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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Elle était pétrie de chant et de danse, de soleil et de lune, elle était girofle et cannelle ». Ainsi parle Nacib de la belle et divine Gabriela.

J'aurais tant aimé être plus enthousiaste à propos de ce livre !
J'aurais aimé vous dire combien cette histoire d'amour brésilienne est belle et exotique. Donc, vous vous en doutez, haute en couleurs, pour ne pas dire rocambolesque par moment, épicée et sensuelle toujours, comme le laisse deviner immédiatement le titre. de plus narrée par J.Amado, conteur hors pair qui m'avait déjà régalée avec son excellent « Bahia de tous les saints ». Oui une histoire d'amour passionnée entre Nacib, homme d'origine syrienne qui tient le bar, le Vésuve, et qui a besoin urgemment d'une cuisinière à la veille d'un repas important, et Gabriela, une jeune mulâtresse, à la peau couleur cannelle, dont le corps souple et délié dégage un parfum entêtant de girofle, ses cheveux peut-être ou sa nuque. Une fille de la nature, une ingénue libertine, et, cerise sur le gâteau, excellente cuisinière dont les boulettes de viande bien épicées, les beignets enveloppés de feuilles de bananier sont célébrés en prose et en vers. Une divine perle qui arrivera à point nommé sauvant le repas prévu par Nacib puis lui fera peu à peu tourner la tête. Et surtout le rendra terriblement jaloux par peur de la perdre. le mécanisme de la jalousie se déroule sous nos yeux, implacablement !

Enfin, une histoire « d'amour », attention, comme on pouvait vivre l'amour au Brésil dans les années 1920, entre un commerçant en passe de devenir riche et une femme à son service. le côté utilitariste de la femme est de mise et ça me gêne un peu aux entournures : « le bon temps ! Des mois de vie joyeuse, de chair repue, de table plantureuse et succulente, d'âme satisfaite, avec un lit de privilégié. Dans la liste des vertus de Gabriela établie mentalement par Nacib, figuraient l'amour du travail et le sens de l'économie. Comment trouvait-elle assez de temps et de forces pour laver le linge, faire le ménage – la maison n'avait jamais été aussi propre –, préparer les plateaux pour le bar ainsi que le déjeuner et le dîner de Nacib ? En outre, lorsque venait la nuit, elle était fraîche et dispose, humide de désir, nullement passive mais au contraire exigeante, jamais lasse, somnolente ou assouvie. Elle semblait deviner les pensées de Nacib et allait au-devant de ses désirs. Elle lui réservait des surprises : en faisant certains mets qu'il appréciait et dont la préparation demandait du travail – crabe à la farine de manioc, vatapá, viúva de carneiro –, en plaçant des fleurs dans un verre, à côté de son portrait, sur la petite table du salon, en lui rendant l'argent qui lui restait après avoir fait le marché, enfin en lui proposant de venir l'aider au bar ».

L'histoire se déroule dans une ville brésilienne du littoral sud de l'État de Bahia, Ilheus, la ville même où est né Jorge Amado. Cette ville fut, dans les années 1920, la capitale mondiale du cacao. Les tableaux de vie bahianaise que nous dépeint Amado sont très colorés, bruyants, exubérants, vivants. Les personnages croqués sont bien marqués, souvent attachants, quoique nombreux. Les us et coutumes de cette société bahianaise sont dépeints de façon pittoresque. La culture du cacao brillamment expliquée, le cacao étant alors une extraordinaire source de richesse transformant totalement la ville, la faisant passer du monde d'antan au monde moderne :
« Ils parlaient de la récolte de cacao qui s'annonçait exceptionnelle et dépasserait de loin toutes les précédentes. Les cours de ce produit ne cessant de monter, cela signifiait une richesse encore plus grande, la prospérité, l'opulence, l'argent à gogo. Les fils des colonels iraient faire leurs études dans les collèges les plus chers des grandes villes. Les familles auraient de nouvelles résidences dans les nouvelles rues qu'on venait de tracer, des meubles luxueux commandés à Rio de Janeiro, des pianos à queue pour orner les salons. Les boutiques bien achalandées se multiplieraient, le commerce se développerait, les boissons couleraient dans les cabarets, des femmes débarqueraient des bateaux, le jeu étendrait son empire sur les bars et sur les hôtels. Bref, ce serait le progrès, la civilisation dont on parlait tant ».

