Une technique à l'efficacité prouvée qui lui convenait, 6 heures - 18 heures, pas plus. Et qui l'aidait à réguler son humeur. Quels que soient les aléas, un travail effectué dans les temps était synonyme de contrôle.
Porter la vie en soi était une expérience unique, merveilleuse, mais qui donnait parfois l'impression de subir une attaque continue, d'être en lutte perpétuelle avec l'être qui grandissait en soi.
Sa transformation était terminée. Avant, elle était une marionnette, une poupée au maquillage hideux, méprisée et plainte par tous ceux qu'elle rencontrait. À présent, elle était un objet de crainte et de terreur
Elle était un ange de la mort.
À cet instant, elle sursauta au son bruyant dans son dos, un cri perçant et soudain, qui s’arrêta tout aussi brusquement. Et de nouveau : très fort puis plus rien.
Pour la première fois, Helen resta sans voix tant elle était scandalisée par un tel acte d'égoïsme et de cruauté. La pièce était plongée dans un silence de plomb que seuls les sanglots de Fran entrecoupaient. Celle-ci paraissait vidée, comme l'ombre d'elle-même.
Helen fixa l'homme d'un regard d'acier.
- Qu'est-ce qui vous a poussé à franchir la ligne ?
A quel moment avez-vous cessé de rêver de tuer pour vous y mettre pour de vrai ?
L'homme enclencha le compteur et s'élança à la suite de la camionnette. En sueur, Emilia s'enfonça dans le siège et boucla sa ceinture sans quitter l'autre véhicule des yeux. Le perdre serait catastrophique.
Chaque élève avait ses propres soucis, chaque école, ses secrets.
Un tueur fantôme qui continuait de hanter l’imagination collective.
Alors seulement les battements de son cœur commencèrent à ralentir. Elle était pétrie de tension depuis bientôt deux heures, à craindre le pire, et elle pouvait enfin se détendre. Elle avait passé une soirée horrible, qui l’avait replongée dans le cauchemar qu’elle croyait terminé. Mais c’était fini, elle s’en était tirée. Elle avait survécu.