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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Vous aurez sans doute remarqué, le contraire me surprendrait, l'atmosphère quasi religieuse qui règne dans les musées (de ce point de vue les cimetières sont parfois plus gais)…. Certes, ce recueillement est justifié par le respect que les visiteurs se doivent mutuellement afin d'admirer les oeuvres exposées, les musées après tout ne sont pas des lieux de communication n'est-ce pas ? d'évasion peut-être à la rigueur… recueillement donc afin de ne pas troubler l'intense concentration qui se lit sur les visages, … intense concentration, mais le plus souvent aussi perplexité, interrogation, réflexion… diable la peinture est une affaire sérieuse, un plaisir certes, mais on veut pas passer pour plus bête qu'un autre, et tout comprendre dans la mesure où il y a quelque chose à comprendre…

Mais c'est que comme dit l'art n'est pas toujours d'un abord facile et évident, et comprendre l'art justement n'est pas toujours l'enfance de l'art… Si vous allez voir une expo d'un peintre botaniste, de marines, de paysages… jusque là ça peut aller … mais pour peu qu'un escargot aux dimensions surréalistes se balade fièrement sur une annonciation, là ça se corse un peu ! Qu'est-ce qu'il fabrique là ce bougre de gastéropode ?

Ne vous tracassez plus, et apprenez à voir avec Daniel Arasse qui vole à votre secours dans son livre « On n'y voit rien ! ».C' est un court recueil de six fictions presque des enquêtes même, interrogeant chacune sur la ou les significations de 6 tableaux et pas n'importe lesquels, parmi les plus célèbres s'il vous plaît : "Mars et Vénus surpris par Vulcain" de Tintoret, "L'annonciation" de Cossa, "L'adoration des mages" de Bruegel, "La Vénus d'Urbin" de Titien et "Les Ménines" de Velázquez.

Un livre pour comprendre la peinture c'est sûrement barbant, compliqué !
Je sais, je sais, vous voulez des explications limpides, divertissantes, accessibles tout en étant pertinentes et savantes tant qu'à faire… et bien justement ce livre est tout ça à la fois, et même en plus il est drôle, je dirais même plus encore, on a l'impression que l'auteur discute avec vous au troquet du coin en sirotant une bière bien fraîche ! Une ironie un peu « lourde » parfois, mais qu'importe puisque c'est efficace et nous emporte, laissez-vous tenter vous allez être surpris.

En plus je vous le dis, c'est drôle, et sans façon, jugez plutôt, voici commence l'intrigue des Ménines de Velázquez : « Les Ménines ! Encore ? Non ! Non ! Par pitié ! Ça suffit, avec les Ménines ! On a tout dit sur elles ! tout et rien ? D'accord, mais quand même, maintenant, ça commence à bien faire ! »

Et puis vous en connaissez beaucoup vous des historiens d'art qui ont le toupet de se demander si la Vénus d'Urbin est une pin-up ?!!

