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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a beaucoup à dire sur ce livre, qui fut pour moi une belle découverte. Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller au Brésil, mais j'ai eu l'impression d'y être (du moins à l'époque dans laquelle nous plonge le livre, à savoir dans les années 1930). Plus que le paysage, c'est la culture et le mode de vie des brésiliens « noirs et mulâtres » que j'ai trouvé particulièrement bien retranscrit par l'auteur.
Sa plume est très orale et à de multiples reprises j'ai assimilé l'histoire à un conte raconté au coin du feu par un ancêtre. J'ai beaucoup aimé retrouver les croyances locales : le culte des Orishas (ces dieux sacrés dans la culture afro-américaine notamment dans des traditions religieuses telles que le yoruba), les transes lors des macumbas dans les favelas, le vieux et sage guérisseur Jubiaba, les mythes de loups garous et de mauvais esprits… On a l'impression d'y être !
On est tout de même loin du happy end traditionnel des contes justement. Antonio Balduino le protagoniste principal évolue dans la misère des favelas et le racisme. Il va donc connaître beaucoup de coups durs dans sa trépidante existence. Il ne sera d'ailleurs pas le seul, car dans ce livre personne n'est épargné. Certains passages sont incroyablement tristes, mais amenés avec une poésie et un optimiste déconcertants qui sont, selon moi, typiques de ces pays de l'hémisphère sud.

Le hic : Certains passages assez crus qui m'ont un peu dérangés et la conception de la gente féminine de la part d'Antonio qui n'est pas toujours très flatteuse!

En bref : j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre Antonio dans toutes ses aventures. J'ai éprouvé de la tristesse et de la joie pour lui, mais il m'a également souvent mise en colère ! Dans tous les cas, ce livre m'a fait ressentir plein de choses et je l'ai fermé sur une note de mélancolie douce-amère.
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Au cours de ce roman, on suit Antonio Balduino, enfant des rues de Bahia, que l'on va apprendre à connaître en même temps qu'il grandit et découvre le monde.
Amado multiplie les personnages tout au long du parcours de son héros et montre ainsi la multitudes d'ethnies présentes dans ce Brésil bigarré de la première moitié du XXème siècle. On y croise des gens de toutes couleurs et de toutes nationalités, des indiens commes des Européens, des noirs, des blancs, des métis.
Baldo est un personnage libre, qui pense avant tout à passer du bon temps, créant de nombreuses sambas, s'accompagnant de sa guitare, ou vivant de multiples amours, avec toujours à l'esprit cette Lindinalva qui l'a tant marqué, jeune fille rousse, qu'il retrouvera par la suite au cours de son périple.
L'auteur souligne bien les difficiles conditions de vie des gens du peuple, et notamment des noirs, véritables laissés-pour-compte, toujours plus ou moins esclaves des nantis blancs.
Mais ce Brésil est également en train de changer et si les macumbas sont encore souvent pratiquées, si les pouvoirs du sorciers Jubiaba sont souvent sollicités, le monde moderne prend peu à peu racine et avec lui les luttes ouvrières et les revendications des employés contre leurs puissants patrons cyniques. On remarque notamment cela quand Balduino se prend à douter de l'existence d'un Dieu bon qui se soucie du sort des hommes.
Un roman plein de magie, qui pousse vers l'avant et fait preuve d'un optimisme salvateur, notamment grâce à un humour omniprésent, face à la dureté de la vie au coeur des bidonvilles.
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La légende de Baldo

Bahia de tous les saints, Jorge Amado. Traduit du brésilien par Michel Berveiller et Pierre Hourcade, éditions Folio, 384 pages.

par Pierre de Montalembert

Un jour, il le sait, le héros de Bahia de tous les saints, Antonio Balduino, dit « Baldo », sera un personnage de légende, dont on racontera et chantera les hauts-faits et les exploits. Un jour, une étoile brillera dans le ciel, pour rappeler aux hommes sa vie et sa mort. Mais, avant cela, « le nègre Baldo » doit vivre, dans la misère, les combats et les chants.

