l'apprendre, sinon, comment pensaient(ils vivre à la Nouvelles-Orléans? Toute la ville fut d'accord pour dire qu'appartenir aux Etats-Unis équivalait à la fin de la famille, de la culture et de la seule vraie religion.
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Il pénétrait dans le quartier du Marais, le pire des antres de dépravation du Mississippi, protégé par son inaltérable innocence et son auréole incertaine. C'est là que s'entassaient, dans les tripots et les lupanars, les rameurs des canots, les pirates, les souteneurs, les déserteurs de l'armée, les marins en goguette, les voleurs et les assassins. Tété, effrayée, avançait au milieu de la boue, des vomissures, de la merde et des rats, se tenant à l'habit du capucin, invoquant Erzulie à haute voix, tandis que lui savourait le plaisir du danger.《Jésus veille sur nous, Tété》, l'assurait-il, heureux. 《Et s'il a un moment d'inattention, mon père?》
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Dans le vaudou, tous les participants étaient des officiants et pouvaient connaître la divinité lorsque les loas s'emparaient d'eux, le rôle du houngan ou de la mambo consistant uniquement à préparer le hounfort pour la cérémonie.
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Film documentaire sur Isabel Allende - 2007 - en espagnol avec des sous-titres en anglais
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