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Mon premier auteur turc et ce récit est touchant, vibrant. Ahmet ALTAN a raconté son emprisonnement par une diversion poétique et sans sensationnalisme. Un bon moment de lecture. C'est court, on aurait aimé en savoir plus. L'auteur est resté pudique.
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J'ai rencontré Ahmen Altan avec son incroyable roman d'amour Madame Hayat et j'étais dès lors déterminée à lire le texte qu'il avait écrit alors qu'emprisonné pour avoir prétendument participé à un coup d'Etat contre le gouvernement turc. Ce texte est tout simplement une leçon de résilience, et de courage. Il en émane la force surhumaine de l'auteur. Beaucoup de passage m'ont parlé. C'est révoltant et magnifique à la fois.

Conseillé à celles et ceux qui aiment autant qu'ils oublient leur liberté.
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Ahmet Altan est arrêté. Il le savait, avait tout prévu. Certaines préparent leur sac pour la maternité, d'autres leur sac pour la prison. Dans cette épreuve, il convoque son père, lui aussi arrêté quarante cinq ans auparavant, mais aussi Sénèque, Saint Just, Borges, César et tant d'autres.

Être enfermé lui ouvre les portes de l'imagination. Il faut au moins cela pour vaincre l'ennui et supporter l'insupportable. Au gré des jours qu'il passe entre ces murs, ses réflexions se font plus profondes et passionnantes les unes que les autres. L'auteur réussit le tour de force de s'évader en forçant les barreaux par la « simple » évocation des livres.

Il est parfois question de peurs (du temps qui passe, de ne plus pouvoir rêver …) qu'il surmonte en imaginant des stratagèmes, en surpassant son imagination et en rêvant.«  Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre, que son père lui donna à dix ans, l'aida dans cette quête de liberté.

Mais ces textes sont aussi ceux d'une justice défaillante, ou plus exactement d'un système défaillant et surtout totalement absurde et arbitraire. A propos du simulacre de jugement, il reprend, à propos de ses juges, une citation d'Elias Canetti, prix Nobel de littérature « Satisfaits d'eux mêmes, sereins et majestueux, ils écoutent vos requêtes, mais d'une oreille sourde, d'avance décidés à ne pas y répondre … Y a-t-il rien de plus infâme ? »

Ces textes sont d'une poésie et d'une force incroyable. Il avoue manquer de courage … qu'il méprise par ailleurs. Alors tel Ulysse, il s'en tire avec cette plume fantastique et héroïque où il transforme sa vie en odyssée « contenant autant d'héroïsme que de lâcheté, de vertu que de ruse, de défaites que de victoires, mais ce sera son aventure, qui ne cédera qu'avec sa mort. »

J'avais hâte de retrouver la plume de cet auteur turc (ah son Madame Hayat) et vous savez quoi je suis définitivement sous le charme !

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Suite à la vague d'arrestations orchestrée par Erdogan après la tentative de putsch de juillet 2016, Ahmet Altan, journaliste et écrivain, est placé en détention et, à l'époque, condamné à perpétuité, comme nombre de ses pairs. Alors que les motifs de son délit se (dé)forment au gré de l'inspiration des juges, Ahmet Altan, des confins de sa prison, écrit.
Ces textes n'ont pas été publié en Turquie : feuillet après feuillet, ils sont passés de sa main à celles de ses avocats puis à d'autres, illustres et anonymes, jusqu'à bénéficier d'une traduction et parvenir jusqu'à nous. le récit, flegmatique, saisissant, du jour de son arrestation y sert de préambule, avant que les conditions de sa détention n'alternent avec les rêveries, les réflexions – qu'on imaginerait sans peine, dans la solitude que doit être la sienne, se parfaire à voix haute – sur l'enfermement, toujours ; sur la poésie, aussi et la force qu'elle fait naître, quand il ne reste que le temps à inventorier et l'espoir, coûte que coûte, à alimenter.
« Je ne reverrai plus le monde » est un ouvrage fait de méandres, entre témoignage et littérature, chroniques et mémoires – sa beauté, en tout cas, n'a d'égale que sa dénonciation latente d'un régime au bord du totalitarisme.
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L'auteur est essayiste, journaliste et écrivain. Il a été rédacteur en chef du quotidien "Taraf" jusqu'en 2012. Suite à la tentative de putsch contre Erdogan, en juillet 2016, une vague d'arrestations a lieu en Turquie, de manière totalement arbitraire, parmi les journalistes, les enseignants, les intellectuels et tous ceux qui se sont engagés, par leurs écrits ou leurs propos, contre le gouvernement en place.

