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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
CAPITAINES DES SABLES de JORGE AMADO
Le journal local se plaint, au nom des habitants de Bahia, des vols commis par les »Capitaines des sables », nom donné à un groupe de gamins, le dernier méfait en date étant un coup de couteau à l'épaule du jardinier du commandeur. Suite à cet article la justice, la police, les politiques, les religieux, tout le monde se plaint ou se justifie. le chef de cette bande est Pedro Bala, il a investi un entrepôt délabré sur les quais habité précédemment par les rats. Une quarantaine de gamins y vivent sur la centaine qui compose la bande. Il y a Joan Grande, un noir gigantesque, le professeur, qui lit des livres et leur raconte des histoires le soir, Patte-Molle, l'espion qui rit tout le temps de sa voix égrillarde, Sucre d'orge, qui croit et prie tout le temps, le Chat, l'élégant du groupe qui fait craquer les filles et qui, après utilisation, en passe une à La Coule Douce qui lui n'a aucun succès avec les demoiselles. Autour d'eux il y a le père Pedro qui essaye d'entrer en contact avec eux, de les convertir en les traitant comme des hommes. Chacun a une activité, une spécialité mais les vols sont de peu d'envergure et les receleurs prennent une grande partie du bénéfice. Les journées avancent toujours un peu les mêmes, les gamins grandissent et chacun évolue, le groupe se transforme. La police les traque et ceux qui passent par la maison de correction sont très durement traités.
Un très beau livre d'Amado qui cultive une voie pleine de poésie et de tendresse envers ces gamins souvent orphelins ou abandonnés, Bahia rejette à la marge ces populations défavorisées qui survivent en guenilles avec peu de chances d'améliorer leur statut. Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais une galerie de portraits, quelques expéditions et l'évolution personnelle des « Capitaines »les plus truculents. Un vrai coup de coeur pour ce livre où l'on sent tout l'amour de l'auteur pour ces brigands dont le plus âgé doit friser les 14 ans.
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Avec Capitaines des sables, on est bien loin du Brésil qui fait rêver, celui du Carnaval, des grandes plages de Copacabana, des belles filles siliconées en maillots de bains "timbres poste". On voyage au contraire dans le Brésil qu'on ne montre pas, qu'on tait sur les brochures touristiques, celui de la violence, du vol, du viol, des favelas. Bien qu'écrit il y a plus de 80 ans, en 1937, Capitaines des Sables, n'en conserve pas moins, de ce fait une actualité brûlante.
Les Capitaines des sables sont ces enfants abandonnés ou orphelins, vivant en groupe pour commettre leurs vols et autres méfaits. Ils sont une centaine, âgés de 8 à 16 ans, qui volent dans les maisons de riches, se cachent de la police, et n'hésitent pas à jouer du couteau...
Malgré leurs méfaits, on n'arrive pas à les haïr, sauf peut-être quand ils violent sur le sable des gamines de leur âge, de 8 à 10 ans. Ils savent jouer de leur jeune âge, de leurs guenilles, de leurs mensonges pour se faire plaindre des bourgeois, des femmes seules, pour se faire embaucher pour quelques pièces en portant des paniers de provisions. Alors ils peuvent entrer, pour quelques minutes ou quelques jours selon les larmes qu'ils suscitent, dans ces appartements de riches où ils repèrent les objets à voler.
Ils nous sont parfois sympathiques, ces gamins qui couchent, à même le sol, dans un grand hangar désaffecté, que la police cherche en vain à localiser.
L'auteur fait tout pour nous les faire aimer, il donne à chacun d'eux un surnom qui attire le sourire et la sympathie : Chéri-du-Bon-Dieu, S'la-Coule-douce, Coude-Sec, Sucre d'orge, Patte-Molle, José la Fouine... Des petits caïds dirigés par un gamin de 15 ans Pedro Bala. Ils se battent rarement entre eux, ils respectent le chef, ils ont leur code d'honneur.
Rares sont ceux qui veulent les aider, seul un prêtre José Pedro fait tout pour les sortir de leur condition. Pour cela il n'est pas apprécié de sa hiérarchie qui préfère le faste, l'argent.
Roman social avant tout, parce qu'il dénonce à la fois le régime brésilien et et l'église qui ne font pas grand chose pour éradiquer cette pauvreté, Capitaine des Sables est l'un des marqueurs de cette époque et d'un homme, Jorge Amado. Celui-ci n'adhérait pas encore au parti communiste quand il écrivit ce livre en 1937. Ce n'est qu'en 1941 qu'il devient compagnon militant du PC brésilien. Ainsi, on comprend mieux la construction du livre, la personnalité des gamins, l'absence de sentiment de rejet de la part du lecteur. Ce livre est écrit pour dénoncer un état de fait brésilien, pour montrer du doigt un régime qui accepte cette pauvreté, et ne l'élimine qu'en éliminant les meneurs, des gamins quand ils sont arrêtés.
Les bons d'un côté, les mauvais de l'autre.
On n'aide pas ces gamins à écrire leur histoire, on la gomme.
Alors que l'actualité, mettait ce pays au devant de la scène politique, que le Brésil s'apprêtait à élire un nouveau président de la République d'extrême droite, j'ai éprouvé le besoin de lire un auteur emblématique de ce pays, de son histoire, et ce fut Jorge Amado.....sans doute pas l'un des auteurs les plus connus en France si l'on en juge le nombre d'avis sur ses ouvrages, et ce fut ce livre aux feuilles jaunies, sentant bon la poussière des bibliothèques.
D'autres livres de cet auteur sont déjà dans ma liste de découvertes à entreprendre....mais il il en a tant !
Je n'aurai peut-être pas le temps de tous les lire, comme dit la chanson. Chaque jour de nouveaux titres s'ajoutent aux plus anciens
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Dans ces pages magnifiques, Jorge Amado réussit le tour de force de trouver de la beauté et de l'humanité là où tout se conjugue pour que ne règnent que la détresse, la misère la plus abjecte et les pires violences. Ces enfants et adolescents livrés à eux-mêmes n'ont d'autres lois que celles qu'ils se donnent spontanément pour maintenir un "vivre ensemble" qui est finalement la condition de la survie. Pourtant, les Capitaines des sables, que l'auteur décrit souvent comme des hommes dans des corps d'enfants, car ils ont été privé du temps de l'enfance et de son insouciance, sont aussi des hommes au sens noble, montrant chacun à sa façon qu'ils ont conservé une part d'humanité, parfois réduite à une simple étincelle, mais toujours présente. Capitaine des sables fait partie de ces livres que l'on aimerait pouvoir lire dans la langue originale, tant celle-ci semble, même au travers de la traduction, contribuer à la force du texte. Inoubliable.
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Vous avez vécu avec Eux quelques heures et ce que vous redoutiez arrive… la dernière page. Alors, pour ne pas avoir l'impression de laisser ces gamins en plan - alors que c'est eux qui vont peut-être vous manquer... -, vous relisez les pages cornées... pour enfouir en vous ces âmes frondeuses, insolentes face à la vie, qui vous ont tant appris.
Si vous avez envie d'ailleurs, d'aventure, d'humanité, dévorez ce livre !
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Le lire dans sa langue maternelle donne encore plus de frissons!
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Formidable livre écrit en 1937 et qui se révèle être d'actualité. Amado joue avec le conte comme abec le fait divers. Un regard puissant sur l'enfance abandonnée.
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tout simplement attachant.
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