( Yoga de dieu )
« J’appelle dieu le principe neutre suprême et indivisible «
Tu as droit à l’action, mais seulement à l’action, et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile ; et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l’inaction.
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Les corps limités ont une fin, mais ce qui possède et emploie le corps est infini, illimitable, éternel, indestructible. Ainsi donc, ô Bhârata, lutte !
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Celui qui n’a ni égoïsme, ni sens de « moi » et de « mien », qui a pitié et amitié pour tous les êtres et n’a de haine pour nulle chose vivante, qui a dans le plaisir et la peine une égalité tranquille, qui a patience et miséricorde, celui qui a un contentement sans désir, la maîtrise constante du moi et la volonté et la résolution fermes et inébranlables du yogin, et un amour et une dévotion qui M’abandonnent tout le mental et toute la raison, celui-là M’est cher (...) égal envers l’ami et l’ennemi, égal dans l’honneur et l’insulte, le plaisir et la peine, la louange et le blâme, l’affliction et le bonheur, le chaud et le froid (tout ce qui affecte d’émotions contraires la nature ordinaire), silencieux, content et satisfait de toute chose et de chaque chose, non attaché ni à un être, ni à une chose, un lieu, un foyer, ferme en son esprit (parce qu’il est établi avec constance dans le plus haut Moi et fixé à jamais sur l’unique objet divin de son amour et de son adoration), cet homme M’est cher. (XII, 13-14 & 18-19)
L’adoration du divin, du deux-fois-né, du guide spirituel, du sage, la propreté, la rectitude morale, la pureté sexuelle, l’absence de meurtre et de violence à l’égard d’autrui – telle est l’ascèse du corps.
Un langage qui ne cause point de trouble à autrui, vrai, bienveillant et bienfaisant, l’étude de l’Écriture – telle est l’ascèse de la parole.
– Une joie claire et calme du mental, la douceur, le silence, la maîtrise de soi, l’entière purification du tempérament – telle est l’ascèse du mental.
Cette triple ascèse, pratiquée dans une foi suprêmement éclairée, sans désir pour son fruit, devenue harmonieuse, on la dit sattvique.
L’ascèse qui est entreprise pour obtenir des hommes honneur et adoration, par désir de gloire extérieure et de grandeur, et par ostentation, on la dit rajasique, instable et éphémère.
L’ascèse qu’on pratique dans un esprit brumeux et abusé, en s’imposant à soi-même effort et souffrance, ou encore en concentrant son énergie en la volonté de blesser autrui, celle-là est dite tamasique.
Donner de manière sattvique, c’est donner pour l’amour de donner et de faire du bien, et à qui ne donne rien en retour ; c’est donner dans de justes conditions de temps et de lieu et au juste bénéficiaire (celui qui en est digne, ou que le don peut réellement aider).
Donner de manière rajasique, c’est donner à regret, ou en se faisant violence, ou dans un but personnel et égoïste, ou dans l’espoir de quelque récompense.
– Le don tamasique est offert sans considération des conditions justes de temps, de lieu et d’objet ; il est offert sans souci des sentiments de celui qui le reçoit, et qui le méprise dans le temps même qu’il l’accepte. (XVII, 14-22)
Chacun doit préférer suivre sa propre loi d'action, même imparfaite, plutôt que la loi d'autrui, même bien appliquée. On ne fait jamais le mal quand on agit selon la loi de sa propre nature.
La faiblesse du cœur humain ne désire que des vérités agréables et réconfortantes, ou, à défaut, des fables aimables ; elle ne veut pas de la vérité intégrale où tant de choses ne sont ni claires ni plaisantes ni confortables, mais dures à comprendre et plus dures à supporter.
Ce qui conserve toujours son entière valeur, c’est ce qui est universel et qui en outre a été éprouvé, vécu et vu avec une vision plus haute que la vision intellectuelle.
Un esprit méditatif tourné vers la solitude et qui s'écarte du vain bruit des foules et des assemblées des hommes, une perception philosophique du vrai sens et des vastes principes de l'existence, une tranquille continuité de connaissance et de lumière intérieures spirituelles, le yoga d'une dévotion sans défaillance, l'amour de Dieu, l'adoration constante et profonde de la Présence universelle et éternelle — telle est déclarée la connaissance ; tout ce qui est opposé à cela est ignorance.
Les jouissances nées du contact des choses sont des causes de chagrin, elles ont un commencement et une fin ; c’est pourquoi le sage, l’homme d’entendement éveillé, ne place pas en elle ses délices.