Ryusuke Hamguchi, enregistrer l'intime

Comme je pense beaucoup de gens, j'ai découvert le cinéma de Ryusuke Hamaguchi avec la sortie en trois partie de Senses. Dès la première j'ai été complètement prise dans le film et j'ai attendu avec impatience la sortie de deux volets suivants. le charme a encore plus fonctionné avec Asako, et j'ai été heureuse que la Maison du Japon à Paris lui consacre une rétrospective permettant de voir l'ensemble de ses films. Cette rétrospective s'accompagne de la sortie de ce petit livre, qui rassemble quelques textes écrits sur le metteur en scène par des spécialistes, ainsi qu'une longue interview consacrée à Asako.

Les textes évoquent quelques films de Hamaguchi : Senses, Asako, Passion et les films documentaires essentiellement. Ils mettent en évidence quelques thèmes de ce cinéma : la disparition, la perte, la parole, le lien ambiguë entre la réalité et le fantasme etc. A la fois portrait de personnages dans ce qu'ils vivent de plus intime, ses films tracent aussi en filigrane le tableau d'une société et le poids qu'elle impose aux individus. Terriblement sensibles voire sensuels, ses films sont aussi une analyse pleine d'acuité des âmes et du cadre social dans lequel évoluent ses personnages.

Dans l'interview incluse à la fin du livre, Hamaguchi parle entre autres des conditions matérielles de la réalisation de ses films, de son choix d'un cinéma indépendant, qui s'est traduit aussi par un manque de moyens, et donc par l'obligation de tourner vite, et de faire avec peu. Il précise quelque aspects plus techniques de sa mise en scène d'Asako (combien de caméra pour telle ou telle scène, comme elles étaient placées etc).

L'oeuvre de Ryusuke Hamaguchi va continuer à se construire, et les analyses et études de ce cinéma à venir vont sans doute être nombreuses. Ce petit livre n'est qu'un point d'une des premières étapes de sa création, mais il est précieux pour les passionnés de son cinéma, dont j'avoue faire partie.