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EAN : 9782234074231
708 pages
Stock (12/10/2005)
4.07/5   219 notes
Résumé :
Jolie et rayonnante, cuisinière émérite, dona Flor est très aimée. On la plaint aussi parce qu'elle a épousé Vadinho, vaurien, joueur et coureur. Le roman s'ouvre au moment du carnaval et sur la mort inattendue de Vadinho, après sept ans de mariage. Dona Flor se console assez vite en épousant le très respectable docteur Teodoro. Mais cette existence calme et ordonnée prend fin le jour où dona Flor trouve Vadinho étendu nu sur le lit. Invisible à tous, l'homme s'est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Roman, chronique de mœurs, fable, « Dona Flor et ses deux maris » est une œuvre bien singulière !

En 1968, Jorge Amado à déjà une quinzaine de romans à son actif et réussit le tour de force d’écrire une très longue chronique de mœurs dans un style jubilatoire et truculent.
C’est empreint de la bonne humeur communicative qui se dégage de ces 763 pages et encore sous le charme des nombreux personnages cocasses qui traversent cette fable contemporaine que je m’empresse de vous présenter cette étrange histoire bahianaise débordante de vitalité :

Le jour où elle accepte de prendre pour époux l’énergumène Vadinho, Flor la fille cadette de la suspicieuse dona Rozilda, ne se fait déjà plus d’illusions sur les chances de voir son futur mari s’amender avec le temps.
Coureur de jupons, joueur invétéré, bonimenteur le jour, fêtard la nuit, qu’a donc de si irrésistible ce Vadinho pour faire tourner la tête de la sublime Flor ?
C’est que Vadinho a la réputation d’un amant extraordinaire. Jeunes et moins jeunes, riches et pauvres, femmes mariées et prostituées, toutes celles qui le connaissent à Bahia sont sous le charme de ce libertin au grand cœur.

Il n’empêche que Dona Flor endure sept années de rapports conflictuels avec ce mari volage et dépensier qui n’a pas son pareil pour se faire pardonner. Un jour de carnaval, alors qu’il danse la samba déguisé en bahianaise, le beau Vadinho imbibé de cachaça s’écroule au milieu de la rue, raide mort.

Commence pour la jeune veuve une période de sage solitude qu’elle consacre exclusivement à son école culinaire « Saveur et Art ». Les commères et amies du quartier tentent bien de la divertir jouant même les entremetteuses mais rien n’y fait : Flor reste distante et semble se complaire dans le deuil.
Pourtant le feu du désir se réveille intensément la nuit, ce jeune corps n’a que faire de cette période de deuil, de cette abstinence contre nature. Les rêves lascifs et parfois même lubriques exacerbent les sens de la pauvre Flor et la laisse désemparée au petit matin…

Le très respectable docteur Teodoro, le pharmacien de son quartier, qu’elle épouse en secondes noces est à tous points de vue l’opposé de feu Vadinho. C’est un mari rassurant et attentionné mais qui a horreur de l’improvisation, son emploi du temps hebdomadaire est réglé comme du papier à musique, il joue d’ailleurs du basson.
Les rapports d’automate avec son nouvel époux deviennent très vite lassants dans le grand lit de fer et dona Flor se remémore les nuits torrides avec Vadinho.
Heureusement à Bahia, haut lieu de la sorcellerie et de la magie, il suffit parfois de penser très fort à quelqu’un pour qu’il réapparaisse : eh oui, seulement visible par elle, son ancien mari s’est réincarné et n’a rien perdu de sa superbe.
La confusion des sentiments de dona Flor avec deux maris à sa disposition est telle que la chronique de mœurs devient alors d’une drôlerie irrésistible jusqu’à la dernière page.

