Et vous passerez comme des vents fous

ENTRE VIOLENCE & BEAUTÉ. Coup de coeur immense 💖

Gaspard, un berger pyrénéen, s'apprête à remonter aux pâturages avec ses brebis hanté par l'accident tragique survenu la saison précédente.
Au coeur des mêmes montagnes, Alma, une jeune éthologue, a pour mission l'étude du comportement des ours afin d'améliorer la cohabitation avec les troupeaux...
Autrefois, dans ces mêmes vallées le dressage des ours était une tradition. L'histoire de Jules, un jeune saltimbanque parti faire fortune à New-York avec son ours résonne étrangement avec le présent où l'animal provoque des tensions irréconciliables au sein de la montagne...

"Nous étions en paix comme nos montagnes
Vous êtes venus comme des vents fous."

Éblouissant. Voici le mot qui m'est venu à l'esprit lorsque j'ai refermé ce roman qui raconte magnifiquement ce que la montagne a de beau, de grand, ce qu'elle a d'âpre et de rude aussi.
Une plume vive comme les oiseaux des montagnes, fluide comme le torrent, belle comme la nature. Qui nous raconte simplement les choses, sans jugement aucun. Qui nous immerge au coeur de la vie pastorale.

Un roman dont je suis sortie grandie, pleine d'admiration pour les bergers, en ayant envie d'aller retrouver ces montagnes que j'aime tant dont la quiétude apparente masque parfois des enjeux que nous ne soupconnons pas.
Avec ce roman infiniment riche et documenté, l'autrice interroge notre rapport à la nature et au sauvage. Elle relate la complexité des rapports entre l'homme et l'ours, ce conflit infini et insoluble dans lequel le dialogue n'a plus de place.

C'était tellement riche, intense, et passionnant.
Une lecture qui a profondément marqué mon été et que je vous recommande grandement !
Les mots me manquent mais j'espère qu'il fera grand bruit, il est si beau. ❤️

(Et j'espère vous avoir donné envie de le découvrir ! 😇✨️)

C'est l'été dans les Pyrénées. Gaspard, berger solitaire, a conduit ses brebis sur l'estive. Tourmenté par la mort tragique d'une jeune bergère survenue l'année précédente, il se pose des questions sur son activité pastorale. Il croise le chemin d'une éthologue, surnommée « la fille-aux-ours. » Alma suit pas à pas, obstinément, la réintroduction des ursidés dans ce coin de montagne, persuadée qu'une meilleure connaissance du comportement des ours est nécessaire à la cohabitation. Au grand dam des villageois de la vallée pour qui l'ours exerce encore et toujours « un mélange de fascination et de peurs archaïques, … en plus de la haine. » En effet le retour du grand plantigrade n'est pas sans conséquence et ses attaques contre les troupeaux provoquent de vives tensions. Les vies parallèles de Gaspard et d'Alma sont mêlées à l'animal dans une nature vivante et fragile, violente parfois, avec « ses forêts-cathédrales, ses orages théâtraux, le spectacle pyrotechnique de ses éclairs. » « le démontagnage » ne sera pas facile pour ces deux-là. Comment « quitter cet océan d'altitude, cesser de penser brebis pour penser humain ?«

Chaque personnage trouve sa place à tour de rôle dans les chapitres de ce livre dense et fascinant où Jules, le troisième protagoniste, a toute son importance. Né en 1867 dans la maison que Gaspard a achetée, il capture une toute jeune oursonne, l'éduque pour en faire une bête de foire qu'il exhibe jusqu'en Amérique. L'histoire du saltimbanque Jules, dont l'ourse pathétique est l'antithèse de notre ourse indomptable (et contemporaine), retentit intensément avec le présent.

Le roman de Clara Arnaud, exigeant et fort riche, distille un suspense très habile. Bien documenté, il livre une foule d'informations sur les ursidés, sur les métiers de berger, d'éthologue, de montreur d'ours et surtout sur les grands espaces montagnards. le livre chante les beautés d'une nature broyant parfois des destins, et incitant toujours à l'humilité.

