AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 942 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon premier roman de Christine Angot dont le thème de prédilection semble être l'inceste, principalement autobiographique et certainement thérapeutique.

L'histoire d'un amour impossible est celle de Rachel, une jeune femme juive d'un milieu modeste et de Pierre, un homme bourgeois nouant une certaine fascination pour la race allemande. Ces deux-là vont s'aimer quelques mois. Pierre est très clair, il ne veut pas s'engager, il tient trop à sa liberté dit-il. N'empêche qu'il accepte de faire un enfant avec Rachel pour autant de ne pas s'en occuper ni de reconnaître l'enfant. Naîtra de cette union, Christine.
Amour fusionnel entre Christine et sa mère, elles se complaisent l'une avec l'autre sans trop se préoccuper des arrivées épisodiques de Pierre.

À l'adolescence, Pierre se rapproche de sa fille mais le drame survient. Christine subit des rapports incestueux avec son père.

Avec une écriture précise et sans le moindre larmoiement ou exagération, le récit de Christine Angot décortique l'amour impossible, l'amour maternel, l'amour aveugle, l'amour perdu et donne le ton aux mots. Mots qui apaisent. Mots qui comprennent. Mots silencieux.

Mot à mot pour approcher la complexité de l'amour, maux à maux pour cerner un tout petit peu les blessures de l'âme.
Commenter  J’apprécie          9211
Amour impossible que celui qui donnera pourtant naissance à la petite Christine… puisque c'est bien l'histoire de ses ascendants que Christine Angot relate au long de ce nouveau roman.

Amours impossibles que toutes celles exprimées ici aussi en filigrane à travers le fataliste constat de leurs inéluctables et perpétuelles mutations.

Mais avant tout voici l'histoire d'une vie, le portrait infiniment touchant d'une mère, sa mère, qu'après bien des blocages et des appréhensions Christine parvient finalement à composer, replaçant enfin sa propre vérité dans son contexte essentiel.

A la fois digne, apaisée et comme happée par une urgence nécessaire, Christine capte les mots, les mots bruts et les maux anciens, avant qu'ils ne s'échappent de ce présent qu'elle entend retranscrire. Elle écrit comme on parle, Christine, en flux continu. Pas de fioritures, une expression factuelle, si simple en apparence et pourtant… de cette élémentaire alchimie des phrases émane une grâce primitive qui m'a profondément émue.

Jamais ressenti ne m'aura d'ailleurs semblé aussi personnel. De mon côté j'ai perçu avant tout ce texte comme un écho bienveillant, une page ouverte aux émotions de chacun, mais il existe assurément mille et une façons de le recevoir et les réflexions qu'il soulève sont aussi riches que nombreuses. A chacun donc d'y saisir sa propre résonance, ce qui semble être le voeu de son auteur (si j'ai bien tout compris…)


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          6610
« Un amour impossible », c'est l'histoire d'un amour, celle de Rachel et Pierre, les parents de Christine Angot.
Tout commence à Châteauroux, où Rachel, secrétaire à la Sécurité sociale, rencontre, dans les années 50, Pierre, traducteur pour une base américaine. Ils se sont aimés, assez pour faire un enfant, mais pas assez pour se marier !
« Dès le départ, il la domine : nous ne sommes pas du même monde, et nos deux mondes ne se mélangeront jamais. Je ne t'épouserai pas ».
Ce roman conte une rencontre entre un homme et une femme qui ne sont pas du même milieu, l'évolution d'un sentiment maternel dans les deux sens, d'une fille pour sa mère, et d'une mère pour sa fille et, également, un aveuglement, celui d'une mère qui ne peut pas voir que sa fille est violée par son père.
Christine Angot nous livre un texte sans concession, empreint d'une grande pudeur. Ecrire sur des sujets aussi personnels que sa propre famille doit être un exercice particulièrement éprouvant pour un écrivain me semble- t-il, tant il demande d'amour et d'impartialité.
J'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cette auteure dont l'oeuvre m'est totalement inconnue.

Commenter  J’apprécie          451
Un Amour impossible est l'histoire d'une destruction.