Jorge Amado aime ses personnages et sait les rendre sympathiques au lecteur ; dona Flor en est l’illustration parfaite et rejoint allègrement Emma Bovary et Anna Karénine au panthéon littéraire des héroïnes inoubliables mais avec un destin bien plus enviable…
Laissez-vous entraîner dans cette samba riche en couleurs, saveurs et sons, concoctée par ce grand nom de la littérature brésilienne, dépaysement et fous rires garantis !
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Jorge Amado a trouvé avec ce roman une pâte très amusante à malaxer entre ses mains expertes. D'une écriture cocasse, drôle, spirituelle il exploite des univers parallèles et des sujets controversés.

Il aborde ces sujets avec maestria, en jouant avec l'histoire, les coutumes d'une époque et les croyances d'une société en pleine effervescence politique et culturelle.

La tolérance comme art de vivre, la bonne humeur comme solution aux tracas quotidiens, la nonchalance comme échappatoire à des problèmes plus sérieux, c'est le portrait d'un peuple et d'une philosophie de vie uniques au monde !

Furieusement burlesque et cocasse!

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Il y a des découvertes dont on se souviendra longtemps, celle-ci en fait parti pour moi.

Dans ma famille on lit et on se prête des romans comme certains se donnerait des vieux vêtements. Mais c'est chez mon oncle, que je fais toujours les meilleures découvertes. Je suis une bonne lectrice, mais je ne prends pas toujours de risque en littérature. Généralement, je connais mes gouts et mes auteurs de prédilections et je ne m'en éloigne pas trop. Mon oncle quand à lui, lit énormément de littérature étrangère : Brésil, Italie ou encore le Vietnam. C'est donc avec lui que je voyage le plus au fil des pages ! Revenons maintenant à ce roman et à cet auteur brésilien.

Au fil des pages, on va développer un grand nombre de nos sens. Tout d'abord la vue pour lire évidement le contenu, mais également l'audition pour entendre la musique brésilienne lors du Carnaval, puis le goût lorsque l'on déguste les plats colorés de Dona Flor et enfin le toucher lorsque la luxure prend toute sa place dans l'histoire.

L'auteur Brésilien, nous parle de son pays qu'il adore, de sa ville qu'il affectionne et surtout des femmes qui le font fantasmer. Ce roman c'est un hymne à la vie qui continu malgré la mort d'un être cher. C'est une femme qui doit continuer sa vie, qui doit reconstruire sa vie et qui doit avancer. Heureusement Dona flor n'est pas une femme qui se laisse abattre, elle peut compter sur un grand nombre de personnes prêtent à l'aider.

Dans un Bahia qui nous est superbement décrit, on se projette avec Dona Flor dans sa vie, dans ses relations et on est happé par tant de couleur, de chaleur, de passion et de folie. Mariée à un homme passionné par le jeu, les femmes, la boisson et l'aventure, Dona Flor va devoir se reconstruire à sa mort. On suit pas à pas le chemin d'une femme qui a perdu un voyou, mais également l'homme de sa vie et l'amant de ses nuits.

