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3,92

sur 62 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A cheval entre biographie et essai, Justine Augier nous plonge dans la destinée assez folle de l'avocate syrienne militante des droits de l'homme .

Elle livre par ceci un vibrant hommage à une une femme que l'auteur jamais rencontrée mais de qui elle se
sent vraiment proche par son combat et les valeurs qu'elle défend.

En décembre2013, en compagnie de son époux et deux amis, Razan Zaitouneh est enlevée dans la banlieue
de Damas.
Depuis, nul ne sait où elle setrouve.

« de l'ardeur » reconstitue son portraitet, à travers elle, le puzzle éclaté de la révolution en Syrie.

En suivant à la trace le parcours l'avocate, comme un puzzle parsemé dont on reconstitue peu à peu les pièces, nous découvrons les horreursde la guerre ainsi que le parcours d'une femme aux convictions forcément formidables .
On salue le travail d'enquête particulièrement minutieux de l'auteur, qui interroge le lecteur sur la notion d'engagement et sonde les idéaux de tout un chacun et qui ne peut laisser indifférent ...
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Prix Renaudot, cet essai revient sur le parcours de Razan Zaitouneh, militante des droits de l'homme, dissidente syrienne enlevée en 2013 ; sans nouvelle depuis, elle est probablement morte.
Justine Augier ne connaissait pas Razan et c'est presque par hasard qu'elle s'est intéressée à elle jusqu'à l'obsession.
Nous croisons de nombreux proches de Razan ; sa soeur aînée, sa petite soeur, Wael son mari, Yahya l'ami non violent, assassiné lui aussi et tant d'autres.
Évidement, l'horreur syrienne des islamistes et de la dictature sanglante de Bachar El Assad est au coeur de l'essai.
Plusieurs extraits du récit de Moustafa Khalil qui fut enfermé dans les geôles syriennes sont cités par Justine Augier ; c'est parfaitement atroce.
L'auteure revient sur l'attaque au gaz sarin d'El Assad contre sont peuple et le désarroi, la détresse de Razan qui réalise qu'il n'y aura aucune interventions internationales malgré les promesse d'Obama.
Il est également très souvent fait référence à Michel Seurat, si proche du peuple syrien et otage au Liban ; références qui ne peuvent pas laisser insensibles les lecteurs de ma génération qui ont vu son visage apparaitre tant de soirs à la fin du journal d'antenne 2.
C'est un essai poignant sur une femme de conviction, courageuse, presque habitée qui a payé cher son engagement et son humanité.
Et puis c'est un immense chagrin, pour ses proches et un peu pour nous lecteurs, que provoque ce vide et cette absence depuis maintenant 8 ans.
Un essai vraiment intéressant.
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Au coeur de la dissidence syrienne.

Razan Zaitouneh a disparu en 2013 dans les environs de Damas, enlevée avec son mari et deux amis. Depuis, ne restent que le silence et les supputations pour une action de groupe islamiste rebelle au régime de Bachar el-Assad.

Justine Augier reconstitue méticuleusement une biographie de cette jeune icône de l'opposition syrienne, par les témoignages que ceux qui l'ont connue ou croisée, par son impressionnant travail d'avocate et de militante des droits de l'homme. On y découvre une figure de femme implacable dans son combat, travailleuse acharnée, idéaliste convaincue et tenace. Engagée humanitaire de la première heure aux côtés des opposants, intermédiaire poil à gratter qui dérange autant le régime que les insurgés, elle participe au printemps syrien rapidement muselé, subit la clandestinité, dénonce sans relâche les arrestations arbitraires, les conditions de détention et de torture.

Plus largement, le livre nous dessine en creux la Syrie de Bachar, l'opacité et la violence de fonctionnement du pays, la suspicion systématique envers toute forme de réforme sociétale. C'est une immersion dans la tentative de printemps syrien et son implacable répression, creuset de radicalisation des mouvements d'opposition qui deviendront le fond de recrutements de Daech.

Un document percutant et passionnant. Dommage que l'écriture soit parfois approximative et le texte porteur de coquilles jusqu'à quelques phrases incompréhensibles.


