Pas de doute, la vie nous réservait toujours des surprises. Et la bienveillance se cachait dans les endroits les plus surprenants.
Ses fonctions le déprimaient si souvent : il était difficile d’apporter de l’espoir à ceux qui n’attendaient plus rien de la vie. Et aujourd’hui, elles avaient un réel besoin de lui… Voilà qui illustrait curieusement le dicton « à quelque chose malheur est bon », mais il fallait accepter ce que la vie nous réservait.
Elle a cultivé l’individualité, la prise de risques. Je pense qu’elle est tombée sous le charme de son propre mythe : le flic héros qui se met toujours en première ligne. À la fin, elle a dû se croire intouchable, libre de faire tout et n’importe quoi sans avoir de comptes à rendre.
Certains pensent qu’elle a assassiné ces pauvres gens parce qu’ils la faisaient chanter mais je crois qu’elle les a tués parce qu’elle considérait qu’elle en avait le pouvoir.
Elle avait entendu des histoires glauques sur la justice carcérale mais là, c’était un autre niveau. Elle avait envie de vomir et, à en croire les teints pâles de ses voisines, elle n’était pas la seule. L’information délivrée par Sandra se répandait comme une traînée de poudre et l’ambiance dans le réfectoire s’était refroidie. D’habitude, les détenues étaient bruyantes et excitées au moment des repas.
Aujourd’hui, tout le monde paraissait effrayé.
Les junkies, les schizos, les tarées qui vous crachaient à la figure à la première occasion étaient douces comme des agneaux. Incroyable ce que la faim peut nous faire faire.
Trop endormies encore pour protester, trop usées pour résister, elles avançaient d’un pas traînant dans l’embrasure de leur porte et attendaient d’être autorisées à se rendre au petit-déjeuner. Il n’y avait ni irritation ni mauvaise grâce. C’était pour cela que l’appel du matin était le moment préféré de Sarah.
Elle ne pouvait se fier à personne, se confier à personne, et comme le prouvait la parade nocturne des rats et des insectes, sa seule compagnie était désormais celle de la vermine.
C’était insensé, et pourtant elle était bien à Holloway, le centre pénitentiaire qui avait hébergé sa sœur après qu’elle avait assassiné leurs parents. Quelques condamnées à perpétuité se souvenaient de Marianne, évoquaient d’un ton approbateur son intelligence et son esprit tout comme, avec un peu moins de chaleur certes, la violence dont elle était capable. Son fils, Robert Stonehill, avait tué trois personnes dans le seul but de piéger Helen. Mission accomplie, puisqu’elle se retrouvait maintenant en compagnie de menteuses, de voleuses et de meurtrières.
La prison pour femmes de Holloway était un labyrinthe de couloirs étroits et mal éclairés, qui offrait un nombre incalculable de points d’embuscade potentiels. Leah connaissait bien le terrain, elle le pratiquait depuis quatre ans déjà, mais cet avantage ne garantissait en rien sa sécurité. Pas avec la meute à ses trousses.