Symphonie naturaliste
Direction le Couserans ariégeois, dans les Pyrénées centrales, le temps d'une estive, entre le printemps et l'automne : 840 brebis, une ourse, des bergers et des experts scientifiques chargés de la cohabitation hommes/ours.
Côté bergers, Gaspard monte pour la 4e fois, hanté par les attaques de l'ourse et le drame survenu l'année précédente où Ilia, une autre bergère, a trouvé la mort.
Côté biologistes, Alma, nouvelle éthologue du CNB (Centre National de la biodiversité), étudie le comportement des ours, en s'appuyant sur la biologie, la psychologie et la sociologie de l'animal.e dans son milieu naturel.
Alors qu'Alma consacre ses jours et ses nuits au suivi scientifique du plantigrade, Gaspard veille et soigne ses 840 ovins dispersés en pleine montagne.
Mais les nouvelles attaques de l'ourse rebattent les cartes. le travail et la vie d'Alma comme ceux de Gaspard sont bouleversés. Gaspard fait face à l'ourse. Et Alma affronte ses supérieurs et leurs directives. Car le CNB doit apaiser la fureur des montagnards.
La peur aura-t-elle la loi ? L'ourse imposera-t-elle sa présence ? Ou bien les hommes auront-ils le dernier mot ?
À cette confrontation présente, Clara Arnaud met en miroir l'histoire de Jules Piquemal, très jeune montagnard né en 1867 dans ces montagnes pyrénéennes, qui capture brutalement une oursonne puis la dresse sans ménagement pour devenir montreur d'ours et faire carrière aux Amériques. Curieux tandem dominant-dominé où le soin marche avec la négligence, où la fascination côtoie la peur, où le sauvage affleure d'un côté comme de l'autre, et finalement où la souffrance va de paire, homme et animal, compris comme deux espèces au sein du Vivant.
Si ce chassé-croisé entre 3 personnages et 2 époques permet de démontrer que l'ours partage la vie des hommes depuis la nuit des temps, Clara Arnaud nous invite à comprendre que la place de l'homme dans la nature n'est qu'une place parmi d'autres. Elle nous démontre aussi que la souffrance est une réalité du Vivant, du biotope, de la biodiversité, inhérents et indissociables de notre monde.
Il y a quelque chose de "l'hypothèse Gaia", d'un super-organisme, d'une entité, un méga-écosystème vivant qui nous relie tous.
Dans ce roman naturaliste
Et vous passerez comme des vents fous, Clara Arnaud voyage entre
Emile Zola - "J'écris avec de la terre et de la sueur"- et
Sylvain Tesson : "Chez elle, l'envie de partir n'est jamais loin".