Pourtant nul artiste mieux que Puget ne pouvait, dans le moment, répondre aux intentions nourries par le ministre. Celui-ci, en effet, n'avait alors de plus grand souci que d’enlever à l’Angleterre et à la Hollande, qui elles-mêmes se le disputaient, l’empire de la mer. Depuis quelques années, les entreprises de plus en plus hardies des corsaires en Méditerranée, nécessitaient à chaque instant l’envoi sur les côtes barbaresques de flottilles armées.
La direction de tout le travail de l’arsenal lui incombait. Avant d’être approuvés, les dessins passaient par ses mains. Un vaisseau à dédier à la reine était en projet. Levray avait dû en avertir le jeune Pierre et l’engager à exercer sur ce thème son imagination déjà souple et verveuse. Accueillie de l’intendant avec faveur, la composition du débutant avait aussi reçu l’assentiment ministériel, et c’est ainsi, peut-on croire, que, du premier coup, Puget s’était mis en valeur.