Avec Juliette dans son bain, Metin Arditi propose un curieux mélange, difficile à définir, entre roman policier et critique sociale. Il y dévoile le parcours en apparence exemplaire d'un self-made man issu de la haute bourgeoisie parisienne, faisant alors des incursions dans le monde de l'art et du mécénat, dans les sphères de l'entrepreneuriat, de la spéculation et des stratégies de développement des sociétés, ou encore dans celle des médias.
Parti d'une petite entreprise familiale spécialisée dans l'alimentaire, Ronald Kandiotis a bâti un empire immobilier grâce à son astuce et son habilité aux négociations et aux excellents montages financiers. Devenu mécène et bienfaiteur auprès des jeunes artistes et des institutions culturelles et muséales, à qui il fait des dons remarquables, il est encensé par la critique et les médias et présenté comme un homme exemplaire, salué pour sa générosité et son altruisme. Pourtant, l'enlèvement de sa fille au lendemain d'une interview télévisée très attendue en raison de sa rareté, va venir ébranler l'édifice de la figure publique et médiatique du milliardaire, dont les largesses et les bienfaits semblent avoir réveillé ses ennemis.
Si l'intrigue policière constitue là la trame du récit, avec une enquête conduite sur un peu plus d'un mois pour retrouver la trace de l'adolescente disparue, elle n'est pour autant qu'un prétexte qui sert à l'exploration du parcours, de la personnalité et de la psychologie de Kandiotis. C'est lui qui intéresse l'auteur, qui s'applique à dresser son portrait dévoilant pan par pan les différentes facettes de son personnage au fil de nombreux retours dans le passé, de l'évocation de ses souvenirs, et à la faveur du chantage épistolaire dont il est la victime. En effet, la libération de Lara, dont l'enlèvement est revendiqué par une mystérieuse Association des Victimes de R. Kandiotis (l'AVRAK), est soumise pour toute rançon à l'apposition de la signature de son père, valant comme reconnaissance et acceptation, au bas de dix lettres envoyées et publiées dans la presse nationale à raison d'une par semaine. Chacune de ces lettres, dénonçant et mettant en lumière des pratiques peu avouables, des coups bas, des choix destructeurs voire criminels dont Kandiotis aurait été l'auteur tout au long de sa vie, vient alors écorner le parcours exemplaire et le portrait sans tache de l'homme, révélant un caractère intransigeant, impitoyable, égoïste, opportuniste, et ne reculant devant aucune trahison ou humiliation pour arriver à ses fins.
Au fil de la déconstruction progressive de la figure du personnage, le roman s'attache à montrer la multiplicité des vérités et des réalités perceptibles autour d'une même vie, d'une même personne, de mêmes événements, qui peuvent apparaître sous des jours très différents selon l'angle et le point de vue choisis : la réalité intime et personnelle vécue de Kandiotis lui-même, dévoilée à travers les souvenirs qui lui reviennent en mémoire tout au long du roman, celle de ses proches qui viennent apporter leur éclairage et leur regard extérieur, et les vérités peu reluisantes dénoncées dans les lettres de l'AVRAK, et relayées par les médias. Ces derniers occupent d'ailleurs un rôle primordial dans le roman, qui, parsemé d'extraits d'articles publiés dans leurs colonnes autour de l'affaire Kandiotis, allant de l'éloge à l'opprobre en passant par l'apitoiement ou le procès, rappelle le pouvoir des médias de faire et défaire les notoriétés et les réputations, leur capacité tant à brosser les personnalités dans le sens du poil qu'à alimenter soudainement les grands déballages publics. « L'odeur du sang, se dit François. Les appétits s'aiguisent ».