Depuis un certain temps dans les Pyrénées, la colère gronde, l'incompréhension règne et la peur petit à petit s'installe. Et pour cause, les ours sont de retour dans les montagnes, causant l'an passé un terrible accident qui a causé la mort d'une bergère et de quelques brebis.
Lorsque débute ce roman, l'heure de l'estive est arrivée. Gaspard, berger qui a roulé sa bosse dans ces montagnes, espère que rien ne viendra déranger son troupeau cet été. Mais parmi ceux qui l'entourent, la colère et les fusils ont pris le dessus sur la raison et le pardon.
Alma jeune ethnologue expérimentée et passionnée, doit proposer un projet pour que les habitants et les bergers soient plus tranquille en compagnie des ours revenus dans la région. Pour cela, elle souhaite mettre en place le "Programme Ours" qui devrait leur permettre de suivre ces animaux, de comprendre leurs comportements, leurs habitudes et mieux anticiper d'éventuelles attaques. Mais son obsession pour l'ourse qui rôde entre les arbres ne l'aide pas à se faire une place parmi les villageois. Mais pourra-t-elle vraiment protéger l'ourse ?

Bien des années avant ces événements, au même endroit, Jules jeune innocent qui a pour rêve de devenir célèbre en Amérique, capture une jeune ourse de sa tanière et met toute son énergie et ses espoirs dans ses entraînements. Lui et son ourse seront riches, connus dans le monde entier. Mais il y a une certaine limite à ce qu'une ourse peut subir, même lorsque cela vient de celui qui a pris soin d'elle toute sa vie...

Trois destins humains, un animal qui a déjà subi des sévices pendant des siècles et une terre, les Pyrénées et ses beaux reliefs. Car même si les hommes pensent être plus intelligents, l'ourse plus forte, rien ne peut se mesurer à la dureté brute de la montagne, véritable puissance incontestée.

Un roman magnifique.

La Montagne est le domaine, et l'Ours en est le Roi.
Sans doute vit-on avec les bergers, les « ermites », les familles, les partisans et opposants de l'ours réintroduit. Des drames, au passé, au présent, restons-en aux fêtes . - pour l'instant.
le récit est passionnant. Il joue sur plusieurs fils. de la conception ancienne d'un aventurier montreur d'ours et parcourant les Amériques, jusqu'aux descendants et nouveaux arrivants, et même les éthologues, tous passionnés par un animal dont on saura tout, ou presque.
Des indices prémonitoires ou des rappels à petites doses nourrissent l'impatience du lecteur, avide de savoir la suite des épisodes ou la solution à différentes énigmes, avec des effets d' échos dus aux divers narrateurs.
L'autrice y prend goût, jouant du temps des verbes, des précisions multiples, au risque de quelques longueurs. Mais le temps de la montagne, cyclique, n'est point celui des villes.
En tout cas cette lecture était une belle exploration.

Rien que le titre qui est issu d'un poème Arménien, mérite de se poser quelques heures sur ce livre!!
Clara Arnaud nous conte avec une connaissance de la montagne pyrénéenne et surtout le monde des vivants qui peuplent une vallée retirée, la vie d'une chercheuse éthologue spécialiste des ours, en confrontation avec des éleveurs qui ne voient l'animal que comme un ennemi.
Dans ce roman l'ours, ou plutôt l'Ourse est le principal personnage.
Nous la voyons progresser cette ourse vue de la défenseuse de la réintroduction de l'Ours mais aussi vue d'un berger qui monte aux estives avec 840 brebis. Lui est aussi un partisan de la vie commune là haut dans la montagne mais lors de la saison passée, l'Ourse avait généré indirectement un désastre. Il remonte donc sur l'estive avec ce passé mais aussi avec deux visions différentes des 4 éleveurs qui le paient pour ce travail.
Et en parallèle de ces deux récits, il y a un récit d'un dresseur d'ours du 19ème siècle, issu de cette même vallée qui veut aller faire fortune avec son Ourse sur les chemins du monde.
Clara Arnaud s'est surement très documentée sur la vie dans ces vallées car c'est avec justesse et avec une écriture très simple que nous comprenons comment la vie animale , la vie sauvage peut et doit cohabiter avec le monde moderne actuel. Que sans cette vie sauvage, notre monde ne serait qu'un écran plat sans émotions.
Nous plongeons avec délicatesse dans ces villages, hameaux, estives et c'est un peur bonheur de partager ce roman.