D'une lutte des classes qui a pour terrain la sphère privée et pour objectif la perte, la perdition, la pulvérisation d'une cellule rebelle, coupable d'infiltration dans un monde qui n'est pas le sien: celle d' une mère célibataire et de sa fille, pauvres, sans protection, mais fortes de l'amour qui les unit, de l'espoir qu'elles mettent dans leurs capacités intellectuelles, de la foi qu'elles ont dans leur bon droit.

Un Amour impossible est l'histoire d'une manipulation, d'une entreprise de désagrégation qui manque de réussir. Par le plus atroce des procédés : l'inceste.

Christine , sa mère et sa grand-mère constituent une sorte de monade féminine. Elles habitent en province, à Châteauroux, dans une petite maison, inconfortable et délabrée . Mais elles s'aiment et y sont heureuses.
La grand-mère, de santé fragile, et pauvre,  a été abandonnée par son mari et Rachel, la mère , est une fille sans père. 

Au moins en porte-t-elle le nom.

Aussi, n'a-t-elle de cesse que de faire reconnaître Christine, sa fille, par son père,  Pierre Angot,  qui a voulu comme elle cette enfant mais l'a toujours prévenue qu'il ne l'épouserait pas. Autant pour préserver sa liberté que pour éviter ce qu'il a bien  garde d'appeler une mésalliance ..même si c'est bien le fond de sa pensée.

Un Amour impossible c'est d'abord celui-là : une "rencontre inévitable"entre deux êtres que ni leur milieu, ni leur éducation, ni leur mode de vie ne destinaient l'un à l'autre.

D'ailleurs, assez vite après la naissance de Christine, leurs rapports s'espacent.

Rachel, femme indépendante, passe concours et examens qui lui font prendre du galon , de même que l'indispensable permis de conduire, et pousse son désir d'affranchissement jusqu'à changer de ville , de logement, de travail. Il devient de plus en plus pressant, à ses yeux, que Christine , qui va entrer dans une nouvelle école, porte le nom de son père.  Aussi, passant sur le chagrin qu'elle a éprouvé en apprenant le mariage de Pierre, ce célibataire soi-disant irréductible , lui demande-t-elle instamment de la reconnaître,  ce que la nouvelle loi sur les enfants nés hors mariage permet facilement désormais.

Pierre Angot, de mauvaise grâce,  finit par s'exécuter.

Mais, dans le même temps où il renoue avec  Rachel qui veut que sa fille connaisse ce père, vu seulement trois fois en 12 ans,  et qu'il rentre officiellement dans la vie de Christine,   il entreprend un viol long, lent, cynique et calculé de cette enfant de treize ans aussi intimidée qu' enthousiasmée par ce  père si savant, si intelligent , si différent.

Un Amour impossible, on l' a compris.

Le livre, pudique, ne détaille rien de cet odieux travail de sape. Il faudra lire  Une semaine de vacances qui en expose , avec une terrifiante objectivité, l'ultime étape.

Mais la troisième acception du titre résulte de  l'attentat perpétré contre la mère et la fille -  si soudées, si admiratives, si confiantes, si tendres l'une avec l'autre.

Pendant des années, après la révélation de l'inceste, Un Amour impossible ce sera le leur.

C'est le coeur broyé qu'on suit la destruction de leur entente, minée par la culpabilité de la mère, qui s'en veut de n'avoir rien vu et par la colère de la fille,  ulcérée que sa mère n'ait rien fait pour la protéger, pour la défendre, puis rien dit , rien fait pour châtier le coupable.

Même le nom de "maman" devient imprononçable.

Jusqu'à leur explication finale,  mère et fille en face à face,  qui met les points sur les i ,  démonte la manipulation du père , son entreprise de destruction de la mère par la fille, et identifie enfin la "punition" infligée à ces deux "femmes de peu"  qui se sont avisées de s'infiltrer dans la sphère bourgeoise par le truchement d'un nom.
 
Un livre poignant mais toujours factuel et retenu, qui réserve ses coups, maîtrise ses effets, et tient serrées les rênes de l'émotion, laissant se dérouler son implacable  démonstration.


Commenter  J’apprécie          434
Un roman d'amour et de mal de mère.

Le livre raconte l'amour de sa mère pour son père, un grand amour dont on ne sait pas à quel point il est réciproque. Il dit qu'il l'aime, il veut même lui faire un enfant, mais ne veut surtout par l'épouser. Il lui offre de venir vivre à Paris et de louer une petite chambre.

