On n'a jamais rien à gagner à fréquenter des gens qui ne partagent pas vos valeurs. On risque même d'en oublier les siennes.
- Découvrir des choses qu'on ne connaît pas, c'est agréable, non ? C'est pour ça que je m'arrange toujours pour regarder dehors quand je prends le train. Et le meilleur endroit, c'est près des portes.
Elle lui demanda de l’emmener en voyage quelque part une fois qu’elle se serait habituée à sa vie d’étudiante. Nul besoin d’aller loin. Il fallait juste trouver un hôtel agréable, où ils passeraient la nuit ensemble. Cela le fit rire.
- Ca va mieux, on dirait.
Puis il poussa un profond soupir.
- Oui, mais quand tu seras étudiante, Etsuko, je suis sûr que tu ne voudras pas d’un idiot comme moi. Qui ne sait même pas lire le caractère de « soie ».
- Ne t’en fais pas pour ça, répondit-elle en se jetant sur lui. J’adore les idiots.
- Je ne te suis pas !
Il l’avait serrée dans ses bras, presque en souriant.
Tout à coup, elle se sentait gaie. Qui sait, une graine de bonheur venait peut-être de rouler vers elle.
Ses paroles, qui auraient pu être interprétées comme des vantardises, étaient le sang qui coulait de ses blessures.
On n'a jamais rien à gagner à fréquenter des gens qui ne partagent pas vos valeurs. On risque même d'en oublier les siennes.
On y prie pour la paix du foyer, la guérison, la réussite aux examens et les accouchements faciles.
Les gens qui prennent le train seuls se composent en général une mine indifférente. Leur regard, qui va des publicités placées en hauteur au paysage extérieur erre en évitant sans cesse de croiser celui d'autrui.
Aux yeux d’une mère, la jeune fille idéale pour son fils, celle qu’il voudrait épouser, ne devait pas nécessairement être belle. Il ne fallait surtout pas qu’elle soit voyante – mais pas non plus laide au point de nuire à la réputation de celui-ci. L’idéal était une jeune fille bien élevée, mignonne mais discrète, dont la tenue préférée serait une jupe plissée et un chemisier, quelqu’un d’effacé, qui ne se mette pas en avant.
Le train parti de Takarazuka à destination de Nishinomiya-kitaguchi, dans lequel étaient montés et descendus de nombreux passagers, était maintenant prêt à accueillir ceux qui partaient dans la direction opposée.
La sonnerie annonçant le départ ne tarda pas à retentir, les retardataires se hatèrent d'y monter, et les portes se refermèrent.
Il démarra. Quels récits habitaient ses passagers ? Ils étaient les seuls à le savoir.
Le train se lança avec sa cargaison d'histoires sur son parcours qui n'était pas infini.