« Et vous passerez comme des vents fous » est un superbe roman choral sur deux espaces temps qui s'entremêlent :
Jules qui après avoir dérobé un ourson au fond d'une tanière, devient montreur d'ours à la fin du 19eme siècle pour quitter son village des Pyrénées, sa condition sociale et parcourir le monde.
De nos jours, Gaspard, le berger partant en estive avec près de 800 brebis et Alma l'ethologue, qui voue sa vie à l'observation des ours tantôt admirés par les uns tantôt craints et redoutés par les autres.
Ces trois destins s'entrecroisent au sein des estives pyrénéennes.
Mais ce Roman est traversé par un autre « personnage » un autre « héros » : la nature profonde des montagnes pyrénéennes et ses ours tantôt victimes tantôt prédateurs. Antagonisme ou harmonie ?
L'autrice décrit avec profondeur poésie et amour cette nature rude et belle dans laquelle elle nous plonge, nous immerge sur fond d'écologie et des conséquences du réchauffement climatique.
Un roman qui emprunte son titre à un poème de l'arménien Hovhannès CHIRAZ « Eternels nous sommes comme nos montagnes, Et vous passerez comme des vents fous »
J'ai effectué cette lecture dans le cadre d'un masse critique de Babelio que je remercie infiniment pour cette belle découverte ainsi que les éditions Actes Sud.

Nous sommes embarqués dans les paysages des Pyrénées, en estive. On y découvre la cohabitation avec l'ours et toutes ses conséquences !
On apprend également un peu de la vie des Orsalhers au début du XXème siècle via la vie de Jules Piquemal qui a émigré aux États Unis avec son ours.
Un beau roman, instructif et joliment écrit.

Ce livre est un recueil de trois histoires, présentées en chapitres alternés, et qui verront leurs récits se rejoindre :
celle de Jules qui , à la fin du XIXème siècle, va chercher un ourson dans une tanière pendant que la mère est partie s'alimenter, il veut devenir montreur d'ours en Amérique,
celle de Gaspard, de nos jours berger dans les Pyrénées après avoir fait des études à Paris, et dont on comprend qu'il va avoir du mal à remonter en estive à cause d'un grave accident l'été passé,
et enfin celle d'Alma, actuellement éthologue au CNB, Centre National de la Biodiversité, spécialiste du comportement des ours, qui essaie de prévoir et les agissements des animaux, et ceux des humains...
Dès le début le problème est posé : comment concilier le passé, quand les animaux étaient à la disposition des humains qui pouvaient en faire ce qu'ils voulaient, même s'il fallait être courageux pour affronter les grands prédateurs, et le présent où les anti-ours ne veulent pas revenir à une époque ancienne et voir leurs brebis attaquées, mangées, apeurées.
L'écriture est très belle, à la fois précise, poétique, évocatrice et le propos, scientifiquement juste, explique avec netteté les enjeux ; tout est très bien analysé, approfondi et l'autrice réussit le tour de force de se mettre dans la peau de chacun des protagonistes, de façon à ce que la lectrice ou le lecteur comprenne bien, à travers ce roman, que tout n'est pas blanc ou noir. Pour trouver une solution, un vivre ensemble stable, contenter et les éleveurs et les naturalistes sur du long terme, il faut trouver de nouvelles façons de voir les choses, ne pas laisser la situation s'enkyster...
Alors, sur fond de paysages magnifiques transformés par le changement climatique, la hausse des températures et l'assèchement des terrains, entre les soucis personnels, la peur toujours présente et les collègues compliqués, Alma va beaucoup travailler pour empiler le maximum de données sur la grande ourse qui rôde, la Negra, et Gaspard va essayer de sauver ses bêtes et de se sauver lui-même.
Très beau livre, qui immerge la lectrice, le lecteur, dans la vie des montagnes et dont on se souvient longtemps...
Extrait p 47 : " ... malgré les tensions que sa présence cristallisait, Alma ne pouvait s'empêcher d'être fascinée par cette ourse magnifique, immense, qui semblait toujours avoir un coup d'avance sur les humains, mettant à mal leur volonté de contrôle. Et chaque fois qu'elle arpentait la montagne, une pensée inavouable au comptoir du café lui venait : cette ourse était une reine, elle aimait l'idée de vivre sous son règne."
Lien : https://www.les2bouquineuses..