J'aurais aimé vous dire avec admiration la minutie extraordinaire avec laquelle le contexte socio-politique est décrit : on assiste dans les moindres détails à la lutte entre le vieil fazendeiro, le colonel Ramiro, représentant des habitudes du passé, rétrogrades et violentes, et l'exportateur de cacao Mundinho Falcao, représentant la nouvelle génération qui aspire au développement économique de façon raisonnée. Lutte âpre et impitoyable pour le déboisement des terres cultivables et la conquête d'un territoire vierge particulièrement convoitée. Les fazendeiros sont des propriétaires d'immenses terres et maître de l'industrie cacaoyère. Leur pouvoir s'appuie sur les jagunços, des sortes de petites mains pratiquant intimidation, corruption et meurtres. Leur mentalité, arriérée, se fonde sur une conception rétrograde de l'honneur et une vision des femmes très particulière, celles-ci n'ayant que des devoirs, notamment et surtout envers leur mari à qui elles doivent fidélité et obéissance lorsque pour eux, tout est permis. le livre démarre d'ailleurs sur ce mari outragé, lavant l'affront en abattant sa femme adultère et l'amant avec sa carabine. Nacib se trouve au milieu de cet affrontement, les deux partis côtoyant son bar, témoin de cette division en deux camps de la société d'Ilhéus. Nous assistons avec lui à la fin d'une époque faite de violence et de domination.

Voilà ce que j'aurais aimé juste vous dire avec l'enthousiasme qui caractérise en général mes lectures, mais vous le voyez, 3 étoiles sur ma page signifie que j'ai été un peu déçue. Je me suis surprise à ne pas avoir envie de continuer ma lecture, à ne pas prendre un immense plaisir à reprendre et poursuivre mon livre et même à trouver cette lecture, malgré tous les bons et beaux ingrédients décrits précédemment, parfois pesante et ennuyeuse. M'est d'avis que cela est dû précisément au contexte politique qui est tellement mais tellement décrit et présent à chaque page qu'il finit par étouffer l'histoire, à en amoindrir la saveur, à faire émerger des longueurs qui nous font oublier ces odeurs de girofle, de cannelle, de cacao, de fleurs…Sans doute l'auteur avait à coeur d'expliquer cette période si importante de l'histoire de sa région. J'ai eu le sentiment que ces explications transformaient le roman en documentaire, éclipsant parfois le côté romanesque auquel je m'attendais.

Pourtant la plume de J.Amado est fluide et souvent poétique. Il utilise à bon escient l'humour, ou l'ironie. La lecture de ce livre devrait être un régal. Elle fut pour moi, à mon grand regret, assez délicate et laborieuse, surtout la première partie qui plante le décor. Fort heureusement la personnalité solaire de Gabriela m'a envoyé plein d'effluves dépaysantes, notamment à partir du milieu du livre où j'ai commencé vraiment à prendre davantage plaisir à découvrir cette histoire brésilienne.
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Mon avis sur ce livre sera mitigé…

Je l'ai, d'un côté, trouvé drôle, pinçant, voire ironique.
J'ai beaucoup aimé les noms des chapitres un peu suranné, mais on adore : "Pourquoi le docteur pouvait presque prétendre avoir du sang impérial" ou "De quelques notables en conférence sur le marché au poisson", par exemple.
La région de Bahia est une région qui m'était totalement étrangère (jamais allée, bien sûr, mais jamais beaucoup lu sur le continent sud-américain même). C'est toujours intéressant de découvrir des nouveaux horizons…. Le sous-titre ("chronique") est parfaitement approprié ; on suit avec plaisir le récit, les détails de vie, les particularités, défauts et qualités, de chacun des personnages. Amado a réussi à nous les rendre tous sympathiques (heu, erratum ! C'était mon avis au début, avant de croiser des tueurs d'épouse infidèle et des hommes frappant leur fille à mort… Eux : pas sympathiques !). Je me trompe peut-être… mais je trouve qu'on sent qu'il les aime son pays et ses habitants, M. Amado !
Dernier point positif : on ne peut omettre que c'est une belle et noble histoire d'amour !

Côté plus déçue : la présentation des personnages au début est longue et parfois sympa mais parfois moyennement intéressante. C'est compliqué pour des Européen avec les noms sud-américains. du coup, j'ai mis longtemps à lire ce livre (pas très bon signe…), et je ne m'y plongeais pas avec cette délectation qu'on peut avoir avec certains livres. Le rythme est devenu un peu plus entrainant à partir du milieu mais ensuite, il y a eu des passages très laborieux ! Les élections, la politique, de nouveaux noms encore avec lesquels je me suis encore plus perdue. Les 100 dernières pages ont, à nouveau, été plus abordables.

Conclusion : dépaysant, romantique et sympa que cette balade ! Mais un peu (beaucoup) longuet parfois…

PS : il ne m'arrive jamais de faire ces remarques mais là, Editions Stock, beaucoup trop de coquilles…

~ Challenge 50 objets-1 : parapluie
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J'ai acheté ce livre parce que j'en avais lu une critique dithyrambique! Bon, je m'attendais à mieux!
Amado décrit probablement de façon juste et précise l'ambiance far west des premiers planteurs de cacao, au Brésil, dans ce début du XX ème siècle, où tout se règle par l'assassinat, une justice plus qu'expéditive, et machiste!
Il y a pléthore de personnages, certains attachants, mais, on s'y perd! Et l'histoire traîne en longueur!
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