Enfin bon, moi je vous dis que cette promenade dans ces 6 tableaux vaut le détour, que ce livre ou plutôt Daniel Arasse, vous ouvrira les chakras et vous permettra d'aiguiser votre regard, et vous donnera un peu plus de confiance en votre imagination propre la prochaine fois que vous irez au musée, mais bon vous faites comme vous voulez, moi je sais ce que je vais faire : lire « le détail » de cet auteur, je pense que je vais me régaler.
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J'ai acheté ce livre après avoir vu une conférence sur les femmes dans les tableaux du Musée des beaux Arts à Nantes. Il nous avait été conseillé par la conférencière. C'est étonnant et drôle, il y a là une approche de la peinture légère et assez facile. mais je ne l'ai pas lu comme un roman, cela m'a demandé tout de même un effort.
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Le thème central pourrait être résumé par cette phrase du premier texte, lettre/controverse à propos de «Mars et Vénus surpris par Vulcain» du Tintoret : «C'est peut-être là l'essentiel de ce qui nous sépare. On dirait que tu pars des textes, que tu as besoin de textes pour interpréter les tableaux, comme si tu ne faisais confiance ni à ton regard pour voir, ni aux tableaux pour te montrer, d'eux-mêmes, ce que le peintre a voulu exprimer.»
Six textes, à propos, outre ce premier, de «l'annonciation» de Francesco del Cossa et l'escargot, de l'«Adoration des mages», version de Londres, de Bruegel l'ancien, des Madeleines pénitentes, de la «Vénus d'Urbin» de Tien de la pin-up et de la main, et des Ménines, des formes diverses : lettre, dialogue, adresse au lecteur, exposé, toujours un ton très vivant qui colle à cette revendication du regard précis, curieux, vierge de références et à priori (nourri en fait par textes ou connaissances digérées, mais ramenées en sous conscience, ou s'appuyant sur..) - avec parfois une familiarité affichée, une ironie un peu lourde, mais qui s'oublie vite dans le plaisir pris à suivre le raisonnement, à, avec lui, partir d'un détail et arriver à tout le tableau ou à une constante de l'art.
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Leçon d'analyse de tableaux sur le motif. Par un pseudo jeu épistolaire et sous un délicieux vernis de fausse légèreté, Daniel Arasse s'attache à décortiquer les dessous de quelques grandes toiles de l'histoire de l'art pour aller au-delà du visible. Approche sensible, lecture érudite, vision symbolique, l'auteur amène autant de clés qu'il ne pose de questions à son lecteur. C'est en tout point joyeux et passionnant.
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Moi, ce qui m'a intéressé ce n'est pas l'interprétation d'Arasse, ce sont les chemins tous différents qu'il emprunte pour arriver à ses conclusions qui peu ou prou tournent toujours autour de la question du regard , du caché et du montré.
Certes j'ai pas tout suivi dans les tours et détours de ces six cheminements. J'ai attrapé quelques brins de conversations sur le chemin, des plaisanteries brillantes. J'ai contourné mécaniquement certains obstacles sans trop m'inquiéter. Je me suis laissée perdre et guider tour à tour. J'ai aperçu quelques belles perspectives aussitôt oubliées, dépassées et je serais incapable de retrouver mon chemin seule notamment pour "Les Ménines".
Pourtant, j'ai vraiment aimé me laisser emmener à travers ces oeuvres notamment l'Epiphanie de Bruegel. D'abord parce que j'adore les oeuvres de ce peintre depuis que j'ai lu le livre de Falkenberg et Weemans, et puis parce que le jeu de l'analyse d'Arasse m'a séduite, séduite plus que convaincue.
Dans le jeu de l'analyse , Je revendique le terme de jeu, le ton, la liberté des règles, tout m'a fait pensé à un jeu.
Pas plus sérieux que ça pour moi et donc très intéressant.

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L'auteur propose des méthodes d'interprétation des tableaux figuratifs à travers cinq oeuvres célèbres :
1. "Mars et Vénus surpris par Vulcain" du Tintoret
2. "L'Annonciation" de Cossa
3. "L'Adoration des mages" de Bruegel
4. "La Vénus d'Urbin" du Titien
5. "Les Ménines" de Velazquez.
(S'y entrepose un chapitre assez atypique sur l'identité composite de Marie-Madeleine dans les Évangiles, sur sa chevelure et autres pilosités.)