Il a bien fallu redescendre. Il a bien fallu glisser mes pas dans ceux des brebis et suivre docilement Gaspard, les deux chiennes et les patous champions du monde de gardiennage, le vieux Jean sans sa vieille jument restée là-haut, suivre le chemin vers les maisons, les hommes qui y habitent. Il a bien fallu laisser derrière soi l'estive et les crêtes, le vert et le bleu, la roche, les arbres, le soleil et les orages de l'été pyrénéen, la quiétude qui grandit, l'angoisse qui étreint, la vie et la mort au coude à coude. Et puis l'ours. Les ourses pour être exacte. Celle de Jules, cet homme d'il y a longtemps, arrachée par lui à sa tanière, à sa mère, à sa vie de bête pour être dressée, montrée, promenée à travers le monde et les villes, nourrie aux mêmes gamelles, aux mêmes pintes, aux mêmes applaudissements que son alter ego sur deux pattes, et celle d'aujourd'hui, venue de loin pour réparer l'absence créée de toute pièce par les abus des hommes. C'est elle qui est au centre de l'intérêt comme des préoccupations de chacun sur cette montagne où l'été se partage, dans la douleur parfois. C'est une histoire qui remue, qui questionne, qui fait bouger les lignes. Un récit où la plume sait se faire précise dans ses analyses et ses références mais aussi discrète et humble, s'effaçant derrière la beauté décrite, le doute, la peur ou la douleur exprimés. le magnifique roman de Clara Arnaud est passé dans mon âme comme un vent frais et fou, ravivant le souvenir de paysages à couper le souffle, traversés lors de vadrouilles estivales, entre soleil et brouillard, quelque part, tout là-haut, au milieu des troupeaux régnant sur les hauteurs, balayant les idées reçues sur la manière dont se partagent certitudes et convictions autour de la part de sauvagerie à respecter dans le monde et en soi.
« On fait au mieux mais il y aura toujours des pertes—les bactéries, les chiens, l'orage : chacun se sert. Cette brebis-là, c'est la part de l'ours »

Lien : https://magali.bertrand@neuf..

Ce livre a été pour moi, magnifique et douloureux.

J'ai été touchée par les personnages d'Alma éprise de l'ourse qui cherche à se fondre dans sa nature, par son besoin de vide et de tendresse, et de Gaspard, ce jeune berger qui trouve dans la grandeur des Pyrénées un souffle à sa vie, un lieu de ressourcement vital malgré la violence qui habite parfois les hauteurs.

Ce roman est aussi le récit des conflits entre nature et éleveurs, entre écolo qui poussent au retour de bêtes sauvages pour rétablir un écosystème et éleveurs qui cherchent à survivre en laissant leurs bêtes, leurs amies, périr. Un conflit réel qui anime beaucoup de coins de la France.

On trouve aussi beaucoup de beauté, de douceur, d'amour malgré certaines éruptions de violence. Certains passages m'ont grandement touchée. le ferrage, la chute des brebis, la mort.

Mais j'ai été complètement envoûtée par le récit du berger, ces moments durs en montagne soutenus par ces sous-couches de lien à l'animal, Luna, à ses filles, à la beauté pure de la montagne.

C'est vraiment une ode à la nature, au sauvage.

J'ai pris un plaisir fou à lire ce livre malgré les aigreurs et les passages de tristesse.

➕ Recommandation de lecture en lien avec ce livre :

📚 Les mangeurs de nuit de Marie Charrel @editionsdelobservatoire