Gabriel savait que tout prétexte était bon pour déclencher un conflit entre ses parents. Ils adoraient ça, et surtout se réconcilier après, sans se soucier d'imposer en permanence à leurs enfants un climat volcanique.
Il serait bien incapable de lui en vouloir, Chloé est comme une tornade qui file à toute allure sans jamais s'arrêter.
Lui se contente d'essayer de suivre son rythme effréné, ses envies, parfois ses lubies. Il a toujours trouvé son énergie inspirante, enthousiasmante. Elle vit à cent à l'heure, pied au plancher. N'a jamais assez de temps. Répète souvent qu'elle n'aura pas assez de toute une vie pour accomplir tout ce qu'elle désire. (...)
Chloé évite à Gabriel de s'endormir, il lui évite de se brûler les ailes à trop vouloir en faire.
Gabriel attend. Je l'observe, impuissante. Il est rentré à la maison à l'instant. Il appelle « Chloé ? » en bas de l'escalier, d'un ton à la fois inquiet et plein d'espoir. Je voudrais pouvoir lui répondre. À cet instant précis, je voudrais qu'il m'entende. Je chuchote « Je suis là... », mais rien ne brise le silence de notre demeure. Je répète plus fort « Je suis là ! », mais Gabriel ne réagit pas. Ma voix résonne dans le vide, comme désarticulée. J'avance la main pour caresser son visage.
Il ne sent rien, évidemment.
Il aime la simplicité, et je ne suis pas du genre à compliquer les choses.
Je vais survivre, Chloé. Parce que je sais que s’il en allait autrement, ta déception serait bien plus grande que le chagrin que je ressens aujourd’hui.
...J'ai l'impression d'être dans l'immédiat, comme s'il n'y avait plus de futur ni de passé, seulement un instant T qui se prolonge indéfiniment.
(...) Peut-être devrais-je parler à l’imparfait ? Je ne sais pas, j’ai l’impression d’être dans l’immédiat, comme s’il n’y avait plus de futur ni de passé, seulement un instant T qui se prolonge indéfiniment.
Si on ne redresse pas la barre avec des bandes-annonces plus glamour, les téléspectateurs vont se désintéresser du jeu, et on risque de passer en deuxième partie de soirée. Ce serait horrible de finir aux oubliettes après tant de travail...
Tout ça, tu le sais. Et tu lèverais les yeux au ciel si je devenais sentimental et grandiloquent.
Je n’ai pas envie de raconter des souvenirs de toi, je n’ai pas envie de dire à quel point je t’aime, à quel point tu vas me manquer. Je n’ai pas envie de dire que la vie est injuste de m’avoir déjà repris ma moitié.