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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Venant d'apprendre qu'elle souffre de diabète, Sarah compte bien garder cette information secrète en ce début d'année scolaire. Très populaire au sein du collège, elle tient à conserver son taux de popularité, ainsi que la mainmise sur ce troupeau d'amies prêtes à tout pour faire partie de sa bande. Lorsqu'elle repère une nouvelle élève un peu paumée, qui se tient à l'écart du reste, elle décide de détourner l'attention de sa propre maladie en pointant du doigt celle qui deviendra bien malgré elle le souffre-douleur de toute la classe… Orlane !

Sarah et Orlane ne sont pas des inconnues pour ceux qui ont déjà lu « Raisons obscures », roman dont je conseille d'ailleurs vivement la lecture. « Ne vois-tu rien venir ? » s'avère en effet être une sorte de réécriture de « Raisons obscures », proposant la même histoire mais sous un angle différent. Si la version précédente se concentrait principalement sur les tracas des parents, allant de soucis professionnels à des problèmes de couple, invitant les lecteurs à découvrir les détails annonciateurs du drame qu'Amélie Antoine laissait entrevoir dès les premières pages du récit, cette nouvelle version qui vise des lecteurs plus jeunes relègue les parents au second plan, propulsant les lecteurs au milieu du combat inégal entre cette harceleuse et sa victime… là où de nombreux drames se construisent, dans la cour de récré !

« Ne vois-tu rien venir ? » propose en effet un récit à deux voix, celle de Sarah, véritable star de l'école et peste de service, et celle d'Orlane, gamine passionnée de magie, qui aimerait bien devenir invisible au fil des pages, afin de pouvoir échapper aux persécutions des autres élèves. Cette descente aux enfers qui s'étale sur une année scolaire complète et qui conduit inévitablement au drame est entrecoupée de témoignages de ceux qui n'ont rien vu venir. du corps enseignant aux parents, en passant par les autres élèves, tous viennent expliquer après les faits pourquoi ils n'ont rien vu, voire rien pu ou voulu faire.

« Ne vois-tu rien venir ? » est un récit insoutenable, qui remplit le lecteur d'un mélange de colère, d'impuissance, de frustration, d'écoeurement et d'effroi au fil des pages et lui donne constamment envie de crier « STOP »… il faut absolument que le harcèlement scolaire cesse !

« Ne vois-tu rien venir ? » est un cri d'alerte indispensable, visant à sensibiliser les adolescents au harcèlement et invitant les témoins directs ou indirects à tendre la main à ces victimes, de plus en plus nombreuses, qui n'ont plus nulle-part où se mettre à l'abri au coeur d'une société où les réseaux sociaux amplifient encore ce fléau… un harcèlement scolaire qui se prolonge malheureusement loin en dehors des établissements scolaires, poussant de trop nombreux jeunes au désespoir. STOP !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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« Ne vois-tu rien venir ? » nouveau roman d'Amélie Antoine propose un récit à deux voix, celle de Sarah, et celle d'Orlane, deux adolescentes qui auraient pu être copines, mais sont devenues ennemies jurées. La première entre en troisième, dans un collège où elle a fait toute sa scolarité et où elle est « populaire ». La seconde a déménagé de Toulouse avec sa famille et s'apprête à faire sa rentrée dans ce même collège. le texte alterne les voix des deux gamines, qui, chacune à leur tour, raconte ce qu'elles vivent au quotidien. le roman couvre une année scolaire complète dans laquelle Amélie Antoine glisse des entretiens liés à une enquête à la fin de chaque mois, où différentes personnes prennent la parole, comme si un drame terrible avait eu lieu.