Sélection Document pour le Grand Prix des Lectrices ELLE 2018
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Je remercie les éditions Actes Sud et Elle de m'avoir permis de découvrir ce lire.
« De l'ardeur » ne se laisse pas facilement lire car le sujet abordé et l'écriture de l'auteur demandent de la concentration et un esprit de synthèse pour comprendre les tenants et les aboutissements de l'histoire de cette avocate syrienne. Je n'avais jamais entendu parler de Razan Zaitouneh auparavant et on peut rendre grâce à l'auteur de nous l'avoir fait revivre durant le temps d'un livre, d'avoir évoqué ses combats pour plus de libertés et de justice pour son peuple. Ce qui m'a frappée dans ce portrait c'est la détermination de cette jeune femme, son énergie, l'acharnement qu'il lui a fallu pour rassembler des preuves des exactions du régime du clan Hassad puis ensuite de celles des mouvements islamiques ou des groupes rebelles. Je suis restée admirative devant celle qui jusqu'au bout a écrit inlassablement pour témoigner, dénoncer les injustices, demander enfin que l'opinion internationale agisse pour venir en aide aux Syriens prisonniers d'une guerre civile dont ils ne savaient plus comment en sortir. Dans la dernière année avant son enlèvement, on sent le désespoir qui la frappe et cette impression de se battre contre des moulins devient de plus en plus persistante. Ce qui m'a manqué par contre, et là, ce n'est pas imputable à l'auteur, ce sont des connaissances précises sur le conflit syrien car Justine Augier évoque les différentes phases qui ont amené un peuple à manifester contre un régime autoritaire pour se retrouver quelques années plus tard victimes impuissantes de ce même régime, devenu paraît-il le seul rempart contre l'islamisme radical de Daesh. Alors, certes je suis l'actualité mais ce n'est pas suffisant pour appréhender correctement la complexité de ce conflit. De même, l'écriture est dense, pas facile à suivre d'autant qu'elle introduit dans son récit des témoignages de gens dont on ne connaît pas toujours l'identité et les liens avec Razan. Sans compter qu'il lui arrive aussi de livrer ses propres pensées par rapport à Razan ou par rapport à la Syrie. Le tout donnant un texte compact qui ne vous laisse pas beaucoup de respiration. C'est en tout cas le portrait d'une femme admirable qu'il nous est donné de découvrir et qui, grâce à ce livre, survivra longtemps dans les mémoires.
Lien : https://labibliothequedeneko..
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Depuis 2013, Razan a disparu. Probablement kidnappée. Peut-être morte...

Parce qu'elle a osé s'ériger contre le totalitarisme de l'état syrien qui opprimait les libertés, parce qu'elle est (je ne me résous pas à utiliser le passé) la femme qui s'oppose, qui prend la place que le régime de Bachar El-Assad ne veut pas lui donner, celle qui éveille les consciences, combat la dictature et l'abus au nom des droits de l'homme, qui se range du côté du faible. Parce que c'est une femme et qu'elle est blonde, non voilée, et qu'elle parle.


Ô combien les combats féministes m'épuisent souvent, parce qu'ils me laissent l'impression de se tromper de cible !

Mais comme je comprends celui-ci ! et la fascination qu'a pu exercer Razan sur l'auteur, la subjuguer, à lui donner envie de la "maintenir" en vie au travers de ces pages fortes, parfois dures, qui déroulent les engagements d'une jeune femme hors du commun !

J'ai aimé, j'ai été fascinée. A la fois par ce destin hors du commun, ce combat sans relâche, et par l'écriture de Justine Augier, par ces mots souvent simples mais qui résonnent de tant d'humanité et de sincérité, au travers d'un portrait de ce régime syrien honni, des conflits contre l'obscurantisme, contre la soumission.

Un portrait tout en nuances d'une volontaire pour le bonheur et la liberté.
Un livre indispensable pour se rappeler qu'il faut parfois de petites révoltes pour faire de grandes révolutions !
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Justine Augier nous livre dans cette biographie une enquête minutieuse sur la vie de Razan Zaitouneh, figure de la dissidence syrienne. A partir de témoignages de proches, des écrits de Razan de ce que l'auteure a pu trouver dans la presse ou sur le net, elle reconstitue un portrait tout en nuance de cette activiste et, à travers elle, un portrait de la résistance syrienne à Bachar al-Hassad… Captivant et poignant, un texte glaçant, un texte bouleversant, un texte à lire !
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Roman biographique de Razan Zaitouneh très intéressant.
J'ai totalement découvert le personnage de Razan, véritable militante en Syrie contre le gouvernement de Bachar al Assad et qui la conduira elle et 3 de ses acolytes à être enlevés.
Le roman datant de 2017 et n'étant pas une experte de ce qui se passe en Syrie, une fois le livre reposé, j'ai été vérifié sur internet si on avait depuis des nouvelles de Razan, ce qui n'est finalement pas le cas.
J'ai vraiment aimé la découvrir que ce soit dans le début de son combat jusqu'à la fin, on se rend bien compte de son caractère et surtout de sa force.
Par ailleurs, que ce soit une personne qui n'a pas du tout connu Razan qui nous raconte cette histoire est un véritable point positif, car elle a un regard plus extérieur à tout cela.
C'est une véritable enquête que l'auteur a dû faire pour aboutir à ce roman très détaillé et on comprend que tout cela n'a pas été évident.
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L'auteure : Justine Augier est journaliste et militante humanitaire. Dans cet ouvrage, elle retrace le parcours de Razan Zaitouneh , se penche sur ses écrits, visionne des films, questionne, enquête afin de dresser le portrait de cette militante exceptionnelle. Elle retrace ainsi tout un pan de l'histoire du peuple Syrien, de la répression et des crimes commis par Bachar Al-Assad, de son rôle dans la montée de l'islamisme et du terrorisme, et celui de la Russie de Poutine. Elle évoque le courage du peuple syrien, comptant et enterrant ses morts, recherchant ses disparus, et fuyant les attaques chimiques et les bombardements aériens.
Elle nous fait partager son émotion et sa révolte.
C'est un ouvrage très fort, à la fois émouvant et riche en informations.
On admire le courage de cette avocate et sa force intérieure.
Un reproche : l'absence de références présentant les témoignages.
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Un hommage vibrant à une fervente défenseure des droits de l'homme, a une résistante certainement disparue à jamais dans les méandres de ce conflit sans fin et emplit d'horreur.
Pas de pathos, une juste et nécessaire vérité qui complète plutôt bien les passeurs de livres de Daraya de Delphine Minoui. Pour informer, pour lutter contre l'oubli et la banalisation de la situation Syrienne.
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Pour titre de son dernier essai, récompensé par le prix Renaudot de l'essai 2017, Justine Augier a choisi le plus juste des mots : l'ardeur, cet alliage de feu et de force qui fait tenir les êtres debout. Mais il n'y est pas question d'abstraction, « l'ardeur » résume ici l'engagement d'une femme : celui de Razan Zaitouneh, avocate spécialisée dans les droits politiques et la défense des droits de l'homme dans son pays, la Syrie. Récit puissant et brûlant d'actualité, de l'ardeur nous plonge dans une terre et le conflit qui la déchire, ce conflit dont presque personne ne parle vraiment, face auquel presque personne ne réagit vraiment.

