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Citations sur Le premier exil (70)

La crainte de voir la gauche arriver au pouvoir à travers des élections, comme ç’avait été le cas l’année précédente au Chili, avait poussé Nixon et son sombre conseiller à la sécurité nationale, Henry Kissinger, futur prix Nobel de la paix, à « renforcer la collaboration » avec les militaires uruguayens – en d’autres termes, à envoyer des conseillers comme Dan Mitrione dont la mission consistait, entre autres, à enseigner l’utilisation de la gégène sur les parties génitales des détenus. Dans les cours qu’il prodiguait dans le sous-sol de sa maison, ce charmant fonctionnaire nord-américain se servait comme cobayes de clochards cueillis dans les quartiers pauvres ; des cobayes qui, après utilisation, étaient assassinés.
(page 167)
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Lorsqu’on perd quelqu’un par surprise, la blessure qu’il laisse demeure irrémédiablement ouverte : aujourd’hui, cinquante ans après la mort de l’abuelo Vicente, ma mère en souffre encore comme elle en souffrait alors.
(page 242)
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Une des toutes premières actions des Tupamaros, peu de temps avant notre installation à Montevideo, avait été de faire exploser un des dépôts de la société allemande Bayer qui, personne ne l’ignorait à l’époque, après avoir produit le célèbre Zyklon B pour aider les nazis à exterminer des Juifs, produisait en Allemagne, comme Monsanto aux États-Unis, de l’Agent Orange pour aider les Américains à tuer des Vietnamiens. Personne ne l’ignorait à l’époque, de même qu’aujourd’hui – alors que ces deux groupes, combinaison d’une rentabilité presque idéale, n’en forment plus qu’un qui commercialise aussi bien les produits qui causent les cancers que ceux qui prétendent les soigner – personne ne semble s’en souvenir.
(page 111)
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La mer et la mort se ressemblent : peu de choses nous attirent davantage. Et ce n’est pas par hasard que lorsqu’on prononce ces deux noms un troisième nom nous revient inévitablement en mémoire : mémoire.
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Et l’Uruguay, alors, n’était pas seulement l’éternelle promesse d’un temps vacant, suspendu, qu’il est encore de nos jours, c’était aussi, comme la Suisse le fut en Europe, un petit havre de démocratie égaré dans un continent que le feu et le sang commençaient de dévorer de toutes parts : lorsque nous sommes partis d’Argentine, le Brésil et le Paraguay vivaient déjà sous des dictatures militaires et le Che venait d’être assassiné en Bolivie.
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La torture peut être terriblement efficace : non seulement elle sert à obtenir des renseignements, mais tout autour elle répand une douleur glacée qui avilit les hommes, qui, en brisant leurs rêves, les diminue, les dégrade.
(page 198)
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La mère de Guille n’était guère plus coupable que toute cette classe moyenne qui, en Uruguay comme en Argentine, en Argentine comme au Chili, allait fermer les yeux à chaque fois que les militaires feraient un pas supplémentaire pour s’approprier le pouvoir et, une fois au pouvoir, un pas supplémentaire vers la barbarie.
(page 132)
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Comme vous le savez, ô mes lecteurs supposés ! mes pages sont destinées, comme toutes les pages mais avec un acharnement supplémentaire, à notre commun oubli. J’écris pour moi-même et pour mes amis. J’écris pour adoucir le cours du temps – j’écris pour personne.
(page 64)
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Bien sûr, je ne savais pas encore que le temps caresse la mémoire et que l’oubli atténue le manque, apaisant la première morsure de la disparition, mais je n’allais pas tarder à me rendre compte qu’on n’est jamais certain, après avoir perdu quelqu’un qu’on aime, comme après avoir perdu une partie de soi, que le cauchemar est vraiment fini : il est tellement plus simple d’oublier l’instant où quelqu’un est mort que d’oublier tout ce temps où il a vécu.
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Comme dans la plupart des écoles d’Uruguay et d’Argentine aujourd’hui encore, l’uniforme permettait de nous inculquer une certaine idée de la discipline – de l’égalité. Nous portions tous l’uniforme et nous avions tous les cheveux courts, et le souvenir de cette uniformité est profondément heureux.
(pages 149-150)
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