Relever un défi, pour le plaisir et par amour. C'est ainsi que m'apparaît ce roman. Elle,
Pauline Réage -gardons ce nom- va le faire, écrire un roman érotique pour offrir à
Paulhan un texte qui le surprendra, pour l'étonner, le saisir avec cette lettre d'amour à destination de son amant. J'ai vu dans un reportage cette femme âgée, en retenue, les yeux humides, imposant des silences, des mots escamotés par un débordement de sentiments qui étouffait la parole alors qu'elle était questionnée sur
Paulhan et j'ai été émue aux larmes moi aussi. Que d'amour !
A ma manière je voulais rendre un tout petit peu de tout cet amour qui déchirait l'écran, cet amour qui lui a permis d'écrire ce roman qui ne laisse personne indifférent. Et je persiste, Sir Stephen n'a jamais aimé O ! ^^
Elle s'assied devant son ordinateur. Comment commencer ? Cela paraissait si simple en revenant dans la voiture après son travail. L'ossature de ce qu'elle voulait dire, elle l'avait pourtant. Mais voilà ! les idées se mélangent, d'autres font leur apparition. Tout devient confus. Un plan, des idées, les noter, s'y accrocher :
- l'animalerie
- la peur
- le moment opportun pour lui poser des questions, sur elle, sur lui, sur leur relation
- il en parlerait
- parlerait-il encore ?
Il l'a rattrape in extremis. A chaque fois ou elle se dit que cela s'arrête, il la rattrape. Elle en arrive à se demander s'il ne le fait pas exprès. La laisser attendre... ne plus attendre.... pour finalement la relancer dans ce périple. Elle doit avoir une partie en elle qui le sait, qui y croit. Elle aurait arrêté cette pilule. Elle n'est pas logique. Oh certes non, elle ne l'est pas!
- allez je l'écris, le collier ! le détesté collier, le moment qu'elle avait craint est arrivé. Elle en avait parlé de ce moment, déjà. A mots couverts, par mail, en demandant ce que serait la prochaine étape, voilà des mois déjà. Elle attendait sa décision. Et puis, il voulait du calme..Il n'avait pas répondu
- Les non réponses, ça aussi mériterait un paragraphe
Elle avait appris à ne pas demander, à ne plus demander.
Était-elle heureuse ? Les femmes qu'elles rencontrent lui disent qu'elles la sentent malheureuse. Quand elle se questionne de savoir pourquoi elles lui parlent ? "Pour que vous ne sombriez pas" Oui, les autres dans leurs réponses lui font un effet miroir, elle pleure alors. Elle pleure car, hors de sa présence physique, elle souffre, elle doute. Il lui fait mal aussi parfois. Ses mots peuvent être plus efficaces qu'une chimiothérapie, elle se vomissait elle-même certains soirs. Et pourtant les femmes qu'elle rencontre, c'est Lui. Lui qui les lui apporte. Pour l'aider. Une main invisible, il cherche à l'aider dans cette quête. Elle le sent, le ressent, derrière les messages de ces soumises. Il l'aide par personne interposée. A chaque fois qu'il crante leur relation d'un degré supérieur, il est là, invisible mais si présent aux moments les plus difficiles. Mais saura-t-il être encore là, Lui-même, pour la prochaine marche ?
Mais revenons au collier. Il l'oriente, depuis le début. Elle le sait maintenant. Dès lors, il lui faut se demander si elle en a envie. Et si tout n'était qu'une fiction, sous-tendue par son seul plaisir d'écrire un scénario avec cette femme aux idées si malléables ? Il lui a dit et redit qu'il n'y avait pas de place dans sa tête pour qui que ce soit. Elle le croit à présent. Elle se connait aussi, et sait qu'elle aura des difficultés à revenir en arrière si elle dit oui. Soit-dit en passant, elle n'arrive plus à coucher à présent avec d'autres, alors..le principe d'engagement. En même temps une fois caractérisé il devient conscient, elle pourra batailler, mais cela demandera une dépense d'énergie. Elle se sent si épuisée. En outre, pourra-t-elle faire tout ce qui Lui passera par la tête. Et elle craint Ses idées. Elles a tellement lu... il est des choses si humiliantes ou douloureuses. Quel plaisir ? pour Lui ? pour Elle ?
Autre question, fondamentale ! Elle aime se donner à lui, mais en sera-t-il de même lorsqu'elle aura perdu sa liberté ? Qu'elle devra se livrer à la demande ? Allongée sur son canapé, il dessinait de sa langue sa vulve. Elle n'avait qu'une pensée : je suis à toi, je t'appartiens. C'était si bon...et si..violent dans sa tête.
Alors qu'elle était chez un grainetier, un jour elle fit un détour par le rayon animalerie. Elle ne pu toucher les colliers. Son dos s'emplit de honte et de peur. Elle se crispa, regarda de plus près ceux des chats.. plus petits, plus élégants. Ou en était-elle arrivée ? Elle sortit rapidement. Elle ne pouvait pas.
Et voici qu'aujourd'hui, il lui dit d'aller l'acheter. Non, cela est impossible. Et seule ! Il ne l'accompagnerait pas. Elle se sentirait en fait toujours seule. Collier ou pas. La tristesse l'envahit. Elle aimerait se caresser, chasser cette part d'ombre. Mais elle a peur. Il demande beaucoup. Elle a donné. Il demande encore. Non. Elle n'irait jamais seule. Il lui demande de faire une partie du trajet seule. La plus difficile ? Même pas sûr ! Certes elle sait que cela fait partie du jeu. Qu'Il marque sa domination par cette demande. Qu'il l'humilie... preuve de sa domination
Être humiliée alors qu'on donne sa liberté. Elle n'ira pas l'acheter. Elle fait une pause, se relit. Va aux toilettes. Sa culotte marque ce soir une trace rouge. Rien durant la journée. Cela n'a donc rien à voir avec son sexe si ancré en moi. Mes yeux son secs, mon vagin pleure une larme de sang pendant que j'écris. Mon sexe. Mon sexe me dit que ce courriel est fort et il en tremble. Je ne sais pas si j'aurais un jour un message de Lui. S'il saura prendre la relève pour porter en moi cette confiance qui me transcende. Oui épouse moi, tu me l'as demandé. Cela avait sens. Je ne puis faire ce pas seule.