Renault, les mains noires

Quand on pense à une Renault, on imagine la voiture mais on oublie de voir qu'il y avait à la base un créateur de génie à cette entreprise autrefois familiale.

Il faut remonter au début du XXème siècle pour imaginer un Louis Renault qui tourne la tête à sa famille pratiquant le commerce de la draperie. Ce qui intéresse ce jeune, c'est la mécanique d'où les mains noires ainsi que les premières voitures avec les fameuses courses automobiles. Il perdra d'ailleurs un frère Marcel âgé de 25 ans lors d'un accident. Il mettra alors fin à ce sport dangereux pour se consacrer uniquement aux affaires.

Au niveau caractère, c'est un homme froid et dur qui s'est fait à la force de son poignet en négligeant sa famille pour se consacrer à ses affaires. Il ne fera aucune concession à ses ouvriers syndiqués en introduisant le taylorisme dans ses ateliers avec les cadences infernales pour produire toujours plus.

Durant la Première Guerre Mondiale, on verra qu'il s'est fait exploiter par l'armée mais qu'il a contribué à la Victoire par la fabrication de char d'assaut qui ont fait la différence à la fin de la guerre en 1918. Cela lui coûtera une décennie après la fin de la guerre au profit de Citroën qui triomphe. Cependant, à la faveur de la crise de 1929, les choses vont s'inverser. Renault va triompher dans les années 30.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, il va prendre ses distances avec les militaires et s'engager dans la voie du pacifisme. Lorsque la France est finalement envahie, il tient plus que tout à préserver ses usines dans son giron. C'est là qu'on va l'accuser de collaboration active avec l'ennemi. Les alliés bombarderont ses usines en les réduisant à un tas de miette. Il sera jeté en prison lors de l'épuration mais il n'y survivra pas. Il est mort dans d'atroces conditions. A la fin de cette biographie, on se dit que c'est vraiment une histoire tragique. On s'imagine mal que cela ai pu se terminer ainsi.

J'ai beaucoup aimé le fait que les auteurs n'ont pas fait dans la complaisance et se sont éloignés de l'histoire officielle pour nous raconter la vérité. On sent bien que les politiques se sont servis d'une soi-disante collaboration afin de lui enlever ce joyau nationale qu'il avait construit.

J'ai rarement lu une biographie aussi bien construite et aussi passionnante. Ma note reflète cet état d'esprit.

Bon ! Renault, vous connaissez ? Evidemment ! Quelle question idiote ! Vous roulez peut-être dans un véhicule de cette marque… Mais savez-vous d'où vient ce nom ? Une famille ? Oui, en quelque sorte…

Bien qu'issu d'une famille fortunée qui produisait des tissus et des boutons, Louis Renault décida de ne pas suivre d'études au grand dam de son père. Louis est un manuel ! Il adore plonger ses mains dans le cambouis. Il décide de construire des voitures et s'illustre particulièrement dans les courses intervilles, des courses particulièrement mortelles tant pour les équipages que pour les autres usagers de la route ou les spectateurs. C'est dans une de ces courses que Louis perdra son frère Marcel, le financier des entreprises Renault.
Louis a, osons le dire, un caractère de cochon et n'accepte pas telles quelles les idées de ses collaborateurs jusqu'à ce qu'il les appréhende et puisse les présenter comme siennes.

Lorsque la guerre éclate en 1914, Louis Renault est appelé à l'armée… Mais comme il construit des moteurs d'avions, il n'ira pas au front… Puis, on le convoque pour fabriquer des obus. Il ignore tout des obus. On l'envoie voir aux arsenaux de Bourges. Il proposera une solution inédite ! Refusée ! Mais devant les pertes terribles en hommes et le besoin d'obus, on demande à Renault de fabriquer ses obus et de les faire tester… C'est un succès ! Tout au long de la guerre, Renault va se battre avec une administration et des esprits bornés peu capables d'entrevoir des solutions du futur. Néanmoins, grâce à sa volonté indomptable, Renault va arriver à ses fins. Il devient un héros, notamment grâce à ses chars FT-17, les chars de la victoire !

Sautons deux décennies… La Seconde Guerre mondiale démarre. La France est vaincue. Que vont devenir les usines Renault ? Et Louis ?