Ahmet Altan et son frère (journaliste et professeur d'économie) sont arrêtés, comme leur propre père, quarante cinq ans auparavant. L'auteur sera condamné à la perpétuité en 2018, car accusé d'avoir incité la population à la révolte. Un nouveau verdict permettra dans un premier temps de le libérer, mais il sera arrêté à nouveau, quelques jours après.
Dans ces dix-neuf textes, poignants, mais tellement vivants et dignes, écrits du fond de sa cellule en toute discrétion, et sortis des lieux par ses avocats, feuillet après feuillet, l'auteur nous décrit son quotidien, sa solitude, la solidarité qui s'installe peu à peu entre les hommes, tous là pour les même raisons obscures.
Jour après jour, qu'ils soient croyants ou pas, jeunes ou plus âgés, ils font connaissance, ils se racontent et échangent des anecdotes sur leurs vies, leurs familles, leurs croyances, dans une grande tolérance qui est, pour nous, une belle leçon de vie.

L'auteur sait particulièrement bien exprimer ses doutes, partager ses réflexions sur la liberté, la croyance religieuse, l'amour et bien d'autres sujets, et nous faire part de ses espoirs. le lecteur ne peut qu'admirer son courage, alors qu'il vit dans des conditions épouvantables, et qu'il va connaître la torture et l'humiliation.
L'auteur nous parle aussi de ses lectures, et de l'importance de ne jamais cesser d'écrire, pour se sentir vivre en tant qu'écrivain même dans ce lieu. L'écriture pour lui, tient autant de la résistance, que du rêve éveillé, et de l'envie qu'on ne l'oublie pas, lui qui croupit dans cette cellule, loin des siens et du monde.
Il nous décrit ses deux procès avec une pointe d'humour, ce qui rend leur lecture supportable, car comment rester de marbre devant telle injustice. Les droits élémentaires de l'homme sont bafoués, même le juge n'en revient pas d'avoir à s'occuper d'une telle affaire. Tout n'est que mise en scène.
L'auteur nous livre toute une série d'actions simples que nous faisons tous les jours en liberté et que lui ne peut plus faire comme...se regarder dans un miroir, ouvrir une porte tout seul pour sortir, embrasser ceux qu'il aime, regarder le ciel sans barreaux, autant de preuves criantes de la privation de liberté. le pouvoir des mots est terriblement évocateur.
Le lecteur ressent cette détention au fin fond de lui-même, comme s'il était lui-même enfermé.

C'est un livre dont il est très difficile de parler, car tout est dans l'ambiance, dans les mots et le ton employés, tout en pudeur et retenue. L'auteur sait mettre la juste distance entre les évènements vécus et son ressenti. Il reste digne et cela nous touche et nous révolte d'autant plus.
Je ne peux que vous inviter à découvrir ce livre empli d'humanité. Bien que certains passages soient terriblement choquants, vous vous en doutez, il est porteur d'espoir, car l'auteur sait mettre de la légèreté dans ses propos. Il nous invite à rêver, à mettre de la poésie dans notre vie, à croire en la puissance des mots et de la liberté. Personne ne peut nous prendre nos pensées. Pourtant lorsqu'il écrit ces réflexions, du fin fond de sa prison, l'avenir de l'auteur est bien obscurci.

