A ces Maîtres qui infusèrent un sang nouveau à notre École française de paysage, en voie d’affadissement, Francis Picabia se rattache visiblement. Il possède — à leur exemple — une égale passion pour la couleur et pour la lumière, et il éprouve, de même que ces artistes de très grand talent, une répugnance intime pour les procédés d’atelier. Les soixante ou soixante-dix toiles que son Exposition de 1907 offrit au jugement du public, les dessins, les croquis, les études qu’il soumit alors, représentaient l’œuvre parfois séduisant, toujours sincère et chaleureux, d'un artiste en pleine puissance de volonté, d’un vrai jeune ( il atteint à peine la trentaine), et dont les mérites essentiels proviennent d’une étude attentive des Maîtres — en expansion complète d’individualité — d’une admiration noblement pensée pour nos campagnes, et, surtout, d’une étonnante, d’une merveilleuse intelligence de l’atmosphère, dont Picabia s’inspire, sans rien sacrifier de la sûreté du dessin.
L’atmosphère est, en effet, dans la réalité un élément trop souvent négligé — ou ignoré — de nos artistes. Que de peintres ne parviennent point à produire — malgré un talent indiscutable — cette impression de réalité vivante, sans laquelle point n’est d’œuvre d’Art! Et pourtant, les malheureux, courbés sur leur œuvre, s’évertuent à faire vrai! Mais s’ils atteignent un point de perfection dans la ressemblance idéale, ils ne savent point donner de leur motif — portrait d’individu ou aspects de paysage — une image vivante, vibrante, émouvante...