Comme pour nous faire comprendre que c'est de combat qu'il va s'agir, tout au long du roman, Bahia de tous les saints s'ouvre sur un match de boxe ; l'un des deux combattants est Baldo ; son adversaire, un Allemand qui se proclame champion de l'Europe Centrale. La foule, quant à elle, n'est venue que pour voir le triomphe de son champion, le « tombeur de blancs ». Et, si le champion vacille, il suffit de le provoquer pour qu'il se ressaisisse et l'emporte : un combat de gagné, une fois de plus.

Car les combats, Baldo les connaît, depuis sa plus tendre enfance ; il n'a presque connu que cela, dans les rues miséreuses de Bahia de la première moitié du XX° siècle, dans le quartier du « Morne Châtre-Nègre », lui l'orphelin idéalisant son père sans l'avoir jamais connu, ne se souciant guère de qui avait pu être sa mère, et vivant dans le culte des brigands et des esclaves qui se sont révoltés. Il grandit, élevé par sa tante Louise, passe sa vie dans les rues, se moque de l'école et, se rêvant brigand, s'applique à faire grandir son « oeil de malice », au détriment de son « oeil de piété ». Et pourtant, rien ne saurait le détourner, le soir, de la contemplation du ciel et des lumières de la ville ; ce bagarreur dans l'âme est aussi un contemplatif, qui révère le père Jubiaba, à la fois prête et sorcier, étrange sage sans âge, aux immenses pouvoirs et qui semble avoir toujours existé.

Mais l'enfance prend fin un jour, et pour Baldo, ce jour arrive lorsque sa tante perd la raison et doit être internée. Baldo quitte alors le morne Châtre-Nègre pour rejoindre la ville et ses beaux quartiers, et plus précisément la maison du « Commandeur ». Si sa première pensée est de s'enfuir, il change bien vite d'avis en voyant la fille du Commandeur, la blanche et fascinante Lindinalva, jeune fille âgée de trois ans de plus que lui. Celle-ci devient son amie, sa confidente, et, sans qu'il s'en aperçoive, Baldo se lie irrémédiablement à Lindinalva. L'idylle prend fin quand une servante, jalouse, le calomnie devant le Commandeur, ce qui provoque le dégoût de Lindinalva : Baldo alors s'enfuit et retrouve les rues de Bahia.

Désormais, Baldo est un homme des rues, mendiant comme pour rire, apprenant à jouer de la guitare et à chanter, et, puisque tout est facile pour lui, il devient vite un chanteur réputé dans le Morne, au point qu'un poète vient lui acheter ses chansons. Se battant un soir pour une fille, il est ensuite repéré et devient boxeur, gagne tous ses combats jusqu'à ce soir qui doit lui ouvrir les portes de la gloire, mais où il échoue sans même se battre, parce qu'il a appris que Lindinalva s'était fiancée.

Car c'est d'elle qu'il rêve sans fin, c'est elle qu'il voit dans toutes les femmes qu'il possède et dont il se défait vite : les Marie-des-Rois et Rosenda Roseda passent vite, parce qu'aucune n'est Lindinalva. Il peut bien s'enfuir, découvrir l'exploitation, avoir des aventures rocambolesques, tout le ramène à cette femme. Et dans Bahia où la lutte des classes se double d'une lutte entre noirs et blancs, où, au fond, quelle que soit sa couleur de peau, « tout ce qui est pauvre est devenu nègre » et tout ce qui est nègre reste, au fond, esclave, il est facile de chuter et de passer de l'opulence à la misère. Les chemins de Baldo et de Lindinalva sont voués à se croiser de nouveau, mais pas de la façon qu'il avait imaginée, et cette rencontre aura sur lui des conséquences inattendues. Il reste au « nègre Baldo », à Baldo l'insouciant, qui vit au jour le jour, à découvrir la responsabilité, et à entrer dans la lutte. Ce faisant, lentement, à côté des siens et non plus dans l'individualisme, « l'oeil de malice » cède le pas devant « l'oeil de piété » et la légende de Baldo s'écrit.