C'est un livre accessible à tous qui n'est pas un livre politique mais un témoignage. Il ne peut qu'inviter le lecteur à vouloir en savoir davantage sur ce qui se passe en Turquie, et il est donc édifiant à ce propos. Il peut être lu dès le lycée afin de susciter des débats en classe, sur l'acte d'écrire, la privation de liberté, les droits de l'homme ou la liberté d'expression.
La Cour Européenne des droits de l'homme a condamné l'Etat turc à cause de la détention injustifiée d'Ahmet Altan. Il a été libéré par les autorités turques le 14 avril 2021. J'avais acheté ce livre en librairie, la veille. Il était temps que je vous le présente.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Suite à la tentative de coup d'état de 2016 en Turquie, une série d'arrestations arbitraires a été décidée dans différents corps de métiers du pays. Les journalistes et écrivains ont subi le même sort. 

Ahmet Altan a été accusé par le gouvernement turc de diffuser des messages subliminaux. Il décrit son arrestation au petit matin avec son frère Mehmet. Il pense à son père qui quelques quarante-cinq plus tôt aussi un matin a été arrêté. "Ce que je vis n'a rien d'un "déjà vu". C'est la répétition d'une même réalité". (Extrait du livre).  

"Quarante cinq ans d'un seul matin pendant lequel mon père était mort et où j'avais vieilli, mais dont l'aube et ses intrus demeuraient inchangés". (extrait du livre)

Ce livre écrit en prison est un magnifique plaidoyer pour la liberté. Un écrivain peut-il devenir un modèle de courage et de résistance en écrivant des textes, dans des conditions inhumaines ? Il est évident que oui. Il suffit de lire  les textes d'Ahmet Altan pour comprendre ce que veut dire la résistance à l'oppression et la défense des valeurs humanistes.

Le début du livre est un déchirement devant l'injustice de son arrestation, mais Ahmet Altan nous propose une autre façon de la regarder. Page après page, Il nous invite à le suivre dans son cheminement intellectuel. D'abord, il y a son attitude distante face aux policiers qui viennent l'arrêter. A un policier qui lui offre une cigarette, il répond : J'ai secoué la tête en souriant : "Merci, je ne fume que quand je suis tendu". Cette réflexion déroutante et d'une force incroyable qui nous invite à sourire malgré tout. 

Puis, Ahmet Altan nous incite à réfléchir avec lui sur sa condition d'écrivain. Une question va être le fil rouge de ce livre : peut-on mettre un écrivain en prison ? Si on écoute les arguments d'Ahmet Altan, et bien non ! Un écrivain est un homme libre qu'aucune prison ne pourra enfermer. C'est toute la force de la littérature.

J'ai souri au policier qui me regardait à travers les barreaux. Vu de l'extérieur, j'étais un vieil Ahùet Hüsrev Altan aux cheveux blancs, allongé par terre dans une cage sans air et sans lumière, fermée par des barreaux en fer. Mais cela, c'était la "réalité" de mes geôliers. La mienne est tout autre. Moi, j'étais un jeune officier qui mange tranquillement des cerises, un pistolet braqué sur le coeur, j'étais Borges répondant "la vie" au voleur, j'étais César qui fait dresser des murs à Alésia. Parce que moi, il n'y a que quand je suis "tendu" que je fume (Extrait du livre)

"Ma vie serait faite de toutes ces invisibles luttes que livre la conscience entre quatre murs : j'allais être contraint de vivre en m'accrochant aux branches de mon propre esprit, les pieds suspendus au dessus du gouffre, sans pouvoir jamais m'abandonner, ne serais que l'espace d'un instant  de faiblesse, à ces douces ivresses qui font dévier les hommes de leur route. J'étais face au monstre de la réalité" (Extrait du livre)

"J'écris ces lignes dans ma cellule. Mais je ne suis pas en prison. Vous pouvez m'emprisonner mais vous ne pouvez pas me garder ici. Comme tous les écrivains, je suis magicien. Je peux traverser vos murs sans mal." (Extrait du livre)

Ahmet Altan nous raconte aussi comment le système carcéral broie les hommes. Il y a la promiscuité qui empêche toute intimité, les procès de mascarade qui enlèvent tout espoir de justice, les proches à l'extérieur qui attendent...

