C'était comme si, à l'intérieur de moi, la mouche me disait la vérité. Elle m'expliquait que les amis mettent un instant à t'oublier, que les filles sont méchantes et se moquent de toi, que le monde extérieur à la maison n'est que compétition, brimades et violence.
Qu'est ce que j'étais bien. Si on m'avait apporté de la nourriture et de l'eau, j'aurais pu passer le reste de ma vie ici. Et j'ai compris que si je finissais à l'isolement en prison, je serais comme un coq en pâte.
La mouche, enfin, avait trouvé le refuge où elle pouvait être elle-même et elle allait peut-être bien piquer un roupillon.
Pourquoi est-ce que je devais aller au lycée ? Pourquoi le monde fonctionnait-il ainsi ? Vous naissez, vous allez à l'école, vous travaille et vous mourez. Qui avait décidé que c'était celle-là, la bonne manière de faire ? Ne pouvait-on vivre autrement ? Comme les hommes primitifs ? Comme grand-mère Laura, qui, lorsqu'elle était petite, avait eu école à la maison avec les maîtres qui venaient chez elle. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas en faire autant ? Pourquoi ne me laissait-on pas tranquille ? Pourquoi fallait-il que je sois pareil aux autres ? Pourquoi je ne pouvais pas vivre de mon côté, tout seul, dans une forêt canadienne ?
-Io mi sono messa accanto a te. poi il motoscafo è partito. E io e te siamo rimasti in cabina son l'odore della sentina e tutto che vibrava e sbatteva.
-Io e te?
-Si- Ha fatto un tiro dalla sigaretta - Io e te.
Les choses, une fois qu'on les a pensées, quel besoin y a-t-il de les dire ?
J'ai parlé à trois ans et bavarder n'a jamais été mon fort. Si un étranger m'adressait la parole, je répondais oui, non, je ne sais pas. Et s'il insistait, je répondais ce qu'il voulait entendre.
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Sans humour la vie est triste.
Olivia était assise au bord du canapé, tout en sueur, elle bougeait nerveusement les jambes et regardait le sol. Elle avait ôté son gilet, elle avait un grand T-shirt bleu qui bâillait et on apercevait ses deux seins qui tombaient. Elle était si maigre que je voyais tous ses os et ses pieds étaient longs et fins. Son long cou de lévrier, ses épaules larges, ses bras…
Qu’est-ce qu’elle avait au creux de ses bras ?
Des taches violacées constellées de petits points rouges.
Pourquoi est-ce que je devrais aller au lycée ? Pourquoi le monde fonctionnerait-il ainsi ? Vous naissez, vous allez à l'école, vous travaillez et vous mourrez. Qui avait décidé que c'était celle-là la bonne manière de faire ? Ne pouvait-on vivre autrement ? Comme les hommes primitifs ?
Il faut être très sûr de soi pour dire des blagues en public.