© Chroniques de la Luxiotte
(Mis en ligne le 29 novembre 2009)
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Bahia de tous les saints raconte les aventures d'Antonio Balduino, un jeune noir sans le sou, dans le Nordeste du Brésil des années 1930.

[...] Antonio Balduino, le gamin des rues devenu boxeur professionnel, veut en découdre avec la vie. Jeune homme fougueux et invincible, Balduino est un personnage attachant qui cherche à échapper à sa condition sociale.

En brigand joyeux et libre, il traverse le sertão du Nordeste, sa culture populaire et son histoire. Bahia de tous les saints est avant tout un roman social du Brésil des années 1930. Il traite du racisme à l'époque où l'esclavage n'est pas si lointain, mais aussi de l'exploitation de tous les hommes, noirs, métisses ou blancs, et de toutes les femmes, bonnes à enfanter ou à se prostituer.

Bahia de tous les saints est un roman plein de personnages, de destins cruels ou ironiques, de croyances, dont le style, fait de répétitions, colle tout à fait la manière de scander les paroles d'une samba ou d'une macumba.

L'article entier sur Bibliolingus :
http://www.bibliolingus.fr/bahia-de-tous-les-saints-jorge-amado-a109050102
Lien : http://www.bibliolingus.fr/b..
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Un beau roman sur la condition des noirs et de la classe laborieuse au Brésil (il n'y a pas si longtemps que ça). Antonio Balduino, le noir, ("nègre" dans le roman, histoire de bien rappeler que la condition d'esclave n'est pas oubliée) grandit dans les quartiers pauvres de Bahia au son des tam-tam de l'Afrique, protégé par le Saint père Jubiaba qui connait tous les ressorts de la sorcellerie.
Antonio grandit en vagabond après la mort de sa tante, entouré de ses amis, tous des "estropiés" de la vie, abandonnés à eux mêmes. Très tôt il aura la haine des blancs, riches, dédaigneux et qui le rejettent comme la jeune Lindinalva. Se croyant libre, il fait sa vie au rythme des sambas et de femmes qu'il séduit. Mais il aura tôt d'être rattrapé par la réalité d'une vie sans pitié. Travailleur dans les champs puis dans un cirque puis au port de Bahia il va comprendre ce que signifie l'esclavage moderne. L'esclavage d'une classe opprimée par le travail, sans droits et qui crève la faim, qu'on soit blanc ou noir. Avec la "lutte finale" des ouvriers Jorge Amado fait un hommage aux valeurs humaines qui font la force: la solidarité, la fraternité. Un message humaniste, finalement.
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A Salvador de Bahia, dans le nord est du Brésil, Antonio Balduino fredonne à la taverne "La lanterne des noyés", accompagné de sa guitare, cette complainte : "Seigneur donne une trêve à mes soupirs / Je me meurs du chagrin / de ne plus la revoir..." Antonio pourrait raconter bien d'autres malheurs en chansons : enfant pauvre d'une favela, élevé par sa seule tante, un temps mendiant et voyou, il vit de petits boulots sans lendemain. A vingt ans, il a déjà vécu plusieurs vies : employé dans une plantation de tabac, boxeur, artiste de cirque... Mais parce qu'il a promis sur le lit de mort de la seule femme qu'il ait jamais vraiment aimée de prendre soin du fils de celle-ci, il abandonne ses vagabondages pour mener une vie plus régulière et avoir un emploi fixe. Ce métier, ce sera docker. Antonio s'éveille alors à la conscience sociale et politique et devient le leader d'un mouvement de grève générale afin d'améliorer les conditions de vie du prolétariat brésilien.

Ecrivain engagé, Jorge Amado livre un roman politique qui nous plonge dans la culture afro-brésilienne, et lui permet de mettre en avant les valeurs qui lui sont chères : la défense des faibles et des opprimés, l'égalité sociale et l'antiracisme.
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