A travers la figure du mécène, Arditi mène également une réflexion sur le don et la démarche qu'il induit lorsqu'il émane d'un personnage richissime comme Kandiotis. La générosité dans son cas peut-elle être totalement désintéressée et altruiste ? Au fur et à mesure de la chute médiatique du collectionneur, le lecteur découvre qu'un don en apparence désintéressé peut alors masquer des réalités et des motivations plus complexes. Moyen de diversion, il peut permettre de cacher, de détourner l'attention sur un fait ou des pratiques peu avouables, ou de se dédouaner de quelque chose ; Intéressé, il peut être une façon de se valoriser, ou effectué dans l'attente de quelque chose en retour, d'une reconnaissance sociale et médiatique ; Calculateur enfin, le don peut avoir pour objectif de créer une dépendance de la part de celui qui reçoit, une sorte de dette envers celui qui donne, confinant alors à la manipulation. Soudainement, la générosité et les bienfaits du milliardaire seraient forcément le signe d'un manque d'humilité, du sentiment d'être au dessus des autres et d'appartenir à une humanité à part.
Malheureusement, malgré ces questionnements intéressants, le roman se déploie selon une trame et une structure morcelées et décousues, qui trimballent le lecteur à travers les expériences vécues et les souvenirs croisés de multiples personnages, sans qu'il en saisisse toujours le sens. Chaque court chapitre renvoie à une date précise, qui se poursuit parfois sur plusieurs chapitres tout en changeant de personnage : le milliardaire, la fille, l'épouse, la professeur de chant, l'avocat, les collaborateurs, les enquêteurs... Cette galerie de portraits plus ou moins fouillés s'apparente davantage à un défilé désordonné, à un enchevêtrement de petites histoires, qui ne flattent en rien l'appétit du lecteur à la résolution de l'enquête policière, et à peine plus à la compréhension du personnage de Ronald. Les événements et les rencontres des uns et des autres font ressurgir des souvenirs vécus, qui déboulent sans préavis dans le récit, qui eux-même renvoient à d'autres souvenirs antérieurs et produisent une imbrication, un fourmillement de faits, de temps et de lieux dont on saisit mal la cohérence. Mais où Arditi veut-il en venir avec ses multiples destins qui semblent n'avoir pas toujours de rapports entre eux ? La fin du roman le dira en reconstituant les liens au moment la résolution de l'enquête, mais hélas trop tard pour avoir réussi à garder l'attention du lecteur.
Un roman décevant donc de la part d'un auteur habituellement salué par la critique, dont il faudra découvrir peut-être davantage les précédents ouvrages.
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La fille d'un riche entrepreneur et mécène est kidnappée. Elle sera libérée si son père publie toutes les semaines, une lettre faisant part de ses bassesses et vilenies durant son existence. Il accepte et pendant ce temps Marie et son chef François essaient de démêler le fil de la vie de cet homme afin de trouver le coupable.
Guère passionnant et convaincant, on est loin des autres livres d'Arditi .
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Je n'ai pas trop aimée ce livre. Je n'ai pas réussi a comprendre l'histoire à cause de son début trop long. Je trouve ça trop compliquée a comprendre à cause de la scène de début trop détaillée. Malheureusement je n'ai pas réussi à finir de lire ce livre ce qui est très décevant en sachant que le résumé de ce livre était très attirant au premier abord.
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Le début de ce roman m'a enthousiasmé, on retrouve la force de l'écriture de Métin Arditi et le thème de l'art. Mais ce n'est qu'un prétexte et la suite est moins réussie.
Un riche mécène self-made-man voit sa vie basculer quand sa fille se fait enlever. Le roman oscille ensuite entre polar et réflexion sur la richesse, la réussite et les médias. Ronald Kandiotis considéré comme un homme discret, humble, généreux et respecté devient suspect. Les recoins de son passé sont dévoilés dans les lettres dénonciatrices des ravisseurs. Les feux de l'actualité le dépeignent comme un être égoïste, calculateur et destructeur. Mais qui est le vrai "Ronny" et pourquoi ?
On se perd sans cesse dans le récit de sa vie, et le dénouement n'est pas très excitant. Donc un sentiment mitigé. Par contre ne pas passer à côté de la fille des Louganis du même auteur.
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Déçue. je m'attendais à mieux
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