« Le temps d’apprendre à vivre , il est déjà trop tard. »
Il faisait déjà une manière de soleil, et il y avait des couleurs tendres dans les champs, un piquetis d'herbe pale sur les velours labourés beiges, blancs, bruns et roses; les premières fleurs banches aux arbres fruitiers. Le paysage s'adossait aux coteaux voisins, couronnés de buissons et coupés de carrières, avec un petit chemin de fer à sable. Puis la route, les champs et le fouillis qui cachait la seine. Tout cela s'étendait à plat sur des kilomètres. de l'autre coté de la vallée, tout s'estompait, on devinait, des plateaux, un pays qui continue.
Le temps à certains jours de notre vie cesse d’être une trame, d’être le mode inconscient de notre vie. D'abord il commence d’apparaître, de transparaître dans nous comme un filigrane, une marque profonde, une obsession bientôt. Il cesse de fuir quand il devient sensible. L'homme qui cherche à détourner sa pensée d'une douleur la retrouve dans la hantise du temps, détaché de son objet primitif, et c'est le temps qui est douloureux, le temps même. Il ne passe plus
On ne sait pas ce qu'il faut faire pour se faire aimer: se montrer comme on est ou mentir. On balance entre les deux. On fait les deux d'ailleurs, au hasard, un peu.On se fait comme on voudrait être, comme on croit qu'il faudrait paraître, et puis on se dit: Ce n'est pas moi...On cherche à se montrer... à son pire...à déplaire... Qui sait si ce n'est pas le moyen de plaire ?
Vous changez Bérénice, comme un paysage avec le vent... vous n’êtes pas une femme... vous êtes une foule... toutes les femmes.
Jamais on ne peut bien détailler une femme comme on le fait en suivant une inconnue. On a à peine vu son visage , on essaye de se le figurer quand elle tourne légèrement la tete et puis le peu de joue qu'on voit alors n'est gâché par rien, c'est facilement joli chez la femme , cette attache du cou et de l’oreille.
C’était un jour de fin novembre toute ensoleillé.Les autos roulaient sur le macadam,sans bruit , sans poussière.Les arbres sans feuilles dessinaient leur lacis noirs, au dessus des allées comme un travail d’orfèvrerie niellée
Il avait préservé en lui l’idée de Bérénice, mais Bérénice la dérangeait, cette idée.
« Un beau soir l’avenir
S’appelle le passé,
C’est alors qu’on se tourne
Et qu’on voit sa jeunesse » .
Si on a regardé un homme jusqu'à ne plus voir en lui que ce qui le fait différent des autres, le particulier en lui, il est bouleversant de retrouver, avec d'autant plus de force qu'on l'oubliait déjà, que l'essentiel en lui c'est ce qui ressemble aux autres.