Mais elle préfère rester avec les siens, où naîtra sa fille. Elles auront une relation fusionnelle, elles vivent l'une pour l'autre. La mère tient cependant à ce que sa fille ait un père, elle veut effacer le « père inconnu » du certificat de naissance. Elle demeure donc en contact avec le père qui accepte ensuite de voir sa fille et de la recevoir chez lui.

On sait qu'il s'agit d'inceste, car le sujet du livre est médiatisé, mais, en fait, il sera peu question de la relation avec son père dans ce texte. On explorera davantage ce qui se passe avec sa mère, l'aveuglement, le non-dit, les reproches et la honte. L'auteure aborde aussi l'aspect social du drame.

Un livre qui n'est pas réjouissant, mais qui rappelle que ces horreurs existent et que c'est le silence qui leur permet de se reproduire.
Commenter  J’apprécie          360
C'est une histoire très intimiste et personnelle que nous raconte Christine Angot dans ce roman (ou autobiographie ?).
Les rapports entre une mère qui est tombée follement amoureuse d'un homme, qui lui a bien fait comprendre, dès le départ, qu'ils ne se marieraient pas ensemble. Elle accepte (ou pas). Cela ne les empêche pas d'avoir un enfant. Une fille, Christine.
L'adolescence est difficile. Les relations mère–fille se délitèrent. La mère pense que c'est en partie à cause des relations renouées avec le père. Père que Christine admire. Croit-elle.
Mais un jour, André, ami de la famille, découvre le pot-aux-roses et le dit à Rachel. Dès lors, les relations mère-fille se détériorent encore plus. Christine en veut à sa mère de n'avoir rien fait, rien découvert et surtout de n'avoir rien dit.
Peu à peu, les relations entre les deux femmes, au fil des années reprendront. Christine formulera alors une analyse sur son père et les relations qu'il entretenait avec sa mère et elle-même. Analyse terrible et machiavélique, mais très claire au final. Qu'il faut avoir lu.
Commenter  J’apprécie          330
Déroutante Christine Angot.
L'étude minutieuse d"un amour impossible" qui a lié son père et sa mère. Passé quelques passages de mise en scène agaçants, on se laisse vite happé par le côté fascinant de son écriture, tour à tour foisonnante ou apaisée. Alors, énervante ou ennivrante Christine Angot ? A lire, en tous cas, absolument !

25/08/2015
Commenter  J’apprécie          2513
On a de puis quelques temps (et malheureusement) pris l'habitude avec Christine Angot de déborder du cadre romanesque pour arriver assez vite dans le récit autobiographique, un peu "contemplateur de moi-même".

Mais, bonne nouvelle, Un amour impossible s'il ne déroge pas à ce principe, le renouvelle magistralement, en renouant avec une forme de sincérité, de vérité, d'authenticité, de simplicité et surtout, d'émotion.

C'est une histoire simple, mais forte. Celle de la famille de Christine, dans la France de la deuxième moitié du XXe siècle. Un grand père absent, une grand mère adorée, une mère aimée et un père éloigné, pervers, manipulateur.

Tant que l'on est dans la période de l'enfance, tout le monde s'en accommode. Puis l'enfant grandit, les révélations tombent, et l'harmonie explose. Mais pas l'amour.

Car Un amour impossible est une histoire d'amour et les mots que Christine Angot trouvent pour décrire à chaque étape de sa vie les liens qui l'unissent à sa mère sont forts et justes. Et la démonstration finale d'analyse partagée de cette relation père-mère-fille si destructrice forme de très belles et fortes pages de littérature. le tout dans un style très simple qui convient bien au thème, mais avec une montée en puissance des mots au fur et à mesure du livre qui laisse agréablement sonné à la fin.