Quelles sont les origines de la haine et quelles sont ses motivations ? Comment naît-elle et pourquoi ? Quels éléments se cachent derrière cette émotion intense et de quoi se nourrit-elle ? « Ne vois-tu rien venir ? » commence par l'annonce d'une mauvaise nouvelle pour Sarah. Ce qui surgit dans sa vie pourrait mettre sa popularité à mal auprès des autres collégiens et la rendre « différente » aux yeux de tous. La meilleure défense étant l'attaque, c'est assez naturellement qu'elle décide de prendre Orlane en grippe pour dévier l'attention de tous. Procédé facile, classique, mais redoutablement efficace. « Être populaire et faire partie des filles qui sont respectées et admirées, c'est du boulot ; et maintenant que je suis en troisième, j'ai bien l'intention de profiter de cet avantage. » Sa proie est toute désignée, une nouvelle dans l'école qui a l'air perdu, s'agrippe aux sangles de son sac à dos, et aurait une bosse sur le nez. « Y en a qui ne sont pas vraiment gâtés au départ, c'est quand même pas de pot d'avoir l'air nickel de face et d'être un monstre de profil, quoi ! Je sens qu'on va bien s'amuser avec elle. J'ai l'instinct pour ça. » Reste à convaincre la meute qui tourne autour d'elle de l'aider dans son entreprise de destruction massive, chose plutôt aisée lorsque l'on est si populaire. Lentement, la haine est instillée dans l'esprit de tous les « suiveurs » qui prennent chaque mot sortant de la bouche de Sarah comme parole d'évangile.

Que se passe-t-il pour Orlane ? Rapidement, dès septembre, Orlane a « la désagréable conviction qu'ici, cette fille fait la pluie et le beau temps. » Elle a conscience que Sarah a une influence énorme sur les élèves de sa classe. « Être acceptée d'elle, c'est être accepté de tout le monde. Être dans sa ligne de mire, c'est se retrouver seule en plein désert, à errer en vain pour trouver une oasis. » Orlane tente plusieurs scénarios pour échapper à l'acharnement de Sarah. C'est d'ailleurs extrêmement bien pensé de la part d'Amélie Antoine, de dérouler tous les mécanismes de défense qu'utilisent les élèves harcelés : se fondre dans la masse, essayer d'être transparents, ne pas se faire remarquer, tenter de faire ami-ami, et se rendre vite compte que cela ne fonctionne pas. Après moult tentatives, lorsque le palier de l'humiliation devant témoins est franchi, Orlane cesse d'imaginer comment elle peut lui échapper, elle ressent simplement de la peur. Cette peur, sourde, omniprésente et extrêmement vicieuse, devient malheureusement l'émotion la plus présente dans la vie d'Orlane.

Et toi, « Ne vois-tu rien venir ? » Les insultes sur les réseaux sociaux depuis différents comptes sous différents pseudos, l'obligation de quitter le groupe classe créé sur WhatsApp, les centaines de SMS d'insultes reçus, les appels la nuit ?

« Ne vois-tu rien venir ? », les adultes englués dans leurs propres problèmes qui ne savent plus voir ou sentir le mal-être terrible qui ronge leurs enfants, le corps enseignant qui a peut-être manqué d'attention, les camarades de classe qui choisissent leur camp ? « Je sais que c'est lâche, mais je ne suis pas comme toi, moi. Je ne pourrais pas endurer tout ce qu'elles te font subir depuis des mois. »

« Ne vois-tu rien venir ? », la souffrance, la honte, la culpabilité, pour l'une. le sentiment d'invincibilité, la supériorité, la fierté pour l'autre. La souffrance des deux côtés, même si elle naît de raisons obscures

En tant que mère d'une enfant qui a été harcelée à l'école, il est très difficile de prendre ce temps de réflexion pour analyser posément les choses, écouter la souffrance de son propre enfant, et savoir ouvrir suffisamment son esprit (et son coeur) pour analyser ce qui a pu se passer dans le camp adverse. C'est un exercice extrêmement difficile, car, en tentant de comprendre le bourreau, on a l'impression de trahir son propre enfant. Et pourtant, ce que démontre Amélie Antoine dans ce texte, appuyé par Emmanuelle Piquet dans la postface, est bien qu'il n'existe aucune situation où tout est noir ou blanc, et qu'il faut sérieusement se pencher sur toutes les nuances de gris, comprendre les motivations qui se cachent derrière les mots et les actes pour mieux les combattre. Aborder « Ne vois-tu rien venir ? » en mettant de côté son vécu, donc ses émotions n'est pas aisé, mais c'est nécessaire pour entendre la souffrance d'Orlane et celle de Sarah.