Entre ses deux maris radicalement différents, elle va trouver tout ce qu'elle a toujours voulu. Mais la route est longue avant d'arriver là où on doit arriver.
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Le début de ce roman est enthousiasmant.
Vadinho est un fieffé coquin, joueur, menteur, souvent ivre et mari infidèle.
Il est marié à Dona Flor, une jeune femme courageuse, travailleuse et très amoureuse du dénommé Vadinho (qui au passage en plus de lui être infidèle lui vole son salaire et n'hésite pas à la battre si elle refuse)
Dès le premier chapitre Vadinho meurt (crise cardiaque en pleine danse de carnaval à Bahia). C'est l'occasion pour l'auteur de faire un retour en arrière d'environ 7 ans, au début de la rencontre entre Flor et Vadinho. La vie de ce petit quartier est passionnante : tout en couleurs, salsa et épices (Dona Flor donne de cours de cuisine). le chagrin de Dona Flor est très bien analysé. Sa mère est un modèle de mère abusive.
La deuxième partie m'a moins convaincue, Dona Flor rencontre un pharmacien et se remarie : celui ci est l'exact opposé de Vandinho, il est sérieux (trop?), presque austère par rapport au fantasque Vandinho.
Mon avis est un peu mitigé et vient surtout du fait que la quatrième de couverture raconte TOUT. Je m'attendais donc à plus de « réalisme magique » qui n'arrive que dans le dernier quart du livre.
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Cette "histoire d'amour, histoire morale" sert de savoureux prétexte à Jorge Amado pour nous convier à une (parfois un peu trop) longue promenade dans Bahia l'ensorcelée et l'ensorceleuse et surtout les moeurs de celles et ceux qui peuplent ses rues et ruelles. C'est truculent et débordant de vitalité, la langue et le style d'Amado font merveille. Je n'ai qu'un tout petit bémol, j'ai ressenti comme un petit coup de mou et quelques longueurs dans les descriptions des affres du veuvage de dona Flor avant son remariage. Par ailleurs j'ai préféré "Capitaines des sables", plus sombre sans doute, mais aussi plus poétique il me semble. Rien de bien grave toutefois, et nul doute que je continuerai à piocher dans l'oeuvre volumineuse de Jorge Amado.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Tombée sur le lit de fer, dona Flor frémissait. Cette nuit-là le fiel se transforma en miel, de nouveau la douleur naissait dans le suprême plaisir ; jamais elle n'avait été si violente cavale montée par son fougueux étalon, si licencieuse chienne en chaleur et possédée, esclave soumise à la débauche, femelle parcourant tous les chemins du désir, plaines de fleurs et de douceurs, forêts aux ombres humides et aux sentiers défendus, jusqu'au réduit final. Nuit où l'on pénétrait par les portes les plus étroites et les plus fermées, nuit de la reddition du dernier bastion de sa pudeur, oh ! Deo gratias, alléluia ! Quand le fiel se transforme en miel et que la douleur devient le rare, l’étrange, le divin plaisir, nuit faite pour se donner et recevoir.
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Tavinha Manemolência ne touchait pas par ébats amoureux, mais pour la nuit entière, même lorsque le client, limité dans sa liberté par un contrôle familial, sortait à la hâte, n'utilisant que le temps mesuré d'un mensonge. Prix salé, tarif élevé, plaisir cher ; mais tant de recherche et d'attentions, tant de gentillesse et de compétence valaient la dépense.
Le docteur Teodoro restait jusqu'à minuit, faisait parfois un somme dans le lit au matelas moelleux et chaud, avec l'aimable Tavinha veillant sur son repos. Avant de s'en aller, elle lui apportait encore un entremets, du riz au lait, du maïs sucré, et un autre petit verre de liqueur pour "restaurer ses forces", comme le lui murmurait avec un sourire câlin la très brune et digne ribaude.
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Jamais une amourette ne l'empêcha de savourer la vie pleine et lumineuse, jamais une absence féminine, une dispute, la fin d'une liaison, ne le rendit morose, avec l'âme creuse et des idées de suicides. Il allait vers un autre corps de femme comme il changeait de table de jeu lorsque le 17, son numéro favori, ne sortait pas.
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Les mercredis et samedis, invariablement à la même heure, dona Flor distinguait les mouvements discrets et répétés de son mari dans les profondeurs du lit. A demi dressé pour l'étreindre, le drap lui couvrant les bras ouverts et les épaules, le docteur lui semblait un parapluie blanc et immense défendant sa pudeur féminine, la protégeant même en ce suprême instant d'abandon. Un parapluie, vision sans drôlerie, image inhibitive, quel dommage !
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Si beau et si mâle, si expert dans le plaisir ! Une fois de plus les larmes envahirent les yeux de la jeune veuve. Elle essaya de ne pas penser à ce qu'elle se remémorait malgré elle et qui n'était pas convenable pour un jour de veillée funèbre.
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Video de Jorge Amado (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Amado
Adriana Brandão auteur de "Les brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements" vous parle d'un texte et d'un auteur important pour elle : "Dona Flor & ses deux maris" de Jorge Amado.
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