Des pages qui font réfléchir, des pages qui nous émerveillent de beauté par le style de l'écriture, des pages qui nous horrifient :  "Je ne reverrai plus le monde" c'est tout cela à la fois.

Ahmet Altan est un immense écrivain, qui nous montre le chemin de la liberté. Un écrivain que nous devons lire pour qu'il ne meurt pas. 

 Ahmet Altan a été libéré le mercredi 14 avril 2021. 
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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Ce livre est une pure merveille ! Merveille de sensibilité, d'humanité, d'intelligence, de culture, d'humour et de courage (n'en déplaise à son auteur). Ahmet Altan, journaliste et écrivain, croupit dans les prisons d'Erdogan, condamné sans preuve pour des raisons loufoques et contradictoires.
Il analyse son quotidien avec une acuité remarquable, son livre est passionnant et touchant.
C'est aussi une oeuvre sur la résilience grâce à la lecture, l'écriture, le rêve et l'imagination. Si vous aimez la littérature, vous aurez l'impression d'avoir rencontré un ami.
Le style est à la fois ciselé et dépouillé, comme les arabesques de l'art musulman.
Lisez-le, il a besoin de vous !
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Je ne connaissais pas cet auteur, mais le titre de ce livre m'a attirée. Je n'ai pas été déçue j'ai été éblouie par son style et surtout par son contenu. Je n'avais pas lu de livre pareil depuis très longtemps', il donne envie de le lire à haute voix de le relire aussi et surtout de le partager. J'adore lire mais je suis rarement bouleversée par mes lectures. Celle-ci m'a complètement chamboulée.
Je viens d'apprendre que l'auteur a de nouveau été emprisonné après un bref instant de liberté. Plus que jamais sa parole et ses écrits méritent d'être partagés et relayés par les hommes libres que nous sommes.
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Un très grand livre. Il vaut mieux le découvrir plutôt que de lire des critiques déflorant le sujet. L'écriture est magnifique, ciselée, aucun mot ni paragraphe n'est en trop. Un chemin vers la résilience (une résonance particulière en temps de confinement) à partir du quotidien de la privation - injustifiée - de liberté.
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Journaliste, écrivain turc, Ahmet Altan, 69 ans, a été arrêté et emprisonné en 2016 à la suite de la tentative de putsch à Istanbul. Condamné à perpétuité.
De sa prison il écrit, ce qui le maintient vivant, lui permet de s'échapper d'entre ses murs. Il a beaucoup lu et voyagé et en imagination il arrive à s'éveiller tous les matins, non pas en prison mais, en entendant les oiseaux chanter au printemps, dans une villa entourée de grands jardins, en hiver et sous la neige, derrière les vitres de la datcha où se cache le Dr Jivago.
Sans haine, il dit ce qu'il vit en prison, les comportements de ceux avec qui il partage sa geôle. S'il ne subit pas de torture il est enfermé, sous-alimenté, parfois emmené à l'hôpital pour une radio, menottes aux mains. L'assistante ne lui permet même pas d'ôter les menottes pour l'examen, alors qu'elle doit savoir combien elles sont pénibles à supporter. Aucune humanité ni compassion, alors que, pratiquante, elle lit le Coran. Où est le bien dans sa religion ?
Après des procès qui n'en ont que le nom, en trois mots les juges le condamnent à perpétuité.
Ahmet Altan, contre toute attente, a été libéré le 5 novembre 2019. Comme il avait été libéré puis arrêté peu après, j'imagine qu'il craint le même scénario et doit vivre sur le qui-vive. Ce qui fut en effet le cas puisqu'il a à nouveau été arrêté 10 jours après avoir été libéré.
Un livre de réflexions, philosophiques parfois, et une manière de résister en prison en s'aidant par l'évasion intellectuelle.
"Vous pouvez me jeter en prison vous ne m'enfermerez jamais.
Comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles".
Une leçon de vie, une vue positive des choses, qui donne la force de vivre alors que le futur n'a aucune perspective puisque Ahmet Altan est emprisonné à vie. Ses écrits qui ne sont pas publiés en Turquie, ont été sortis de prison au fur et à mesure, par ses avocats.
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