Le harcèlement scolaire est un fléau de notre société, générateur de drames. Je suis les travaux d'Emmanuelle Piquet depuis quelques mois. Son intervention à la fin du roman est une vraie chance parce qu'il est un réel éclairage. À travers la voix de la CPE, c'est un peu sa voix à elle que j'entends (si vous la suivez sur les réseaux, vous savez de quoi je parle) « Mais, parfois, il ne suffit pas que les adultes interviennent, j'en sais quelque chose. Notre rôle, c'est d'accompagner les enfants en souffrance, de leur montrer qu'ils ont les moyens de s'en sortir par eux-mêmes. Qu'ils ont la force de gravir des montagnes et de clouer le bec à tous les salauds qui se mettront, en travers de leur chemin. » Parfois, il suffit d'un camarade qui s'oppose, d'humour ou d'autodérision pour que les choses s'arrêtent. Dans tous les cas, cela demande un immense courage…

« Ne vois-tu rien venir ? », titre un brin provocateur encourage le lecteur à regarder au-delà des apparences et de la vie qui suit son cours derrière les préoccupations parfois anodines de chacun. Il s'agit de comprendre la mécanique du harcèlement scolaire : comment il naît, dans quelle spirale il grossit, avec quelles armes il est nourri. L'énorme point fort de ce roman réside dans la narration à deux voix, sur un laps de temps relativement court, entre septembre et juin. La tension monte au fil des mois qui s'égrène, jusqu'à ce dénouement d'une très grande intelligence. Ce qu'il m'en reste en refermant le livre, c'est l'aveuglement dont nous, adultes, faisons souvent preuve, tellement persuadés que nos enfants nous parleraient dans une telle situation. Or, comme ils nous connaissent parfaitement, ils savent aussi très bien nous mentir pour éviter que l'on déboule à l'école. Parce que, ne nous mentons pas, c'est ce qu'un parent normalement constitué fait d'instinct. Or, les expériences montrent que nos interventions desservent plus qu'elles ne servent, et qu'il faut désormais utiliser d'autres outils pour combattre le harcèlement scolaire. « Ne vois-tu rien venir ? » est un roman, très éclairant, très juste, et très émouvant. À lire, et à faire lire à vos enfants pour déclencher une discussion et tenter de libérer la parole.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Orlane fait ses premiers pas dans un nouveau collège, suite au déménagement de ses parents. Elle a un peu d'appréhension, mais rien de plus normal. Elle est passionnée par la magie. En général, un petit tour de magie devant les copains lui a toujours permis de s'intégrer.
Si seulement...
Sarah est l'élève populaire du collège. Avec sa bande de copines, elle fait la pluie et le beau temps. La nouvelle, elle la remarque tout de suite avec son air apeuré et gauche.
Finalement, cette année on va bien s'amuser...

Ce roman est une claque!
Par la fiction, Amélie Antoine dissèque le mécanisme du harcèlement. Elle nous plonge dans le quotidien de deux élèves, Orlane et Sarah et adopte successivement le point de vue de la harceleuse et de la harcelée. Elle en analyse les forces et les failles pour mieux nous révéler la perversité du harcèlement scolaire.
Au fil des pages, vous prenez conscience de cette violence sourde qui saisit la petite Orlane. Vous assistez à l'impuissance de l'entourage qui est aveugle face à la détresse et au désarroi de cette jeune fille.

Amélie Antoine nous montre avec force comme le harcèlement ne se limite plus à l'enceinte du collège. Grâce aux réseaux sociaux, il tisse sa toile autour d'Orlane et l'enferme dans ce trou noir de solitude et de violence.

Ce livre à destination des adolescents mais aussi de tous les parents est un vrai roman pédagogique. La fiction permet de donner encore plus de force et de résonnance à ce sujet encore mis en lumière par une si triste actualité.

Par ce récit, Amélie Antoine pousse un cri d'alerte! Elle nous bouscule et nous incite à être à l'écoute de tous ces adolescents, encore trop nombreux, qui subissent violence et humiliation.

Bref, un récit glaçant et poignant à lire absolument!

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