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Citations sur La proie (16)

- Esclavage ?
- Le mot te choque ? Tu as perçu un salaire pour ce que tu as fait chez eux ? Privée de liberté, de papiers, mise à leur service jour et nuit. Tu appellerais ça comment ?
- Il y en a d’autres alors… des cas comme moi ?
- Oui. Sans doute beaucoup, et ça n’intéresse pas grand monde. On est dans le pays des Droits de l’Homme, circulez, y’a rien à voir.
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Se souvenir, à tout prix. Modeler dans sa mémoire un jour de la semaine par année, entre huit et douze ans. Elle se concentre dessus chaque soir, entre la toilette d’Elisabeth et le retour des adultes. Elle fouille chaque moment, en extrait la saveur, les parfums qui lui sont attachés, s’offre un voyage quotidien dans son pays natal.
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Ne cherche pas ailleurs ce que tu peux trouver ici.
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- Tu as passé une bonne journée?
Anthéa se force à rester calme, tente de maîtriser les battements de son coeur dans la cage de sa poitrine. Sa voix tremble tout de même.
- Vous ne m'avez pas laissé de clé. Je n'ai pas pu sortir.
Christine tourne son visage vers elle, arborant un air de surprise assez convaincant. Assez seulement.
- Mais Anthéa, on ne peut pas te laisser comme ça te balader en ville toute la journée. On a une responsabilité vis-à-vis de tes parents, ma belle. Tu es assez grande pour le comprendre.
- Je suis capable de faire attention à moi. Je ne suis plus une petite fille.
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«Tu cours. La ville est déserte. Tu ne reconnais rien des immeubles, de leur silhouette dans la nuit. Le chemin devant toi est éclairé par la lune. Tu sais ce qui te poursuit, sans pouvoir lui associer un nom, un visage. Une force, un homme peut-être. Il veut te faire taire, parce que tu connais un secret gênant ; c’est un secret qui t’oblige à fuir. À droite, soudain, tu aperçois un lieu-qui revient souvent dans tes rêves alors que tu ne le connais pas : des monticules de terre à flanc de colline, une terre dure comme celle des pistes en saison sèche. Il y a des baraquements en bois en partie détruits.
Là, tu retrouves des gens qui se cachent, et ne peuvent rien pour te protéger. Ton poursuivant est comme une menace qui emplit l’air, un énorme nuage d’orage qui assombrit tout.
Cette fois, tu ne te réveilles pas en entendant les aboiements des chiens qu’il traîne avec lui. Tu t’enfonce dans la roche, sous la terre, parce que tu sais qu’à cet endroit, la spirale du réveil t’empiète dans son tourbillon. Mais c’est dangereux : une fois sur deux, ce n’est pas un vrai réveil.
Comme cette fois où tu t’es retrouvée dans ton lit, croyant que c’était fini. Tu n’as pas voulu allumer la lumière pour ne pas réveiller Élisabeth, alors tu as pris ton téléphone à carte, qui a une petite lumière. Et quand tu as promené la lueur autour de ton lit...
Stéphane était là. Tout près, souriant.
- Je t’ai fait peur ? Je fais attention à ne pas faire de bruit, pour ne pas te réveiller. Rendors-toi. Je veille sur toi.
Derrière lui, il y avait quelque chose qui grognait sans qu’on entende rien, juste derrière, comme si les chiens étaient arrivés jusqu’à la réalité. Tu voulais le prévenir mais tu ne pouvais pas parler, le grondement enflait et il ne l’entendait pas, souriait toujours, un sourire à présent figé comme la poupée offerte à Élisabeth.
Tu savais que, quand la lumière du portable s’éteindrait, les chiens allaient se jeter sur lui, et ensuite sur toi. »
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Ils n'ont aucune idée, là-bas, de ce qu'elle vit. De toutes ces nuits sans dormir, de la morsure incessante de l'exil. Et maintenant de la peur.
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- « Esclavage ? »
- Le mot te choque ? Tu as perçu un salaire pour ce que tu as fait chez eux ? Privée de liberté, de papiers, mise à leur service jour et nuit. Tu appellerais ça comment ?
- Il y en a d’autres alors…des cas comme moi ?
- Oui. Sans doute beaucoup, et ça n’intéresse pas grand monde. On est dans le pays des Droits de l’Homme, circulez, y’a rien à voir.
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Se souvenir, à tout prix. Modeler dans sa mémoire un jour de la semaine par année, entre huit et douze ans. Elle se concentre dessus chaque soir, entre la toilette d’Elisabeth et le retour des adultes. Elle fouille chaque moment, en extrait la saveur, les parfums qui lui sont attachés, s’offre un voyage quotidien dans son pays natal. C’est à double tranchant, bien sûr, car ensuite le gris de l’appartement, la dureté de ces gens avec qui elle vit, devient plus difficile encore à supporter… mais c’est vital.
Pour tenir, elle tente de se persuader qu’un retour chez elle, à ce stade, serait un échec, une honte pour ses parents aux yeux du village, des autres.
Il faut résister au gris qui recouvre cette famille, espérer un miracle.
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Anthéa reste seule. Elle sent qu’un mauvais sort vient de couper sa vie en deux, comme on tranche un ananas mûr.
Un avant, un après. Un ici, un ailleurs.
Le meilleur, le pire ?
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tu n'es pour rien dans tout cela, tu m'entends? pour rien. Sois sur le qui-vive, saisis ta chance quand elle se présentera. Accroche-toi au souvenir des tiens. Ne les laisse pas gagner. Tu ne seras pas toujours aussi seule et abandonnée.
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