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Citations sur Le premier exil (70)

Les hommes pêchaient des requins ; les femmes fabriquaient des colliers avec leurs vertèbres. La pauvreté était grande, profonde, mais la misère lui était étrangère. La misère n’existait presque pas en Uruguay. Avant les années 1980, partout dans le monde, la misère n’existait que là où les machines avaient rendu les hommes des machines, là où la terre était elle-même misérable, et là où l’histoire coloniale avait réussi, et réussissait encore, à ruiner des peuples. Sauf dans quelques lieux très précis, la misère – partout – est le résultat d’un vol.
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La communauté se souvient pour exister – l’individu oublie pour survivre.
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Si nos seules patries sont l’enfance et la langue, l’amour et l’amitié sont nos seules nations : ce sont les seules contrées où notre errance sur terre trouve un sol ferme où poser les pieds. Un sol ferme et mouvant : vivant – comme le sable, comme l’océan.
(page 270)
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Peu à peu, cela deviendrait normal de voir des amis de mes parents se faire arrêter ou leurs enfants adolescents quitter leur foyer pour entrer dans la clandestinité. Comme cela deviendrait normal, peu après, de continuer de vivre aux côtés d’amis dont le père, la mère, le frère ou la sœur étaient torturés ou avaient disparu. Oui, peu à peu, comme l’obscurité, mes rêves allaient cesser de me terrifier. Ils allaient cesser de me terrifier parce que la réalité, on l’oublie souvent, peut être plus terrifiante que les pires cauchemars.
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Cuando se cierra la ventana se apaga el cielo.
(Quand on ferme la fenêtre le ciel s’éteint.)
(page 131)
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Cette énigmatique Suisse de l’Amérique latine qu’est l’Uruguay est séparée en trois parties bien distinctes : l’intérieur du pays (que je ne devais jamais connaître) ; la côte fluviale, dévorée par la jungle, qui borde les provinces argentines de Corrientes et Entre Ríos (que je connais à peine) ; et la côte océanique qui remonte jusqu’au Brésil (que je connais, et qui me connaît, comme nous nous étions faits). Géographiquement parlant – puisque le propre de la géographie est aussi d’être politique et d’établir des frontières -, l’océan stricto sensu ne commence qu’à Punta del Este, c’est-à-dire cent trente kilomètres au-delà de Montevideo.
(page 24)
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À partir de décembre 1941, nombreux étaient les prisonniers dont on ne gardait aucune trace, ni de la capture, ni de l’exécution. Encore une idée simple, inventée par les Allemands, reprise par leurs collaborateurs français, mise en application en Indochine et en Algérie par les Paras et la Légion étrangère, puis théorisée officiellement par l’armée française, enseignée aux tortionnaires latino-américains à l’École des Amériques et finalement intégrée dans un plan officiel conçu par la CIA et Henry « Asesino » Kissinger : le Plan Condor.
(page 301)
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Oui, la mort a ceci d’irrémédiablement beau et terrifiant à la fois : en ouvrant une nouvelle ère de notre existence, celle de l’absence de l’être cher et disparu, elle débute un cauchemar, ou une série de cauchemars plutôt, et les débute de telle sorte qu’on croit constamment que d’un moment à l’autre on va se réveiller – et que la mort n’aura pas eu lieu.
(page 13)
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L’idée des États-Unis et de la France était simple : exercer leur influence sans envoyer des soldats se battre sur place, poursuivre les vieux desseins impérialistes qui ont toujours nourri la folie des grandeurs des démocraties sans plus risquer les vies, si précieuses, de leur propres combattants.
(page 196)
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Pardonner est nécessaire. Aux communautés, comme aux individus. Mais les individus n’ont pas toujours, en toute occasion, en toutes circonstances, besoin d’absoudre, d’acquitter, d’éprouver de la compassion, de la miséricorde, de faire preuve de charité ou de verser l’aumône - pour survivre au passé, les individus ont besoin de pardonner seulement pour oublier. Et même si oublier, comme disait Borges, est le seul pardon et la seule vengeance, pour y arriver, parfois, il faut aussi se battre.
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