Pour moi, une réconciliation avec Christine Angot...
Commenter  J’apprécie          233
hâteauroux fin des années cinquante, Rachel jeune femme simple et discrète, secrétaire à la Sécurité sociale, rencontre le prince charmant. Il est beau, cultivé, il parle bien, bref un parisien des beaux quartiers qui a tout pour faire rêver une petite provinciale .
Il lui fait un enfant et disparait, comme il le lui dit gentiment :” si tu avais été riche, je t'aurais peut-être épousé...” Une petite fille nait que le père mettra quatorze années à reconnaitre.
Un amour impossible” est un roman de Christine Angot. Ecrit quinze ans après “l'inceste”, le livre qui l'a fait connaitre et fait d'elle le personnage médiatique que l'on connait, ce roman raconte au plus près la dure vie d'une mère et sa fille, une mère célibataire en province dans les années soixante .
Une femme amoureuse, et franche , abusée par un homme, odieux, pervers et lâche.

Beau travail entrepris par Angot dans son roman, qui met à jour le travail psychanalytique qui permet le pardon et ainsi le rapprochement d'une fille et sa mère et c'est assurément très beau à lire.. Angot réussit un roman sur trois environ mais quand c'est réussi, assurément ca l'est
Commenter  J’apprécie          220
Christine Angot a mis de l'eau dans son vin, ou alors l'apparente innocence et la simplicité de son récit reflètent l'âme de sa mère, héroïne du texte.
L'amour impossible est d'abord celui d'un petit bourgeois parisien, Pierre Angot, qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter et d'une petite fonctionnaire de la sécurité sociale, Rachel Schwarz, de Châteauroux, fille d'un père juif et d'une mère d'origine paysanne. Pour qui connait les antécédents de Pierre Angot, la love story ne sent pas bon dès le début : "ça te plaît d'être une femme", "tu pourrais prétendre à de très beaux hommes". Les mêmes mots à la mère que plus tard à la fille lors de la relation incestueuse (voir L Inceste, Une semaine de Vacances). Mais comment Rachel pourrait-elle savoir? Dans la bouche de Christine-narratrice, cependant, cela résonne comme un blasphème, une humiliation déjà en marche. Un amour impossible parce qu'éprouvé par Rachel envers un monstre froid que nous connaissons déjà par coeur. Un automate sans affects, déjà ressassant les mêmes mots, qui nous apparaissent comme autant d'obscénités.
Un enfant naît de cette passion à sens unique, Christine. Sa mère, qui est encore loin d'avoir compris la nature véritable de son ancien amant, l'élève dans l'idée qu'elle est une enfant de l'amour, désirée par les deux. Très bien. Voilà la petite fille qui se prend à aimer son père. le piège se referme peu à peu. Pendant des années, Rachel tentera de garder le contact, et parfois même, c'est lui qui la relancera. Il aurait mieux valu que le père disparût complètement. Mais comment aurait-elle pu savoir ? L'amour entre la mère et la fille est possible, puissant et fort.
A force d'insister, Rachel obtient de Pierre Angot qu'il reconnaisse sa fille. Christine Schwarz devient Christine Angot, pour toujours. Pour Rachel, comme pour Oedipe sur le point de découvrir le meurtrier de Laïos, c'est une victoire...Comment pourrait-elle savoir ?
Pour se rapprocher de Strasbourg, où vit désormais le père, mère et fille déménagent à Reims. Déracinement, dépression. Et début de l'inceste que nous connaissons bien.
L'amour entre père et fille devient impossible, et la perversité détruit peu à peu celui de Rachel et Christine.
Et puis, miracle, c'est une lente résurrection du lien inconditionnel entre les deux femmes.
Christine comprend peu à peu la nature de son père, et peu à peu Rachel devient apte à l'entendre. le dialogue final est une démonstration magistrale. C'est tout un système social qui a cherché à les détruire, relents d'antisémitisme dans l'après-guerre, mépris de classe, volonté d'anéantissement des Schwarz et de tout ce qu'ils représentent de bas et vulgaire pour cette bourgeoisie qui se croit tout et qui n'est rien.
Car que reste-t-il de la famille Angot ? Rien, seul le nom de Christine la bâtarde rejetée est audible aujourd'hui. Et elle leur rend la monnaie, à ces Angot. Elle porte ce nom, à mon avis, sans fierté, mais parce que c'est le sien, et un étendard de vengeance.
Christine Angot, ce n'est pas de la fiction, ni de l'autofiction, ce sont des mots en ordre de bataille pour dénoncer les non-dits, détruire les paroles qui mentent, et reconstruire la vérité dans un discours qui est un acte, à commencer par son nom.
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (2146) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..