Critique :

Cette géniale BD retrace la vie d'un homme hors du commun avec un caractère bien trempé qui rendra d'énormes services à son pays jusqu'à ce que…

Benjamin Benéteau et Antoine Lapasset nous proposent de découvrir la vie d'un capitaine d'industrie hors du commun, qui n'a pas fait d'études, dont l'énergie se retrouve pleinement dans le trait de la bande dessinée. Cette biographie, somme toute assez complète, permet de découvrir, au travers des 80 pages, les grandes heures, et les erreurs, de Louis Renault.

Une BD de très grande qualité qui ne peut que toucher un très large public.

Scénario et couleurs : Lapasset
Dessin : Benéteau

Louis Renault est un chef d'entreprise talentueux et pugnace qui a dédaigné le commerce florissant de ses parents pour se consacrer à la mécanique d'où le surnom "les mains noires". Il a créé sa propre usine. C'est son enfant bien-aimé.
Et il n'a vécu que pour et à travers cette usine.
Si je peux l'admirer pour ça, je trouve l'être humain absolument détestable.
Il applique avec rigueur le taylorisme et se moque éperdument du bien-être de ses ouvriers. Ce qu'il veut, c'est qu'ils travaillent le plus possible, sans faire de vagues. Il est jaloux de ses concurrents, en particulier de Citroën. Il est arrogant quand ses ouvriers font grève : « moi, je n'ai pas besoin de travailler ! J'ai de l'argent ! Vous pouvez vous mettre en grève ! Je prendrai trois mois de vacances sur la Côte d'Azur ! » P 18.
Quant à sa famille, elle n'a guère droit à plus de mansuétude.
En ce qui concerne la fin de sa vie, je suis plus nuancée. Il est mort en prison dans des circonstances troubles., accusé d'avoir collaboré avec l'ennemi. Il souffrait de démence sénile. Bref, ses derniers jours n'ont pas été faciles.
Le réalisme des dessins et les dialogues sont tout à fait à la hauteur du destin de cet homme. J'ai aimé aussi les couleurs utilisées.
Une BD très intéressante.

Derrière la prestigieuse marque au losange, se cache un homme visionnaire à la forte personnalité, un des pionniers de l'industrie automobile, Louis Renault (1877 – 1944).

Né dans une famille bourgeoise aisée, dès l'adolescence il se prit de passion pour la mécanique. D'abord les mains dans le cambouis dans son petit atelier jusqu'à l'entreprise internationale, que l'on connait encore, il dédia toute sa vie à l'automobile.
Pilote de course dans ses premières années, inventeur de génie, entrepreneur exigeant et perfectionniste, Louis Renault a traversé la première moitié du XXème siècle et deux conflits mondiaux. Patron dynamique mais intransigeant, il est entré de plein fouet dans le capitalisme et la consommation de masse.

Cet ouvrage bien fait est une biographie très dense de Louis Renault, insistant sur les qualités, les succès mais aussi les contradictions de l'homme, qui tout au long de son existence a oeuvré pour le développement et la sauvegarde de son entreprise. D'aucuns l'ont accusé de collaboration avec l'ennemi pendant la seconde guerre mondiale. Qu'en est-il vraiment ? Il est décédé avant son jugement.

Mon père a travaillé plusieurs décennies aux usines de Boulogne-Billancourt, je ne pouvais donc faire autrement qu'emprunter cette bd, qui "me faisait de l'oeil" bien en évidence sur une étagère de ma médiathèque. Je l'ai trouvée intéressante, complète, bien illustrée avec des graphisme plutôt sombres et réalistes. Par contre, j'ai regretté une certaine confusion dans la mise en page. J'ai parfois eu du mal à suivre le cheminement des textes et des dialogues dans les bulles, idem pour reconnaître les différents personnages et pour me repérer dans les diverses étapes de la vie de Louis Renault.
Ceci dit, cette oeuvre graphique d'Antoine Lapasset (scénario) et Benjamin Beneteau (illustrations) est une très bonne approche pour en apprendre un peu plus sur les débuts de l'industrie automobile et un de ses pionniers en France.

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