Razan Zaitouneh s'engage dans la lutte contre le régime dans les années 2000 et devient une des figures de la révolution syrienne pendant les premières manifestations du 15 mars 2011. La grande effusion des printemps arabes qui s'est emparée tour à tour de l'Égypte, de la Tunisie et de la Lybie fait s'embraser la Syrie. « le peuple veut la chute du régime » entend-on dans les rues, pouvoir enfin renverser Bachar Al-Assad, beaucoup l'espère, Razan peut-être plus que tous. Malgré l'importance des rassemblements populaires, les rêves des manifestants se voient rapidement détruits : le soulèvement est brutalement réprimé par le régime et depuis lors, Bachar Al-Assad mène une guerre d'une violence sans nom contre son propre peuple.

Devant l'horreur, Razan écrit rapport sur rapport ainsi que de très nombreux articles répertoriant les violations des droits de l'homme commises par le régime. Forcée de vivre dans la clandestinité, elle fait le choix de refuser la sécurité en restant dans son pays malgré les menaces de mort. le 9 décembre 2013, Razan, son mari Waël, ainsi que leurs deux amis Samira et Nazem, dissidents également, sont enlevés dans d'obscures circonstances à Douma, non loin de Damas.

Portée disparue depuis ce jour, Razan ne semblait pas se prêter facilement à l'écriture d'un récit biographique : à sa disparition s'ajoute en effet un manque cruel d'informations sur sa vie et son activité. Pourtant, grâce à son enquête croisant témoignages, récit de faits et extraits d'interviews que cet essai-documentaire retrace, Justine Augier parvient à nous la rendre visible, vivante. C'est que l'importance vitale de l'engagement chez Razan, dont « le sentiment d'injustice ne s'use pas », trouve un écho très puissant chez l'auteure. Tout au long du récit, son obsession l'amène au fur et à mesure à se questionner sur ses propres engagements, au risque de se perdre. On ne sait parfois pas vraiment où se dresse la limite entre réel et fantasme mais puisque l'auteure compose avec les ombres, on comprend que le flou autour de Razan soit inévitable.

Il s'agit surtout de reconstituer la force qui se dégage d'elle, de la comprendre. Des questions émergent alors au fil du récit : de quelle matière est-elle constituée, cette femme discrète qui ne cesse de répertorier les exactions du régime ? Elle qui a vu s'écrouler l'espoir en une révolution victorieuse et la communauté internationale lui tourner le dos ? Pourquoi mener cet énorme travail de documentation des atrocités commises quand le monde vous isole ? La réponse de Razan est simple, limpide : Afin que justice soit rendue, plus tard, à l'issue du conflit. Afin de lutter contre l'oubli, que le régime – avec son slogan « Bachar Al-Assad pour l'éternité » – érige en règle pour empêcher le peuple de s'approprier son histoire.

Razan est entièrement dévouée à la compréhension de son pays et de sa société, les secousses qui ébranlent la région la traverse, l'ardeur est là, dans la sincérité. Et dans la foi en la révolution, en une Syrie un jour débarrassée de Bachar al Assad, de son régime de la terreur et du crime institutionnalisé. Avec l'enquête de Justine Augier, c'est la Syrie actuelle qui se dessine en même temps que la silhouette de l'absente, cette Syrie en ruines, où la guerre trace des méandres épais à laquelle l'avocate est liée, intrinsèquement et sans compromis.

Brûlant et nécessaire, ce récit l'est sans aucun doute puisqu'il permet la prise de conscience. Razan nous montre que face à l'horreur ne vaut qu'une seule solution : l'ardeur de l'engagement, celle qui tient debout. Comme elle, nous devons tâcher de comprendre les atrocités pour lutter et défendre une certaine idée de la justice. Avec désormais un peu de ses convictions, de ses idéaux et de sa force à l'esprit.
Lien : https://mastereditionstrasbo..
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