Je ne connais pas les interprétations "classiques" de ces tableaux ni ne suis assez expert en histoire de l'art pour juger de la portée révolutionnaire ou au moins novatrice et insolite de ses propos. Toutefois, le ton polémique contre des interlocuteurs directement ou indirectement interpellés aurait tendance à suggérer qu'ils le soient.
Pour moi, cela a été un "univers des possibles" qui s'est entrebâillé devant la naïveté de mon regard face aux oeuvres d'art, où l'immense masse d'informations historiques sur les conditions et contextes de réalisations de ces oeuvres, sur les renvois synchroniques et diachroniques, sur les dangers de l'iconographie et de l'anachronisme, m'a quelque peu noyé sans pourtant me paraître (excessivement) pédante. Les informations sont donc agréablement transmises.
J'ai sans cesse essayé d'exercer mon esprit de synthèse pour déceler une "méthode interprétative" unique, et je ne crois pas être parvenu très loin dans la généralisation entre les 5 tableaux, sauf pour ce qui est de l'attention à la géométrie de la composition - au-delà et souvent à l'encontre de la simple perspective -, au regard du spectateur qui semble être pris dans une sorte de dialectique entre soi-même et la "volonté" d'être dirigé par le peintre, à plusieurs espaces intermédiaires existant entre l'intérieur de la composition et l'extérieur du tableau. Les experts me diront si cela est un bon début.
En revanche, j'ai été dérangé par la forme erratique de présentation des arguments, qui arrive jusqu'au point de la contradiction interne, avec "Les Ménines". Autre aspect dérangeant pour moi, déjà relevé dans une note précédente, c'est le style différent d'un chapitre à l'autre, empruntant la forme tantôt de l'épître, tantôt du dialogue avec un contradicteur, tantôt du monologue intérieur à la seconde personne (tu). Ce côté de recherche littéraire m'a semblé, lui, inutilement pédant et un peu gauche aussi.
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La nature dérobée.
Couverture noire, titre en grisé, le lecteur doit déjà se pencher sur le livre pour découvrir de quoi il s'agit. Bien vu ! La tentation est alors grande de les ouvrir de concert, l'oeil et l'essai pour voir ce qu'on va voir. Daniel Arasse (1944-2003), en bon pédagogue et historien de l'art, spécialisé dans la Renaissance et l'art italien, propose d'abord une oeuvre du Tintoret de 1550, Mars et Vénus surpris par Vulcain. Avec son didactisme affiché, l'auteur irrite d'entrée de jeu en adressant son explicitation du tableau à une épistolière italienne fictive incapable de voir les connotations érotiques. le reflet dans le miroir, légèrement décalé dans le temps, donne une autre dimension à l'adultère mis en image. L'étude se poursuit avec L'Annonciation, peinte vers 1470-1472 par Francesco del Cossa, artiste du Quattrocento de l'école de Ferrare. Vient ensuite l'extraordinaire toile de Bruegel l'Ancien, L'Adoration des Mages, datée de 1564 où les trognes oscillent entre le grotesque et la sidération. Moins ostentatoire que dans le premier commentaire mais tout aussi pompeuse, l'accroche d'Arasse se fait par une énonciation à la troisième personne. La description passe l'oeuvre à la moulinette socioculturelle. Les rois mages ont : « l'air de vieux hippies avachis, de babas édentés… de vieillards gâteux » quand on pourrait y déceler des cadavres en sursis, des zombis en plan plus en phase avec l'air du temps d'aujourd'hui. Daniel Arasse va concentrer son propos sur l'« oeil noir » de Gaspar, roi élégant mais en retrait. Restent encore deux chefs-d'oeuvre abordés successivement, La Vénus d'Urbin, 1538, du Titien, le « prince de la Peinture » puis les incontournables « Ménines », 1656, de Diego Velázquez, peintre baroque espagnol juché au firmament de l'art. En tout cinq oeuvres sont décortiquées et une thématique abordée, celle de l'identité de Marie-Madeleine à travers sa chevelure. Papier, format et multiples focus en couleur sur l'oeuvre étudiée rendent le cheminement agréable mais au bout du parcours, qu'a-t-on vu qu'on ne saurait voir ? Y verra-t-on mieux la prochaine fois ? Cela reste à voir. le discours érudit et pointilleux de l'auteur s'avère constamment « arassant ».
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