J'ai reçu “
Le portrait” de
Pierre Assouline dans le cadre du swap “Un livre, un peintre” grâce à la gentillesse de Karine. L'idée de départ de ce livre est très originale.
La baronne Betty de Rothschild meurt le 1er septembre 1886 et son esprit passe dans
le portrait que fait d'elle Ingres entre 1844 et 1848. C'est alors
le portrait qui nous parle et nous raconte l'histoire de cette dynastie de banquiers jusqu'en 2007. Les titres des chapitres correspondent aux différentes demeures “habitées” par
le portrait : rue Laffitte, rue Saint-Florentin, au château de Ferrières, au château de Neuschwanstein, au Louvre et à l'Hôtel Lambert. le roman de
Pierre Assouline est extrêmement documenté et nous promène dans l'Histoire de France, l'histoire des Rothschild et l'histoire culturelle.
Betty de Rothschild et son portrait traversent la grande histoire : 1848 qui supprime la Monarchie de Juillet et met en place la deuxième République, la venue au pouvoir de
Napoléon III, la commune de 1871, l'affaire Dreyfus, toutes les révoltes et les changements du XIXème sont évoqués. La première guerre mondiale achève de transformer le monde qu'a connu Betty. “Houle de souvenirs, vase de la mémoire. Un étrange sentiment m'envahit jusqu'à me hanter la nuit, la conviction qu'un monde s'achève et que l'inconnu nous guette. Je le perçois à un signe infime, à une note très personnelle surgie de la coulée des siècles, le souvenir d'une image qui me renvoie au regret d'un instant ; une douce nostalgie m'étreint alors, cette affection si particulière que l'on nomme la fièvre des feuilles mortes.” Avant de connaître enfin un monde de paix,
le portrait de Betty connaîtra l'infamie, la spoliation des biens de la famille Rothschild par les nazis. Famille de collectionneurs, les Rothschild étaient la cible rêvée pour Hitler qui de longue date avait repéré leurs différentes propriétés en France. Fort heureusement,
le portrait de Betty traverse cette période tourmentée pour revenir indemne.
A travers les siècles, se construit la dynastie Rothschild. Betty nous donne toute la généalogie de cette famille ambitieuse. le fondateur était déjà un fils de banquier et il s'appelait Meyer. C'est grâce à une enseigne placée au-dessus du ghetto de Francfort qu'il transforma son nom en baron von Roten Schild puis von Rothschild. Betty épousa son oncle James et tous deux fondèrent la branche française de la famille. Il était préférable de rester entre Rothschild, la confiance et la solidarité allaient alors de soi. Ils établirent un véritable code de conduite pour la pérennité de leurs affaires. “S'il est une valeur, une seule, qu'il (James) voulut transmettre à ses héritiers, c'est bien celle-là, la solidarité au sein d'une famille envisagée comme un réseau. de la dispersion elle a fait un ciment : cinq frères dans cinq capitales associés dans des participations croisées et des décisions collectives. de l'humilité, une règle intangible.” La discrétion fait également partie des qualités nécessaires à un Rothschild. La dynastie a réussi sans fracas ni scandale.
James Rothschild était un immense collectionneur et sa femme tenait un salon réputé. Cela nous permet de croiser de grands artistes comme
Balzac,
Offenbach, Chopin, Heine ou les frères Goncourt. Certains côtoient les Rothschild par amitié, d'autres par ambition. Ingres est bien entendu très présent, Betty nous expliquant par le menu la genèse de son portrait. L'exposition du tableau à notre époque nous permet de croiser d'autres personnalités comme
Henri Cartier-Bresson ou l'immense
Daniel Arasse.
Malgré une écriture fluide et plaisante, j'ai eu du mal à entrer dans le roman de
Pierre Assouline. J'ai trouvé les premières parties laborieuses, les très nombreuses anecdotes m'ont un peu perdue. J'ai préféré l'histoire moderne du tableau, de la seconde guerre mondiale à nos jours. Il reste que l'idée de départ est fort séduisante et qu'au final le voyage dans le temps proposé par
Pierre Assouline n'est pas désagréable.
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